L’heure du lever de Roxy, jeune doberman mâle, arrive… Son maître est déjà debout. En même temps, on est lundi… 

*Une journée dans la tête de mon chien est un article rédigé un peu différemment que ce que nous faisons d’habitude. L’idée ici est d’utiliser les connaissances en éducation canine et nos expériences pour faire un contenu sympa. Notre objectif ? Donner le sourire à nos lecteurs avec une thématique plus légère. Pour ce faire, nous avons recueilli les propos de Roxy, Doberman mâle de 3 ans. Alors Roxy, en quoi consiste une journée-type avec votre humain ? 

Un lever fastidieux dans ma tête de  chien

Je joue avec Ruby, ma copine staff. Elle a cru que c’était la fête et qu’elle pouvait voler mon bâton. Le pire, c’est que cette traîtresse part en courant, pensant avoir gagné la partie. Le temps de comprendre ce qu’elle fait, je démarre. Go, go, go. Hop.

[Chien vautré sur le dos, pattes qui bougent dans tous les sens]

Je saute dessus, un petit coup de dent sur la nuque pour lui faire comprendre qui commande. De nous deux, le chef, c’est moi, qu’elle ne l’oublie jamais. Et je redémarre dans l’autre sens. Au loin, mon humain s’agite. Il gesticule, il crie. Quoi ? « Ro-Xy ». Ah mince, c’est moi ça.

Y a des priorités dans la vie, tu vas attendre un peu mon grand. Je n’ai rien entendu d’ailleurs, tu vois bien. Oui, mes oreilles bougent. Mais c’est le vent, quand je cours. CQFD.

Il continue, c’est de pire en pire. « Ro-Xy ». Je ne suis pas dément chéri, le vétérinaire n’a pas détecté de surdité, je comprends ce que tu dis, alors un peu de calme s’il te plaît. J’ai dit que tu attends, voilà tout. C’est important d’être patient quand on s’engage sur l’éducation d’un chien. T’as de la chance de m’avoir eu y a trois ans. Après octobre 2023, tu étais bon pour une formation. Qui n’aurait pas été superflue, parce que la pizza à l’oignon de la dernière fois m’a quand même bien rendu malade. Je dis ça, je dis rien.

[Bruit du paquet de friandises – lever précipité du chien]

Hey, hey, c’est à moi ça ! Je rigole, je dors pas, fais tourner. Regarde hop, frais et dispo, me voilà réveillé ! C’est lesquels ? Les Pedigrees au bœuf fromage ? Tu gères.

Regarde comme je suis beau, assis pas bouger donne la patte et tout. On pourrait dire que c’est une éducation rondement menée, n’est-ce pas ? Merci de le reconnaître.

Un deuxième ? À la bonne heure.

J’abuse si je demande un troisième biscuit ? La moindre des choses quand on aime son chien. Pis, j’ai faim en plus. Faut-il rappeler qu’ici, la gamelle est distribuée le soir.

Qui ne tente rien n’a rien.

Pourquoi il prend la laisse, c’est abusé ? Oh, copain, il pleut, t’as remarqué ? On peut vraiment pas, exceptionnellement, faire pipi par terre ? Ou sinon, je me retiens encore un peu. Vraiment, ça ira, je gère.

[Chien qui a divisé sa taille par deux voire par trois].

Tu me vois encore ? Dommage. C’est bon, on y va, t’as gagné. Si en plus tu mets les croquettes dans ta poche… On dit que c’est pour moi, c’est cadeau. Viens, on part en promenade. Dépêche-toi par contre, ça fait quand même 12 heures que je me retiens de déféquer, mets-toi à ma place. Allez, 1-2 1-2, BOUGE-TOI !

[Promenade expresse]

Des adieux déchirants… une longue journée en perspective

Non, mais vraiment, vous y avez cru ? Bien sûr que c’est faux.

En même temps, on m’a bien appris. Il y a deux sortes d’infractions aux règles de cohabitation Roxy – Papa. Les moins graves sont appelées « bêtises », les autres sont classées dans la catégorie des « crimes ».

Comprendre les délires des humains

Par exemple, c’est interdit de manger dans les plats servis sur la table. J’ai jamais compris l’intérêt d’une telle mesure, mais admettons. Eh bien mon humain, s’il vous plaît, fait encore des manières. Apparemment, c’est moins grave de voler quand on ne met pas les pattes sur la table. Mettre les pattes sur la table est, semble-t-il, sale. Est-ce qu’on discute de lui quand il met les doigts dans son nez, mais bref, ce n’est pas le débat du jour.

