Dans son livre Le désenfantement, une affaire d’État (éditions Le Lys Bleu) Laëtitia Deschamps, 44 ans, revient sur cette thématique, que Rebellissime a trop souvent traitée. La publication de cet ouvrage est prévue pour 2023 : une conférence de presse aura lieu à la fin du mois de septembre.

Son livre fait effectivement éclater un scandale, des faits sur lesquels on ne peut plus se taire. 

Les premiers mots sont une citation de Simone de Beauvoir. Ils frappent comme un uppercut, et décrivent cette omerta dont nous nous faisons le relais depuis quelques mois : Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance, mais le refus de savoir. Comme pour Mon P’tit Loup de Nicolas Puhulen, nous n’allons pas faire un résumé du livre, mais plutôt croiser nos observations. 

Avant de commencer, présentons l’auteure. Ancienne victime de violences conjugales, maman désenfantée pour toujours, elle souhaite aujourd’hui faire éclater ce scandale. Les placements abusifs, rappelons-le, concernaient 71 000 enfants en 2021. Ces chiffres nous viennent de Frédéric Fabre, auteur à l’OHCHR et requérant de pouvoir pour l’ONU.

Laëtitia Deschamps a été prise en charge par l’association Le Fil d’Ariane France, depuis dissoute, dont faisait partie Maître Pierre Verdier. Ce dernier est un avocat en droit de la famille réputé, qui, lui-même, écrit et collabore sur tellement de projets documentaires qu’il devient difficile de les compter 🙂

De quoi s’agit-il ? Notre équipe replonge dans un sujet qui, décidément, ne semble jamais s’arrêter. 

Le désenfantement, une affaire d’État : Laëtitia Deschamps alerte sur le danger des préjugés

Plusieurs préjugés sont mis en évidence dès le début du livre. Il est essentiel de commencer à les combattre pour enfin, avancer. 

Aide apportée par l’ASE : attention danger !

Il arrive que certains parents, par amour pour leur enfant, demandent de l’aide. Parfois, ils n’ont personne vers qui se tourner et sollicitent la branche de l’État en charge de la protection de l’enfance… L’ASE. Ces parents pensent naïvement être accompagnés au mieux de l’intérêt de leurs enfants.

C’est parfois la réalité. Nous le disions précédemment, tous les éducateurs ne sont pas malveillants ou incompétents, loin de là. Le personnel de l’ASE (l’Aide Sociale à l’Enfance) fait son maximum avec de faibles moyens. Nous avons tenté quelques interviews de professionnels. Ils sont les grands absents de cette enquête. Tous ont refusé, par peur des représailles administratives et professionnelles. Notre porte, nos oreilles et notre plume leur sont toujours ouvertes ! 

Donc, en théorie la démarche de demander l’aide de l’ASE n’est pas aberrante… Malheureusement, dans la réalité, vous allez comprendre que non. Ce n’est pas la solution, en l’état actuel des choses. 

Comme un écho à nos tristes observations, Laëtitia Deschamps écrit : “à ce moment-là de ma vie, je croyais en la justice !”

Le système dysfonctionne : les éducateurs compétents en sont prisonniers. Les autres s’amusent bien, avec des rapports partiaux (comme on le voit dans l’histoire de Marie) et des procédures abusives. 

Désenfantement, une affaire d’État dénonce aussi l’image des parents d’enfants placés

Laëtitia Deschamps poursuit : “Il n’y a pas de fumée sans feu”. C’est ce que se dit le commun des mortels, tous ceux qui n’ont jamais été confrontés à cela. Si un enfant est placé, c’est que ses parents ont fauté. “Ces situations ne concernent que les cas sociaux, c’est bien connu” se disent-ils. Eh bien non. Ce n’est pas parce que l’enfant n’est pas battu qu’il ne sera jamais placé. Même si vous l’aimez et en prenez soin, une ordonnance de placement provisoire peut être décidée. 

