Depuis le mois de novembre, la France voit jaune et quoi qu’on en dise, cela marque clairement qu’une nouvelle politique s’impose. Cette mobilisation, ce mal-être,  montrent clairement le besoin d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques, plus légitimes ! Qui dit nouvelle ère politique, dit nouvelles têtes. On attend d’autres discours, d’autres profils qui puissent représenter et défendre le peuple. Rebellissime vous présente donc Ibrahima Traoré, conseiller délégué départemental du Val de Marne, en charge des infrastructures routières et des ouvrages d’art pour le canton du Kremlin-Bicêtre/Gentilly. 

Le Kremlin-Bicêtre, c’est sa ville ! Et c’est rien de le dire ! Kremlinois depuis 44 ans, il y a grandi, étudié, travaillé, s’y est installé, y élève ses enfants et s’y engage en politique. Aujourd’hui, cet élu prend la parole pour faire entendre la voix des citoyens qu’il côtoie et entend servir. Oui, parce qu’Ibrahima fait partie de cette génération de femmes et d’hommes politiques qui entrent en politique par vocation, pour défendre leurs convictions, celles des citoyens. Oui, des politiques sans casseroles au service de la population, c’est possible ! Du coup, on se permet de les mettre en avant, ça change de ce qu’on voit tous les jours à la télé. On parle des sujets de société, on se pose de vraies questions,   ceux qui collent à la réalité et au quotidien de chacun. Ahhh la politique pour et par de vrais gens, un nouveau genre ! Celui d’une génération qui n’a pas été formée comme les classes politiques dirigeantes actuelles. Ces dernières ont fait des études et évolué dans des réseaux fermés. Elles sont malheureusement plus rodées au jeu politique à la stratégie, à la manipulation du peuple pour leur pouvoir. Mensonges, détournements de fonds, nombre d’affaires montrent dernièrement que les racailles ne sont pas toujours en basket en bas des hall, (n’en déplaisent à certains de nos confrères ;)) Ibrahima fait partie de ceux que Rebellissime appelle les légitimes. Parce que quand ils disent qu’ils font de la politique pour aider les hommes, être au service des citoyens, on y croit. On ne peut pas lui reprocher de ne pas savoir de quoi il parle. Le type même de nouveau profil qui aujourd’hui inspire le respect, ou du moins suscite l’intérêt. Mais passons aux présentations…

Un parcours…

… de Kremlinois.

Ibrahima Traoré connaît bien sa ville et ses habitants, puisqu’il y vit depuis 44 ans. Les institutions l’ont vu grandir et voient aujourd’hui grandir ses enfants. Ibrahima Traoré a une formation d’aide médico psychologique, il a travaillé auprès des jeunes enfants, des seniors, des personnes en situation de handicap. D’abord comme comme agent d’entretien à la voirie, au service des sports puis au service jeunesse et enfance. Il devient animateur puis agent social au CCAS où il porte les repas aux personnes âgées et instruit les demandes de bons alimentaires. Du terrain social au siège d’élu il maîtrise bon nombre de sujets et connaît parfaitement le quotidien des Kremlinois. L’investissement d’Ibrahima Traoré, sa vocation citoyenne marquent le renouvellement politique.

Rebellissime : Comment en es-tu arrivé là ? (en politique ? ) 

Ibrahima Traoré : « J’ai toujours suivi la politique, en tant que citoyen. Mais, c’est au moment de l’élection de Nicolas Sarkozy que j’ai eu un déclic. Ce n’était plus possible ! Je ne pouvais pas rester sans bouger devant la situation. Soit je continuais à critiquer la politique de mon canapé, soit je m’investissais dans la vie de la cité. Mon engagement est citoyen. Chaque citoyen peut et doit participer à la vie de la cité. Voilà pourquoi et comment j’en suis arrivé là. J’ai rencontré Alain Desmarest, vice président du Conseil Départemental du Val de Marne et l’ai interpellé au moment de l’arrivée de Sarkozy au pouvoir pour lui dire que notre génération ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser faire. On ne pouvait pas laisser se tenir de tels discours, diviser la France, notre pays ! C’est parti de là ! Alain Desmarest m’a ensuite proposé d’être sur la liste des municipales. J’ai accepté, tout en sachant que je n’étais pas éligible du fait de mon classement sur la liste. Le maire ayant fait un score impressionnant au premier tour, je me suis retrouvé Conseiller municipal, dès mon premier engagement ! Très investi dans la vie de ma ville, je siégeais au conseil d’école et au conseil d’administration du lycée. Je me suis épanoui dans cette fonction ». 

