COVID19 : LES ETUDIANTS A L’EPREUVE DU CONFINEMENT

Les étudiants à l’épreuve du confinement intéressent et interrogent. Qu’ont-ils traversé et ressenti ces étudiants, livrés à eux-mêmes pendant le confinement ? Bilan
Selon une recherche effectuée par le journal quotidien ‘’Le Parisien’’, le nombre des étudiants ingénieurs augmente énormément après le confinement. Tous ces apprenants ont traversé une période très difficile. Faire face à la crise sanitaire, limités dans leur appartement, tout seuls et déconnectés du monde extérieur, n’a pas du tout été agréable à vivre.
Certains ont plutôt bien vécu cette période et en ont profité pour laisser place à la distraction et à la paresse… Pour d’autres, ce fut la pire période de leur vie et de leur cursus académique.
Comment ont-ils vécu ce confinement ?
Quelles sont les difficultés rencontrées et qu’ont-ils retenu de cette expérience ?
Dans le but d’empêcher la propagation du virus, l’Etat Français a pris une décision radicale pour stopper cette pandémie infernale : le confinement. S’ensuit une période très inquiétante durant laquelle les cours ont été suspendus pour les étudiants. Plus personne ne pouvait travailler et l’accès à l’extérieur était interdit.
Le confinement a eu un impact négatif sur les étudiants entre autres :
Nous avons recueilli les propos de quelques étudiants. Ils évoquent ces difficultés.
Wakirath : « Le confinement a été la période la plus difficile de ma vie, entre la solitude, la peur de contracter le virus et l’incertitude concernant l’évolution de mes études. Je devais faire des stages pour compléter mon année scolaire mais je me suis retrouvée toute seule dans mon 9m², je n’avais plus aucune source de revenus et je suis passé par une énorme dépression. J’ai pensé au suicide et si je n’avais mes proches qui étaient là pour me soutenir, j’aurais pu faire l’irréparable. Plusieurs étudiants sont d’ailleurs passés à l’acte. En tant qu’étudiante étrangère, cela a également eu un impact sur le renouvellement de nos titres de séjour et je ne pouvais plus recevoir de l’argent venant de mes parents car les frontières étaient fermées. J’ai donc épuisé toutes mes économies et je n’avais qu’une seule envie : c’était de retourner chez moi parce que mon mental était atteint, je me suis dit que c’était trop dur de vivre à l’extérieur et que je regrettais d’être venue. Le fait d’être limitée et enfermée dans un espace restreint me rendait folle ! »
Elvice : « La première chose par laquelle j’ai été marqué reste la distance, auparavant, il existait une énorme cohésion entre les étudiants (soirées, rencontres…) mais durant le confinement, tout le monde est devenu méfiant. Il fallait se protéger de tout le monde pour éviter de contracter la maladie ou de contaminer. Physiquement, je ne prenais plus soin de moi et mon apparence se dégradait de jour en jour. On avait plus aucune ressource financière, on devait se débrouiller avec nos économies (pour ceux qui en avaient). Certaines structures nous fournissaient quelques vivres quand elles pouvaient. Nous avions surtout peur pour nos parents, peur de tomber malade parce que les hôpitaux étaient pleins et nous savions que nous n’aurions sûrement pas pu être pris en charge. »
« La période du confinement a rendu la compréhension des cours beaucoup plus difficile pour les étudiants car, la plupart s’est retrouvée à faire des cours en ligne. C’est une méthode d’apprentissage à laquelle nous n’étions pas habitués. Nous étions très distraits et pas du tout concentrés car psychologiquement nous étions au plus bas.
On pouvait remarquer également que les professeurs, prétendant être à l’aise derrière leurs écrans, étaient moins motivés à nous donner l’enseignement. Plusieurs étudiants ont raté leur année scolaire car ils avaient perdu l’envie d’étudier et n’ont donc plus fourni aucun effort.
Les oraux ont aussi été annulés. Sur le coup, on était contents. Et puis l’année suivante, on s’est pris une mauvaise note parce qu’on n’avait pas d’entraînement. Là, on était beaucoup moins contents ! »
Cette situation de crise a quand même été bénéfique sur certains plans, les candidats au BAC de l’année ont tous réussi ! En effet, le gouvernement a décidé d’attribuer le diplôme à tous les candidats au baccalauréat de l’année 2020.