À la rédaction, nous admettons qu’effectivement, tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Les centaines de témoignages reçus mettent en évidence le fait que, finalement, peu de monde peut se permettre de prétendre savoir ce qu’il se passe vraiment dans l’intimité d’une famille. 

L’importance de mieux former les éducateurs et les juges

Nous avons vu : 

  • Des pères en apparence charmants, être de parfaits salauds, violents, pervers et manipulateurs, dans le cercle privé.
  • Des femmes, des hommes qui hurlent, pleurent, supplient, tant la douleur du désenfantement est forte.
  • De nombreux parents dévastés par la perte de leurs enfants,
  • Des pères ou des mères accusés à tort des pires sévices sur leurs enfants,
  • Des parents désenfantés sous prétexte du syndrome de l’aliénation parentale,
  • Des menteuses et des menteurs aussi : il y en a. Des mères ou des pères qui prétendent aimer leurs enfants et leur disent, ensuite, quand il n’y a plus de témoins “Tu ne portes pas mon nom, car, dès ta naissance, je savais que je t’aimerais moins que tes frères.” (propos recueillis de la bouche d’un enfant que nous appellerons Alban). 

Paradoxe de ce dernier cas de figure : la mère clame aux services sociaux aimer ses enfants, vouloir les récupérer et, quand ils rentrent en droits d’hébergement le week-end, les affame et les maltraite sous prétexte qu’ils n’ont pas été assez sages…

Personne ne peut se permettre de juger ce qu’il se passe dans une famille. Et les magistrats n’ont pas ni le temps, ni la formation, de le faire de manière qualitative. Nous l’avons vu dans notre article sur les expertises psychologiques JAF erronées. Pourquoi ne pas penser un droit de la famille où, comme au pénal, il y aurait trois juges ? 

Il est donc temps que le grand public comprenne que tout n’est pas figé, rien n’est simple. 

Laëtitia Deschamps présente son témoignage
Portrait d’une maman survivante, Mme Laëtitia Deschamps

Protection de l’enfance : le combat de Laëtitia Deschamps

Selon ses propres mots, Laëtitia Deschamps s’engage et insiste sur sa détermination : pour que ça bouge, il faut poursuivre ce combat. 

Auteure d’un premier livre : La vie en miettes, entre pouvoirs et abus des services sociaux, elle dénonce. On la voit comparer les témoins qui apparaissent dans son livre, à des peintres.  

Les coups de pinceaux sont souvent grossiers, mais tellement criants de douleur. Chaque peintre s’est exprimé avec son potentiel physique, intellectuel et humain, du moins ce que l’ASE en ont fait ou ont bien voulu leur laisser.

Extrait de Désenfantement : un scandale d’État 

Quels sont ses constats ?

Le premier est essentiel : “Je ne veux pas caricaturer l‘ASE mais effectivement nos vies dépendent de la personne que l’on a en face de nous. »

Les plus beaux mots de Désenfantement, un scandale d’État, de Laëtitia Deschamps

La lecture du livre ne nous a pas laissés indifférents. Quoi de mieux que les trois plus belles citations, pour vous donner envie de le lire à votre tour ?

Le désenfantement correspond à une amputation d’un membre de la famille, avec une douleur du membre absent…

Effectivement, on imagine sans peine le vide et la détresse d’une mère qui, jusqu’alors emmenait ses enfants à l’école, allait les rechercher, leur préparait leur petit-déjeuner… bref, assurait leur quotidien… La douleur de Laëtitia Deschamps, à qui on a retiré le bébé de trois jours, “sous escorte armée”. Ne plus avoir aucun but, hormis celui de se rendre à l’heure aux visites médiatisées hebdomadaires. Comment se reconstruire après ça ? Pour cette maman blessée, c’est comme si c’était hier. 

Oui, certains placements sont salutaires. C’est un autre préjugé qu’il faut combattre. Des enfants battus comme plâtre, violés, affamés dans leurs familles. Ce n’est pas un fantasme. C’est la réalité de 2023. Ces enfants, la rédaction a pu leur parler. Curieusement, ils sont reconnaissants envers leur foyer pour la stabilité et la relative sécurité qu’il leur apporte, mais détestent l’éducateur ASE, qui, selon lui “a détruit [leur] famille” et les a “kidnappés et enlevés à leur famille”. 