Rebellissime : Comment définis-tu ta fonction de conseiller départemental  ? 

Ibrahima Traoré  : « Être proche de la population, faire remonter les revendications ou les questions de la population, être un relais. J’ai pris ce rôle à bras le corps et avancé petit à petit en tant que conseiller municipal auprès du groupe Communiste et citoyen ».

Rebellissime : Aspirais-tu à une carrière politique quand tu étais jeune ?

Ibrahima Traoré : « Pas du tout ! J’ai fait du handball pendant des années et mon rêve était de m’épanouir sur le plan sportif. Sur mon parcours j’ai fait de belles rencontres qui m’ont permis de me dire que j’avais d’autres possibles. J’ai arrêté le handball et me suis consacré à des activités politiques. Ce qui me guide et ce qui m’a mené en politique c’est la volonté de rendre ce que la politique m’a donné. Elle m’a permis de ne pas tomber dans le déterminisme social ».

Rebellissime : Et la famille dans tout cela ? 

Ibrahima Traoré :  « Enfant, j’ai grandi dans une mini société, très règlementée. Nous étions 19, mon père était président-dictateur et ma mère 1er ministre ! (Rires) Plus sérieusement, dans ma maison, ce sont ma compagne et mes deux enfants qui forment mon socle. Ils m’ont permis de faire de la politique et je ne pourrai pas continuer si mon socle devrait être touché ou abîmé. Ces dernières années ont été très difficiles, mais nous tiendrons, c’est primordial. Sans mon socle, je ne fais pas de politique. Je le dis clairement à la population qui parfois me reproche de n’être pas disponible. Avant tout, il y a mes enfants, ma compagne. Souvent, les politiques sacrifient leur famille, je n’irai pas jusque là. La politique n’est pas une finalité pour moi. Je peux apporter autant aux gens dans d’autres sphères. Et si j’arrête cela aura été une très bonne expérience. J‘ai derrière moi, trois individus qui croient en moi, qui me soutiennent et cela compte énormément ».

Rebellissime : Ce sont tes premiers fans ?

Ibrahima Traoré : « Oui, mais cela  ne signifie pas que nous n’avons pas de désaccords politiques au sein même de mon couple ! Ma compagne a soutenu une autre liste de gauche que la mienne! Nous essayons d’être démocratiques à la maison également ! Cela fait souvent peur aux couples, le débat politique, mais il n’empêche pas d’avancer, bien au contraire ! Nous vivons très bien ainsi. Ma compagne, enseignante depuis plus de 20 ans sur la ville, est engagée dans le syndicalisme. Dans mon socle, on ne me laissera jamais me reposer intellectuellement sur mes lauriers ! Pas de facilité intellectuelle ! C’est très formateur ! » 

Rebellissime : Certains te voyaient maire-adjoint, pas toi ? 

Ibrahima Traoré : « Lors de mon 2è mandat, on m’a proposé un poste de conseiller délégué. Une bonne partie de la population pensait que j’allais devenir maire adjoint, j’ai dit non ! Les  gens ne comprenaient pas, parce que selon eux, je méritais d’être maire adjoint. Mais, ce n’est pas une question que je le mérite ou non, c’est une question d’être prêt, et un peu une question de destin ! Attendons que je prenne la décision. J’ai conscience de tout ce que ma candidature engendre. Elle n’a rien d’anodin. Je m’explique avec une anecdote qui m’a marqué. Je remettais les ordinateurs tablettes aux collégiens du Val de Marne, et je me souviens de trois jeunes filles, dont l’une dit aux deux autres «  Il s’appelle comme vous : Traoré ». Quand j’avais leur âge,  je n’ai pas vu de Monsieur Traoré élu . Si tel avait été le cas, je me serai dit que je pouvais le faire.  Il faut poser ces possibles pour notre jeunesse française. Oui, je suis élu français ! C’est aussi une grande responsabilité. Parce qu’à chaque fois, on me renvoie à mon statut, l’origine de mes parents, mon origine sociale. Tout cela est encore très ancré dans l’inconscient ».

