Qui se cache derrière les « voyants » et « médiums » qui consultent en ligne sur certains sites… Notre journaliste Rebellissime mène l’enquête, recrutée, en immersion ! 

L’expérience avec le marabout est terminée. On abandonne les poulets entiers et crus au profit des boules de cristal et des cartes de tarologie. Laissez place à Savana la voyante. Je plaisante, en vrai c’est moi et je n’ai aucun talent médiumnique ! J’avais juste envie de voir à quoi ressemblait un recrutement et à qui j’avais affaire.

Une voyante pas comme les autres

Je postule dans deux salons de voyance. L’un est un tchat low-cost (Espoir Voyance), l’autre, Viversum, est une plateforme téléphonique où les professionnels fixent eux-mêmes leurs tarifs.

Espoir Voyance

Sur Espoir Voyance, il y a une charte et ce, malgré le fait que les prix soient très bas. Les voyants n’ont pas le droit de faire des prédictions négatives ou à connotation médicale. Aucune vérification sur vos dons potentiels : vous êtes jeté dans le grand bain sans préparation préalable. En fait, vous effectuez une permanence sur le tchat et incitez les clients à passer en consultation payante. Eux, passent leur temps à essayer de vous soutirer une consultation gratuite ou une prédiction entre deux portes. Je dirais que c’est de bonne guerre.

Qui sont les clients ?

La plupart des clients sont des personnes qui vivent une certaine misère sociale ou du moins, souffrent de solitude. Femmes battues, célibataires endurcis, jeunes hommes peu sûrs d’eux, femmes en recherche d’emploi ou quittées par leurs maris qui espèrent leur retour, les profils sont assez hétéroclites. Plus surprenant, j’ai aussi rencontré une personne qui se dit psychanalyste…

Léa et son besoin de réassurance

La rencontre la plus notable est celle de Léa (le prénom a été modifié). Elle vit une relation toxique avec un homme qui la maltraite, et sans préavis, part sans lui donner signe de vie. Et cette femme attend son retour, jour après jour. Et elle appelle la voyante pour savoir si oui ou non il va revenir et raconter les dernières maltraitances qu’elle subies. Pas de prédictions négatives nous avons dit… Il ne reste donc plus qu’une seule réponse : « oui, bien sûr qu’il va revenir ! »

Et Léa attend, patiemment, le retour de son copain. Tous les jours, elle recharge ses crédits de voyance. J’ai tenté de lui donner des conseils pragmatiques : des associations d’aide pour la violence conjugale, des idées pour le quitter. Ce n’est pas ce qu’elle est venue chercher. Elle dévie systématiquement la conversation et l’oriente pour que je prononce les mots qui la rassurent : Oui, il reviendra. Le reste importe peu.

Serge, le célibataire endurci qui demande à la voyante de lui trouver une femme

Il y a aussi Serge, le canadien, empêtré dans une dépression profonde, beaucoup de nostalgie, et qui n’a jamais été en couple de sa vie. Il voudrait savoir quand sa future femme va arriver. Alors même qu’il ne sort pas de chez lui et consacre son budget à la voyance en ligne… Pas difficile pour la voyante de « voir » cette femme dont il rêve. Et de lui en parler pendant de longues minutes… ou heures. J’ai bien tenté de lui suggérer des activités, des sorties, des idées pour rencontrer des gens. Il refuse tout en bloc et ne jure que par Espoir Voyance.

Certains clients veulent une communication avec des personnes décédées.

Ces rencontres me font comprendre que la voyance et le maraboutisme sont pour plus de 98% des voyants, un business qui surfe sur la vague de la solitude et de la détresse humaine. Cette vague est pour autant très lucrative, ce qui donne des idées (et des dons !) à certains.

Coût de l’expérience : 0€

Dangerosité : +++

Viversum

Viversum est plus pernicieux sur le plan économique. En fait, le recruteur vous explique que la carte bancaire du client était reliée au compte bancaire de la plateforme de voyance. L’argent est débité en temps réel, tout au long de l’appel téléphonique. Un système super piégeux dans lequel je ne m’infiltrerai pas trop loin.