“Nous montrerons que le désenfantement est un crime parfait, à savoir un meurtre sans cadavres.”

Quoique sans cadavres… C’est vite dit. Combien de mères sont mortes de douleur, dépression, suicide, maladies… en silence ? Combien d’adolescents sont en roue libre suite à un passage dans les rangs de l’ASE et finissent par se suicider, par addiction ou de manière plus franche ?

Lors de notre échange, Maître Amas nous parlait d’une adolescente en fugue, qui s’est suicidée en sautant d’un pont… 

Faut-il rappeler que 40% des SDF sont passés par les services sociaux à un moment ou à un autre de leur enfance… Les chiffres de Monsieur et Madame Tout-le-Monde tournent plus autour de 2 et 3%. 

Effectivement Laëtitia : “L’addition est lourde psychologiquement, physiquement, moralement et émotionnellement”. Pour avoir voulu dénoncer les violences conjugales que vous subissiez, vos quatre enfants ont été placés, dont votre bébé de quelques jours. “Ma petite mort” dites-vous. 

“Suite à l’émission Envoyé Spécial sur France 2, “Jamais sans ma mère” le 7 juin 2007, ma vie devient une affaire dévoilée au grand jour…”    

Pour ses enfants et tous les autres, actuellement concernés, Laëtitia Deschamps, auteure de Désenfantement : une affaire d’État, lève le voile sur sa vie et se livre à la France entière. Nous espérons que son témoignage ne restera pas lettre morte. Une “caméra cachée” a permis de mettre en évidence les mensonges et les incohérences des professionnels. 

C’est le conseil donné par l’ONU et par certains juristes : enregistrez par le portable ou un micro tous vos échanges avec l’ASE et les audiences avec le Juge des enfants. Faites-les au besoin retranscrire par un huissier. Ce ne sont pas des preuves, mais des éléments. 

Nous attirons votre attention sur le fait que, si vous optez pour cette solution, vous devez être vigilant à ne pas sortir les propos de leur contexte. Il est essentiel de faire preuve de rigueur et d’honnêteté. Accumulés, ces éléments sérieux peuvent aider à faire bouger les choses, notamment devant l’ONU. Les manipuler, les dénaturer, c’est faire perdre toute crédibilité à la démarche. 

Nous conclurons par une petite synthèse de notre conversation avec Laëtitia Deschamps. On comprend que, pour bon nombre de ces femmes qui se battent, c’est trop tard. Le mal est fait. Mais le combat continue !

Stop à la destruction de nouvelles familles

Si en plus, il était possible de réformer ce triste système pour préparer une France un peu moins en souffrance… Nous poserions la cerise sur un gâteau dont l’apparence, disons-le, n’est pas très flatteuse. Maria Montessori ne disait-elle pas que “dans l’enfant, se trouve le destin de l’avenir” ?

Mais, quel avenir préparons-nous à nos enfants dans de telles conditions ?

« Avant de mourir, je demande simplement à ce que mes enfants et moi soyons reconnus comme victimes de violences conjugales, victimes de l’État. J’ai besoin que la France reconnaisse qu’on m’a volé le droit d’être mère, volé ma vie. Je tiens à apporter de l’espoir et des solutions à ces parents en détresse. Je me bats depuis 22 ans. Ces situations doivent devenir prioritaires. »

Laëtitia Deschamps

Saluons le courage de cette femme qui, plus de 20 ans après, se bat pour ses soeurs de combat. Malgré les dommages sur son corps et son esprit, les trauamtismes sur ses enfants, elle est debout. Rend coup pour coup, à sa hauteur, avec ses moyens. Et surtout, continue le combat pour que ses quatre enfants, âgés aujourd’hui adultes (27, 23, 20 et 18 ans), vivent leur vie d’adulte en paix et enterrent définitivement leur passé d’enfants placés.