Ibrahima a grandi dans une ville de droite centriste, mais c’est l‘arrivée de Nicolas Sarkozy qui sera la goutte qui fait déborder le vase ! Alors, pour une fois, je dis merci Sarko! Grâce à toi, il y a un élu engagé comme Ibrahima, nous n’avons pas tout perdu !

Ere de transition…

… de renouveau 

Conscient des problèmes, capable de les dénoncer, de les nommer, de se rebeller mais surtout de proposer des solutions, de construire l’avenir. Clairement, nous sommes une génération de transition où l’on doit agir et agir avec précaution parce que non, nous ne sommes pas venus à bout des stéréotypes racistes. La preuve on parle de racisme alors que l’on sait qu’il n’y a qu’une race la race humaine ! Race humaine, un concept, pour l’instant ?  Une vérité mais encore au stade de concept.

Il y a du chemin à faire pour qu’Ibrahima soit un élu à part entière. En France on a peut-être pris la route, mais quoi qu’il en soit on n’est pas arrivé. Parce qu’un élu comme Ibrahima représente forcément des quartiers populaires, des minorités…

 Rebellissime : Comment réagis-tu face aux regards, aux réflexions racistes, stigmatisants ?

Ibrahima : « Je suis conscient de l’éducation que j’ai eue. On me demande souvent si je suis né ici. Et cette question m’agace. Parce que oui, je suis né ici ! Pourquoi me pose-t-on cette question? Est-ce que je demande à un Normand s’il est né ici, à Paris ou à Caen ? Si ce genre de questions à répétition m’agace, je peux imaginer ce que beaucoup comme moi peuvent ressentir ».  

Rebellissime : Et encore, certains  te posent la question, parce que beaucoup ne se la posent même pas. Que tu sois né ici ou ailleurs, peu importe pour eux tu n’es pas d’ici, pas comme eux ! Un autre exemple ?

Ibrahima Traoré : « Je suis de confession musulmane, mais non pratiquant. En période de ramadan, ceux qui pratiquent me regardent bizarrement parce que je ne pratique pas et ceux qui ne sont pas musulmans sont surpris et me questionnent « Bah, tu n’es pas musulman ? Bah, alors pourquoi tu ne fais pas le ramadan ? Tu bois de l’alcool ! Tu manges du porc ! … » Mais de quoi je me mêle ? Est-ce que je demande à une personne non issue de la diversité,  le dimanche matin, dans la rue, pourquoi elle n’est pas à la messe ? Bref, un seul constat, tu ne peux pas être toi-même ! »  

Rebellissime : C’est fou ce que l’on se permet envers certaines minorités, non ? T’es noir mais tu n’aimes pas danser ! T’es musulman, mais tu fumes ! T’es vietnamienne mais tu ne sais pas manger avec des baguettes ? T’es marocaine et tu rates la semoule ! Tu as 40 ans et pas d’enfant ? T’es une fille mais t’as pas de shampooing, non mais allô, quoi ! Est-on réellement obligé de rentrer dans des cases pour faire de la politique ?

Ibrahima Traoré : « Mais arrêtez !  Il y a d’autres possibles ! J’ai eu la chance d’avoir une éducation, dans une famille très pieuse qui m’a laissé faire mes choix spirituels, être critique. Sans tomber dans l’unanimisme ! On a le droit de choisir et de suivre ses propres chemins. Mais cela entraîne forcément des questionnements de toutes parts. Mes enfants sont questionnés également. A la maternelle, parce que mon fils s’appelle Traoré, on ne lui donnait pas de porc sans même regarder sa feuille de liaison ». 