Fonctionnement de la plateforme

Ici, le voyant fixe ses prix, aucune connaissance n’est requise. Il donne son numéro de téléphone mais cette fois, ce n’est pas lui qui démarche, mais le client qui l’appelle. Chacun se débrouille ensuite pour que la conversation dure le plus longtemps possible.

Ce qui m’inquiète en tant que fausse voyante

Cette fois, aucune charte ne vous recommande de ne pas faire de prédictions de nature médicale ou négative. Les voyants ont le champ libre et peuvent raconter absolument ce qu’ils veulent à leurs clients.

Ici, la plateforme ne contrôle rien du tout, au contraire d’Espoir Voyance qui contrôle l’essentiel des échanges. Certes, cette surveillance est surtout destinée à vérifier que les voyants ne partent pas avec les clients, mais le modérateur surveille tout de même les propos tenus.

J’y suis rentrée sans aucun talent de voyance : à peine des bases de psychologie. Le recrutement consiste en des questions. Les recruteurs veulent voir ce que vous répondriez dans telle ou telle situation. C’est de la manipulation mais en aucun cas de la voyance à proprement parler.

Coût de l’expérience : 0€

Dangerosité : ++++

QUID de la tarologie

Au cours de notre enquête, nous avons été alertés au sujet de la tarologie. Gardez à l’esprit qu’à moins que le professionnel soit médium, auquel cas les cartes servent de support, il n’est pas possible de faire une tarologie à distance.

En effet, les cartes de tarot s’imprègnent des énergies de la personne qui les tire. Il n’est pas réaliste de penser que les énergies vont se transférer via l’ordinateur ou au téléphone. Les seules énergies qui seront transférées seront celles du prétendu voyant.

Donc n’acceptez pas la tarologie à distance : elle n’a aucune valeur.

Notre conclusion : comment trouver une bonne voyante ?

Cet article semble bien pessimiste. N’y a-t-il pas de vrais bons voyants ? Eh bien si. Mais attention, ils sont rares. Vous pouvez surtout les trouver grâce aux commentaires.

Gare à Google

Méfiez-vous de Google. Le SEA (référencement payant) permet aux entreprises les plus riches d’arriver en première page sans avoir aucune compétence. Mieux vaut sélectionner un professionnel inscrit à l’INAD et surtout, qui ne donne aucun pseudonyme.

Vérifiez l’identité de la voyante consultée

Les voyants qui ont un don assument et n’éprouvent pas le besoin de dissimuler leur identité. Pourquoi les escrocs masquent-ils leur identité ? Tout simplement parce qu’en cas de procédure judiciaire, la police n’a pas forcément le temps et les moyens nécessaires pour retrouver l’identité de l’escroc… À moins bien sûr que l’affaire ne soit trop sérieuse.

On évite les plateformes

Enfin, nous vous recommandons d’éviter les plateformes qui ne sont rien d’autre que des usines à détresse. Leur seul objectif est de vous faire dépenser un maximum d’argent. C’est donc à oublier.

Un indice d’incompétence à donner aux lecteurs ?

Fuyez si le professionnel vous demande votre date de naissance. Premièrement, il est médium. Il n’est pas censé avoir besoin de vous la demander.

Deuxièmement, c’est une technique de profilage bien connue. Les personnes qui se sont formées à la psychologies savent par exemple que tout le monde passe à 40 ans, par une phase de d’épanouissement profond ou par de la détresse et une remise en question. Ce sont souvent ces derniers profils que l’on retrouve chez le voyant.

Fort de cette information, il ne reste plus qu’à indiquer au client qu’un changement va avoir lieu dans sa vie et hop, vous l’accrochez pour 10 minutes supplémentaires…

Youcef Sissaoui, médium et Président de l’Institut National des Arts Divinatoires, nous a donné de nombreuses informations et permis de déterminer comment trouver une bonne voyante. Nous l’en remercions et enchaînons dès demain avec un test sur la communication animale.

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