Donc, quand je fais une bêtise, il me dispute. Quand je commets un crime, il m’envoie au panier. Forcément j’évite. Des fois, pas le choix. On appelle ça un cas de force majeure.

En droit français, le doute profite toujours à l’accusé. J’ai de la chance, je suis français. Donc, je profite quand il n’est pas là pour faire tous les crimes que je veux.

Un chien doberman détecte une odeur et tente d'en identifier la provenance

Gérer les carences affectives de mon humain

Et tous les matins, il me fait le même cinéma. Ok, j’avoue, il me fait de bonnes caresses, des câlins, c’est cool. Je finis par lui faire une petite léchouille. Et là, il s’exclame « Oh mais moi aussi tu vas me manquer. Tu comprends qu’il faut travailler pour payer les croquettes ?« . C’est un rituel qui le rassure. Il faut le suivre. Seulement après, il dégage. Tu n’as pas oublié tes clés cette fois ? Ne me fais pas de fausse joie, tu sais que je n’aime pas ça.

Dans la tête de mon chien : à lui la liberté

Attends. Attends. Porte d’appartement. Porte de hall. Bruit des clés. Moteur de voiture. Il ne revient pas au moins ? Parfait. Le con, il a oublié de sortir la poubelle !!! Je serais pas enfermé, je jouerais au loto, c’est vraiment mon jour de chance… Ma truffe me signale le bout de saumon et la barquette qui va avec, stockée, présentement dans ladite poubelle.

Non, faire les poubelles est un crime. On ne cède pas à la tentation Roxy, c’est non. En même temps… Qui va prouver que c’est moi ? Voilà, personne. Il suffit de pas s’approcher de la poubelle quand il rentre, il soupçonnera même pas que c’est moi. Museau innocent, regard gai. Attends, je m’entraîne vite fait. On est OK.

À moi les aventures olfactives ! Regarde. Il a même jeté un os avant-hier. Grosse fiesta. Festin terminé. On se met bien ?

Canapé ou lit, je me tâte. J’hésite. Il a changé les draps de son lit ce matin. Y a moins d’odeurs. Mais, en même temps, ça va bien le gaver. Nuisance maximale. Les absents ont toujours tort, et puis… si ça se trouve il verra pas.

Note : lisser les draps en descendant pour pas que l’empreinte de mon corps s’imprime dans les draps. C’est grillé, je me suis fait pourrir la dernière fois.

Ah ouais. Bultex, y a que ça de vrai. Dire que ce gros radin m’offre des coussins de chez Action. Qui c’est qui peut profiter des oreillers sans personne qui se plaint ? C’est Roxy !

Je commence à penser que tant qu’on a pas dormi dans un bultex, on a pas réussi sa vie. Je vis ma meilleure vie. Laisse-moi me reposer vite fait, ça fait beaucoup d’émotions.

Argh ! Un bruit, c’est lui, il arrive. Tous aux abris. Ah, non, zut, c’est la voisine qui rentre de courses. Tant pis pour la lampe de chevet. Il utilisera ses mains pour ramasser, je n’en suis malheureusement pas pourvu.

Chien doberman équipé d'un harnais, prêt pour la promenade

Dans la tête de mon chien quand je suis absent

Bon. Début d’après-midi, ça commence à faire long. J’ai fait le tour du territoire, la poubelle a été passée au peigne fin. Au pire, la prochaine fois, il n’a qu’à pas l’oublier. C’est dit.

J’ai bien dormi. La vie est belle. Le territoire est à moi, rien qu’à moi. On amorce l’après-midi comment du coup ? La base, on va à la source. Direction les toilettes. Y aurait pas une odeur ? Eh non, perdu. Y a rien. J’arrive après la bataille. 0-1 pour lui, on reste fair play.

Par contre, en me promenant comme ça dans ta chambre, je me disais… Le chargeur de portable, qui traîne ? C’est normal ? Non. Il me donne bien envie ce petit fil. C’est moelleux, mais y a la petite résistance quand on arrive aux fils de cuivre et ça, ça. Essayez, c’est le must. La prise est un peu moins drôle à détruire, mais c’est important de finir le travail entamé. On appelle ça être professionnel.

Je m’ennuie si fort sans toi

La prise, c’est fait. Poubelle également. Il est toujours pas là. Je suis sûr qu’il est passé en courses ou au snack. Ou scénario encore pire, il est chez ELLE. Y en a pour des heures. L’abus.