Rebellissime : Oui, c’est vrai, les dames de service auraient du regarder la feuille de liaison. En même temps, elles ont cru bien faire et par les temps qui courent, avec toute la haine que suscite le sujet du porc à la cantine, c’est plutôt bien que les enfants aient encore le choix, parce que c’est aussi ça la laïcité, que tous les enfants de toutes religions confondues aillent à l’école ensemble. En France, malheureusement, la laïcité aboutit parfois plus à la fermeture qu’à l’ouverture. Antinomique, non ? Mais cette réflexion déborde du sujet, revenons en à nos moutons. Que t’inspirent de telles situations ?

Ibrahima Traoré :  « Cela ne me dérange pas outre mesure , mais cela montre bien qu’il faut ouvrir le débat. On se rend alors compte que les arguments en face manquent de sens. Beaucoup ne savent même pas ce qu’il y a derrière telle pratique, ou telle interdiction religieuse. Et sans tomber dans le jugement, je ne peux que constater que c’est la masse qui est dans l’ignorance ! Je suis obligé d’avoir du recul, parce que c’est mon rôle, mais j’ai souvent envie de dire aux gens de lire des bouquins, de se documenter. Surtout qu’en France, nous avons les outils pour : il y a des bibliothèques publiques quand même!  Quand je travaillais au service Jeunesse au milieu des années 90, nous avons monter  un forum de discussion sur la religion musulmane. Nous avons fait venir le présentateur de l’émission religieuse du dimanche avec Antoine Spire comme modérateur. Mais ces débats effraient. Et ce sont justement des débats de société. Autant en parler puisqu’ils font parti de la vie de tous les citoyens et peuvent parfois générer des crises, des incompréhensions, un malaise, de mauvaises conditions de vie en collectivité« .

Effets pervers…

…des stéréotypes

Nous sommes à tel point dans les stéréotypes et les clichés que la réalité d’un élu comme Ibrahima Traoré est loin de faire parti des possibles de certains. Comme l’illustre l’agression dont il a été victime le 11 décembre 2018. Agression physique et verbale, alors qu’Ibrahima porte son écharpe d’élu et tente avec d’autres élus communistes d’apaiser la mobilisation des lycéens de Darius Milhaud au Kremlin-Bicêtre. Alors que les jeunes revendiquent… ils ont encore les images des adolescents de Mantes-la-jolie, mis à genoux les mains derrière la tête par les forces de l’ordre. Maintenus hors de leur lycée où le proviseur leur interdit de manifester alors que leurs revendications portent sur Parcoursup, les bourses, le coût de la vie (difficile pour certains parents), les discriminations à l’encontre des élèves de banlieue dans le choix de leur faculté, et le manque d’écoute de leur proviseur. Ce dernier refuse d’ouvrir un lieu pour le débat. Les élèves se retrouvent dehors. La BAC est présente, la police anti-émeute intervient casquée et boucliers avec des lacrymogènes. Les élus demandent aux jeunes de ne pas bouger et de rester en retrait ce qu’ils font. Ibrahima Traoré tente de nouer un dialogue avec la police, demande le motif de leur action, propose de faire autrement. Il se fait alors vilipender «Vous dégagez, sinon on vous embarque». Les lycéens assistent médusés à la scène d’un élu insulté et violenté (mise à terre, clé de bras). C’est le souvenir qu’ils garderont de cette matinée où la violence est venue de la police. Une plainte est en cours. Elle pointe le doigt sur un dysfonctionnement de cette institution qui loin d’inspirer confiance, et sécurité aujourd’hui, fait peur. Pour ce représentant des forces de l’ordre, Ibrahima ne peut pas être un élu. On voit ici à quel point les schémas de pensées gangrènent notre société. Ce policier n’a pas intégré que notre société change et que les élus aujourd’hui sont différents de ceux qu’on a l’habitude de voir : des blancs de plus de 50 ans. Mais les temps changent, nous les faisons changer. La représentativité, le vivre ensemble, l’aspect psycho sociologique s’inscrivent dans l’ADN de cet homme politique nouvelle génération.