Par ailleurs, les hôpitaux, en manque de personnel faisaient face à la nombreuse liste de cas qui s’allongeait de jour en jour. Ils étaient obligés de recruter des jeunes étudiants pour augmenter la main d’œuvre. Plusieurs d’entre eux ont été embauchés pour répondre à l’énorme demande dans les hôpitaux. Ils ont donc travaillé durant toute la période du confinement.
En définitive, nous pouvons retenir qu’en dehors de l’impact économique désastreux et les pertes en vie humaine liés à cette pandémie, le secteur éducatif reste un des secteurs les plus touchés par l’apparition de ce virus. À ce moment précis, les étudiants vivent le pire moment de leur cursus, si ce n’est de leur vie. Bon nombre d’entre eux préfèrent abandonner et ne fournissent plus d’efforts. Ce fut une période très difficile à gérer psychologiquement. Elle a installé une énorme incertitude dans la tête de chaque étudiant. Tous n’en sortent pas plus forts mentalement. Le seul impact positif qu’aura eu le confinement sur les étudiants est que désormais, ils apprécient chaque instant, même les moments les plus banals.
Nous nous sommes intéressés à l’impact de ce confinement sur les étudiants. Les professionnels nous éclairent à ce sujet.
Invitée à RTL, Dominique Monchablon, « psychiatre et cheffe de service au Relais Etudiants-Lycéens de Paris » a donné son analyse de la situation. Elle s’est intéressée aux conséquences psychologiques du confinement sur les étudiants.
« Il y a un afflux considérable de demandes de consultations multipliées par quatre. Ces étudiants sont confrontés à un cumul de facteurs de stress et c’est ça qui les met en difficulté. L’insécurité sanitaire pour eux-mêmes, pour leurs proches, académique chamboule les conditions d’apprentissage. L’impact lié à la crise, cela a été une montée de puissance de trouble anxieux et dépressifs, on pense que ces troubles ont doublé », a affirmé la psychiatre aux micros de RTL. La santé mentale est indéniablement fragilisée.
De nombreux sociologues affirment que notre rapport à l’autre et notre façon de faire en société ont été impactés par le confinement. La solitude imposée par ce confinement a également affectée notre communication. Ils redoutent une réapparition de cette « communication déformée » en dehors de toute présence physique. En d’autres termes, les experts craignent le silence, qui est le mode de communication dans lequel nous a plongé cette crise.
En dehors du personnel soignant, les professeurs faisaient partie des personnes qui devaient continuer à travailler durant le confinement. Certains enseignants ont apprécié le fait de ne plus être dérangés par les comportements inappropriés de certains étudiants. A distance, ils avançaient parfois beaucoup plus vite dans le cours. Ils faisaient par exemple en une heure ce qu’ils auraient mis 5 ou 7 jours à faire en présentiel.
D’autres soulignent le fait que l’enseignement à distance apprenait l’autonomie aux étudiants. Ils se sont ainsi familiarisés à différents supports numériques. Les lycéens en bénéficieront car ce sont des médias assez présents dans les études supérieures.
La plupart des professeurs ont néanmoins dû faire face à une énorme charge mentale. Entre les nombreux mails qu’ils reçoivent par jour, les insultes des parents et l’inquiétude de ne plus avoir de nouvelles de certains de leurs élèves.
De tout ce qui précède, on note que l’instauration du confinement a eu non seulement des avantages mais également des conséquences irréversibles. Cela fait aujourd’hui 2 ans que ce virus est apparu. L’économie a été impactée de plein fouet, le coût humain est désastreux. Cela nous pousse à nous interroger sur l’égoïsme dont nous avons fait preuve en ces temps difficiles. Il n’y a qu’à se rappeler des scènes de cohue dans les magasins et les bagarres pour avoir le dernier rouleau de papier hygiénique.
Trop concentrés sur notre douleur et nos angoisses, nous n’avons pas fait attention à nos étudiants. Quelles seront les conséquences de cet isolement à terme sur leur santé mentale ? Seront-ils déstabilisés ou “fragilisés”, comme le disent les experts ?
Ne faudrait-il pas prolonger les aides psychologiques mises à la disposition des étudiants et prévenir des troubles à venir ?
Un tutorat ne serait-il pas bénéfique aux plus isolés ? Car gardons à l’esprit qu’il s’agit là d’un outil efficace pour lutter contre l’abandon des études et qui dope le taux de complétude d’une formation ! N’est-ce pas là le signe d’un dysfonctionnement du système scolaire français ?
3 Comments
Très bel article