Il faut marquer les esprits. Faire du spectaculaire. Un truc qu’il oubliera pas. Attends. Je cherche. Comment on pourrait lui faire passer le goût d’aller en courses AVANT qu’on aille se promener.

Il est locataire l’humain ? Pour autant que je me souvienne, l’étagère en bois était déjà là quand on est arrivés. Je cherchais un petit truc à mâcher, ça tombe bien. Bords arrondis, bois de hêtre. Pas trop d’odeurs. Why not. On teste, à voir si c’est cool.

Bingo, c’est le top. J’espère que ça passe crème, là aussi. En même temps, l’humain n’est pas très malin, y a moyen. On verra en temps voulu.

Gérer un humain en crise en trois secondes : c’est fastoche

[Moteur de voiture] Il est là. [Bruit de clés]. C’est lui. [Porte de hall]. Oh my god ! [Serrure] Papa !!!! [Queue qui fouette dans tous les sens]. Mon petit papa d’amour, tu m’as tellement manqué c’était long sans toi ! Donc, tu reviens de courses, y a quelque chose pour moi quand même ? T’es passé à la boucherie en plus, à ce que je crois sentir. T’es un dieu mon papa !

Ah mince. Il va vers la cuisine. Oups. Il se rapproche de la poubelle. Alerte rouge genre écarlate magenta vif ! Demi-tour, reste calme Roxy. On garde un air naturel, on regarde même pas dans sa direction.

Poker face, ce n’est pas moi, c’est toi ce matin qui a fouillé la poubelle. Tu te rappelles vraiment pas ? En même temps, je trouve que tu bois beaucoup d’alcool ces derniers temps. Premièrement, ceci explique peut-être cela. et deuxièmement, je ne suis qu’un chien, ça fait beaucoup pour moi.

[ROXY !!]

C’est pas moi je te dis. Je ne connais même pas ce Roxy dont tu parles. Et puis, avec un tel nom, ça doit pas être une personne très recommandable. Non, vraiment, ce Roxy ne me dit rien qui vaille. Moi, je suis quelqu’un de bien. Laissons les crimes à d’autres.

C’est drôle, il a vraiment pas l’air content l’humain. Donc, il ramasse, mais après tout, qui l’oblige ? Personne. Merci.

Oui, c’est vrai, je suis un méchant chien, un vilain garçon. Je sais. Regarde comme je suis désolé et tout. Je sais même pas où mettre ma queue du coup. Navré pour tout.

Et puis, il cherche. Il fait le tour de l’appartement. C’est quoi son problème à Inspecteur Derrick ?

Argh… J’ai oublié de retirer les draps derrière moi. On tente la tête du Roxy mignon avec le petit nounours dans la bouche et la queue qui remue ? Ou on opte pour l’air malheureux du chien qui a été battu comme plâtre toute sa vie ?

Dilemme.

[ROXYYYY MON CHARGEUR P****]

Ah ouais. Effectivement, avait ça aussi. Le chargeur, fil de cuivre, emballage en caoutchouc moelleux. J’ai encore fauté on dirait. Oula. Il a la tête des mauvais jours. Je vais dans mon panier, faut pas se fâcher pour si peu. L’éducateur canin t’a dit que ça m’angoisse. Alors, arrête, les angoisses entraînent des destructions, c’est pas moi qui le dit, c’est le dresseur.

Hop, j’y vais direct. Comme ça sa punition est court-circuitée et il est bloqué. Vas-y go, au panier.

Je rêve ou il s’approche quand même pour crier ?

Attends. J’ai la technique, celle-là, elle marche à tous les coups. Regarde bien. J’ai juste à me mettre sur le dos. [Air soumis et désolé.] Le regard est super important. En réalité, c’est plus que ça. C’est la pièce maîtresse de ma stratégie. Et ça, ça le calme avec effet immédiat. Un levier à garder dans un coin de sa tête, en toutes circonstances.

Comment j’ai appris ça ? C’est une vieille astuce de chiots, quand notre maman est en a marre de nous gérer… Ou alors quand on risque trop gros avec un autre chien trop teigneux. Hop, je me mets sur le dos, en mode « t’as gagné ». Un classique. Je n’en pense pas moins, bien sûr. Mais force est de reconnaître que c’est très efficace. Net, sans bavure. L’autre plie, toujours.

Bon… On part quand même en promenade ? Arrête de ressasser le passé, c’est pas sain. Et puis, tu imagines aisément que ça commence à faire long depuis la micro-sortie de ce matin…

Deux chiens se reposent après une séance de jeu intensive