 

L’aspect psycho-sociologique…

…décryptage

Ibrahima évoque la particularité du Kremlin-Bicêtre, cette ville qui est la sienne se situe aux portes de Paris. Cette particularité permet selon lui de « dépasser les barrières psychologiques qui isole paris de sa banlieue ». Tel un  psycho-sociologue !

Rebellissime : Pourquoi accordes-tu tant de place à La psychosociologie dans ta vision de la politique ?

Ìbrahima Traoré :  » Plus je fais de la politique, plus je m’aperçois de l’importance de l’aspect psycho-sociologique. Côté politique, pour moi, la finalité n’est pas d’obtenir telle ou telle fonction. L’objectif c’est que le peuple s’empare des outils dans notre ville. C’est mon enjeu. Qu’est-ce qui fait qu’un individu s’enferme dans un statut et refuse d’en sortir ? Et pourquoi, même s’il en sort, cela accentue certaines névroses ? Ce terrain de l’exil, et pas forcément exil au sens éloignement m’interpelle. Beaucoup d’écrivains abordent ce sujet. Aller dans d’autres environnements, sans en avoir les codes et essayer malgré tout. Cela renvoie à ces fameuses questions d’identité qui font débat ces dernières années. L’environnement renvoie à ces questions d’identité« .

Rebellissime :  Finalement quelle est ton identité ?

Ibrahima Traoré : « Elle n’est pas figée en tout cas, toujours en mouvement. Elle est  ma francité, mon africanité. Ma francité se nourrit d’avoir grandit dans les institutions françaises, appris toutes les chansons françaises à l’école, en colonie. Elle se nourrit également et sans mauvais jeu de mots des plaisir de la table, qui font partie de la France et de ses régions. Mon africanité se construit elle de la chance et du privilège d’avoir grandit proche de la culture de mes parents. Avoir pu aller en colonie de vacances au Mali m’a peut-être évité de tomber dans une sorte de schizophrénie. Connaître le Mali m’a permis de comprendre que j’ai une part de francité et une part d’africanité. Quand je vois tous ces jeunes qui ne connaissent ni le pays d’origine, ni même la région d’origine de leurs parents ou grands parents. La problématique est la même: la question de l’identité! »

 C’est d’autant plus difficile lorsque l’autre te renvoie à ce pays ou cette région que tu ne connais pas !

Rebellissime : Pourquoi ne te perçoit-on  pas comme un homme politique ?

Ibrahima Traoré : « Je ne me perçois pas  moi-même comme un homme politique, mais comme un citoyen qui se mêle de la vie de la cité. Sans fausse modestie. Mon engagement se construit ainsi. En tant que citoyen, je m’engage dans la vie des institutions, pour voir comment elles fonctionnent et comment faire en sorte qu’elles soient au service des habitants et particulièrement au service de ceux qui en sont le plus éloignés. N’oublions pas que des gens  se sont battus, sont morts pour que nous bénéficions de ce système. Il n’est peut-être pas parfait, mais il est beau, et  a le mérite d’être là ! A nous de l’améliorer. Notre rôle consiste à intéresser les citoyens à ce système et ses institutions. A chaque élection, je regarde le taux de participation, et constate que les gens participent de moins en moins. Cela signifie que note démocratie va mal et cela relève de notre responsabilité à nous tous élus, par nos postures, nos comportements. C’est aussi un peu de la faute du citoyen qui laisse un peu trop faire. Du coup, il ne prend pas le pouvoir. C’est parfois même l’administration qui prend le pouvoir sur les citoyens mais aussi sur la démocratie. Dans notre pays, nous avons de hauts fonctionnaires, qui prennent des décisions, comme s’ils étaient les garants de la démocratie. Alors que ce seuls les élus au suffrage universel devraient prendre les décisions. Les élus représentent le peuple et sont censés décider en son nom. Et parfois même, ces élus devraient pouvoir exprimer leur méconnaissance d’un sujet. C’est politiquement incorrect et pourtant, c’est la seule manière, celle qui mène à chercher les personnes compétentes avec qui en débattre et trouver des solutions.  Faire semblant, ne fait pas parti du rôle d’un élu, selon moi ! »

Rebellissime : Aller chercher les possibles serait une bonne définition de ta mission en politique ? 

Ibrahima Traoré: « Cela fait partie de mes objectifs mais ce n’est pas le seul. Je parle pour ma ville, mon territoire, mon canton, il y a des convergences à créer. Je suis très attentif aux lieux qui peuvent créer cette convergence. Nous vivons non pas avec les autres mais aux côtés des autres et de ce point de vue, il est très important d’identifier des lieux de convergence. Je pense aux crèches, aux écoles où parents et enfants se côtoient mais également aux associations sportives… Ensuite, on constate qu’un clivage se crée, sans  trop que l’on comprenne pourquoi mais cela nous renvoie tous à notre individualisme. Je ne critique pas. C’est légitime de vouloir le meilleur pour ses enfants. Souvent c’est la société même qui nous y oblige. Mais quand les clivages arrivent, nos enfants ne se côtoient plus. Ils ne vont plus dans leur établissement de secteur. Donc, nous avons grandi ensemble, nous vivons dans le même quartier mais nos enfants ne fréquentent pas les mêmes écoles, les mêmes associations sportives… Nous avons pu éviter de tomber dans  un certain déterminisme, mais on se sépare ! Or, côtoyer des enfants de diverses origines sociales c’est enrichissant pour nos enfants. Cela oblige à se questionner. Si eux se sentent bien dans leur établissement de secteur et que celui-ci leur offre le même niveau, les mêmes opportunités alors on a tout gagné. Vouloir le meilleur pour nos enfants peut nous entraîner à l’évitement et nous devons nous questionner sur ce sujet ! Le meilleur c’est aussi créer un collectif, une société meilleure et tous ces sujets sont très délicats. Retirer nos enfants des établissements de secteur c’est créer des ghettos et des ghettos de chaque côté ».

Rebellissime : Bizarrement, tu parles de ghettos, mais dans les quartiers chics on s’approprie les codes de la cité, qui sont souvent liés au mouvement hip hop. C’est d’ailleurs cette même musique qui fait aujourd’hui le plus de vente et de téléchargement chez les jeunes 

Ibrahima Traoré : « Si les jeunes s’approprient ces valeurs, regardons-les de plus près. Les codes et les valeurs du hip hop à la base : le respect, le partage, l’unité. Les quartiers populaires ne se sont d’ailleurs pas, à mon grand regret, assez saisis de cette culture là. Parce qu’on peut craindre, à l’instar des Etats-Unis que le mouvement soit récupéré par le capitalisme, comme le déplorent de nombreux rappeurs plus engagés. Pour en revenir à la mixité, elle n’existe que dans un certain milieu élitiste d’un côté et dans les quartiers populaires, elle n’existe que dans les milieux underground. Ces deux pôles se côtoient et s’éloignent à la fois. C’est paradoxal« .

Rebellissime : Comment expliquer tant d’inégalités, et l’écart qui se creuse de plus en plus  ? 

Ibrahima : « On entre dans l’inconscient, la reproduction sociale. Les gens protègent leurs intérêts et j’ai envie de dire que c’est humain. Le groupe dominant, inconsciemment craint de perdre sa position aide à se retrouver à la place du dominé. Mais cette position n’est pas une fatalité, ni la seule envisageable. Ne peut-on pas la réinventer ? Frantz Fanon a écrit sur cette peur qui génère le préjugé ou le racisme. Le dominant  ne veut pas subir ce qu’il fait subir à son dominé. Il a peur que le dominé reproduise son comportement de dominant. Mais pourquoi le ferions-nous forcément ? Il y a d’autres possibles. Or, on ne parle pas de ces possibles, de ces nuances. Et ce n’est pas aisé de parler de ces préjugés. On nous rétorque facilement que nous avons une vision binaire de la situation. Mais non, rien de binaire dans ce que je peux ressentir, c’est bien une réalité. J’aime bien pour mettre en lumière ce débat, prendre l’exemple des femmes. Ma fille me fait parfois remarquer que j’ai des comportements sexistes. Et quand j’y réfléchis, elle a raison.  Parce qu’en tant qu’homme, je suis dans le groupe des dominants. Et je suis sexiste sans m’en rendre compte. Un automatisme tout simple, quand j’ai face à moi deux interlocuteurs, je m’adresse d’abord à l’homme. Ce sont tous ces automatismes qu’il faut déconstruire. On peut déjà pointer ces déséquilibres pour reconstruire. C’est compliqué de reconnaître ses propres travers. Ces derniers peuvent venir de l’éducation, de l’environnement social, de l’information…« 

La route est longue. « La route est dure, elle est sinueuse, la route est pleine d’embûches Elle n’est pas sûre, elle est tortueuse, alors des fois je trébuche. Mais vaille que vaille je vais de l’avant, Arsenik trace ta route lâche pas ton plan » Ärsenik feat. Janik, Un monde parfait. (Quelques gouttes suffisent)

La politique…

… autrement 

Ibrahima Traoré est membre du groupe Groupe Val-de-Marne Ensemble – Parti Communiste Français – Front de Gauche – La France Insoumise… Cependant, il n’appartient à aucun parti politique. Faire de la politique sans parti, être apolitique mais défendre des convictions, nous voici face à une nouvelle génération de femmes et d’hommes politiques.

Rebellissime : Comment peut-on faire de a politique sans avoir de parti ?

Ibrahima Traoré : « J’ai la particularité de ne pas être encarté. Je suis proche des communistes mais je n’ai pas ma carte du parti ! Je n’ai pas de parti, j’aime à dire que mon seul parti c’est la France ! J’ai ma carte d’identité et cela me suffit pour participer à la vie citoyenne. Mes idées font que je me sens plus proche des idées de gauche que les Communistes portent, en tout cas que ceux de ma ville portent ! Voilà pourquoi naturellement, je me suis retrouvé proche d’eux. Ne pas avoir de parti politique, c’est à la fois difficile et source d’une grande liberté. Cela ne me dérange pas de m’inscrire dans la discipline de groupe d’un parti qui peut parfois fonctionner de manière un peu centralisée. Mais, je tiens à mes propres idées et je tiens surtout à pouvoir les revendiquer. Pour moi, c’est cela aussi la démocratie. C’est logique de discuter, de se disputer même et de pouvoir trouver un terrain d’entente. Il est également vrai, que je n’en serai pas là aujourd’hui, sans parti. Sans cet appareil, il est très difficile d’aspirer à des postes à responsabilité. Le destin peut-être aussi fait que j’ai croisé la route de responsables politiques qui avaient confiance en moi et à qui cela ne posait pas de problème que j’ai ou non une carte

Rebellissime : Crois-tu que l’on peut encore faire de la politique par conviction ? Sans casseroles ? 

Ibrahima Traoré : Quand mes convictions ne porteront plus, j’arrêterai. Je vois effectivement des pratiques qui me dérangent. La seule qui aurait pu me polluer, j’y ai mis un terme. Il y avait des suspicions sur mon maire qui nous a menti politiquement. J’ai pris la décision de partir, de quitter le conseil municipal. Cela ne se fait pas en politique normalement. Même dans le groupe communiste auquel j’appartiens ! Mais je ne peux pas laisser  mon éthique et ma morale entachées. Je ne demande à personne de me suivre, mais pour moi, je ne pouvais pas rester. 

Rebellissime  : Ta génération a grandi baignée par le concept du vivre ensemble. Est-ce que c’est aujourd’hui ce que tu vis dans la sphère politique ? 

Ibrahima Traoré: Ma vision du vivre ensemble se définit dans le quotidien: partager avec des personnes de cultures et de traditions différentes. En politique, le vivre ensemble, est un bien grand mot ! (rires). Il se situe plus dans l’action politique que l’on veut mener que dans la réalité de la sphère politique. En revanche, au niveau des élus, des élites politiques, effectivement, ce n’est pas tout à fait une réalité. Ce que j’ai vécu, dans mon quotidien, ayant grandi dans un quartier populaire, avec des personnes aux origines, aux parcours différents : un Charentais, un français d’origine marocaine, un kabyle, un Arménien, un Guadeloupéen, un Tunisien… nous vivions tous ensemble avec comme socle notre francité ! Nous nous sommes imprégnés les uns et des autres, sans se perdre, en conservant notre propre identité. Mais ce vécu, ce qui m’a construit, mon quotidien,  qui est celui de beaucoup de Français, je ne le retrouve pas en politique ! Soyons franc,  je ne retrouve pas dans le monde politique ce qu’est la France. Pourtant en voyageant dans différents pays, je réalise que la mixité de notre pays est unique. Une telle diversité de richesses nous offre de grandes opportunités pour l’avenir. Bientôt, il sera impossible de définir physiquement un Français.  La place géographique et l’histoire de notre pays fait qu’il y a un brassage qui n’existe nulle part ailleurs ! J’étais à Rome dernièrement. Oui, parce qu’avec ma femme d’origine italienne, nous formons un coule mixte ! En Italie, je ne suis pas identifié comme un Français. Soit je suis un noir américain qui a les moyens d’aller dans les restaurants, dans les musées soit je suis un migrant, ou un vendeur à la sauvette ! Dans la construction mentale des Européens, je  ne peux pas être défini comme français ! Ce qui questionne sur la représentativité !

Rebellissime : Quel impact le manque de représentativité a-t-il dans la société ? 

Ibrahima Traoré : « Il peut expliquer en partie le manque d’investissement et d’intérêt des citoyens dans la politique. Mais il n’explique pas tout. On peut se retrouver dans une personnalité politique, mais il faut aussi être acteur. Nous sommes tous des êtres humains capables de se mettre en mouvement. Avoir un ou une leader, c’est bien, mais cette représentativité doit enclencher un mécanisme dans lequel, on ne subit plus la vie politique au quotidien, où l’on ne se contente plus de la consommer au quotidien, mais où on agit. Je place plutôt le déséquilibre dans un rapport dominant /dominé. On pourra mettre quelqu’un de représentatif de la population, cela a été fait aux Etats-Unis, mais pour autant cela ne fait pas disparaître les inégalités. Le problème est donc plus complexe et ne repose pas que sur le manque de représentativité. La problématique serait plutôt de faire en sorte que dans un collectif, des individus se mettent en mouvement. Il y a des possibles chez les êtres humains. Je ne me serai pas engagé en politique si je ne croyais pas en l’être humain. A nous d’aller chercher ces possibles« .

Des sujets…

…chauds bouillants

Rejeter la faute sur les jeunes, la banlieue, l’immigration… c’est du passé. Celui de la politique qui divise et ne sert que ses propres intérêts. Cela ne prend plus et c’est surtout très  faux, très loin des vrais problèmes à traiter. De vrais sujets qu’Ibrahima Traoré pointent du doigt sans langue de bois.

Rebellissime : Quels sont les sujets qui te tiennent actuellement à coeur ? 

Ibrahima Traoré : Celui du deal dans les quartiers… Beaucoup de films, d’émissions, de séries télévisées traitent de ce sujet. Doudou Masta joue d’ailleurs dans  La Commune, une super bonne série. J’aurai aimé qu’après sa diffusion, il y ait des débats. Parce que cette série pose une multitude de questions de société. Comme The wire sur écoute, qui montre comment toutes les communautés à Baltimore peuvent ou non basculer. J’en reviens toujours à l’éducation. C’est important de créer des espaces de débats au sein de la population. J’aimerai en créer. Mais comment y faire venir les gens ? C’est à réfléchir. Et comment continuer à regarder nos jeunes talentueux gâcher leur avenir ? Nous sommes souvent dans l’hypocrisie en n’abordant pas les sujets qui posent question dans notre société. 

Rebellissime : Lesquels ?

Ibrahima Traoré : « Par exemple la question de la sexualité, de la place de la femme, une question à laquelle toutes les villes sont confrontées mais jamais abordée. Or, il y a de plus en plus de jeunes filles dont le moyen de contraception est l’avortement ! C’est un constat de recul. Pour en avoir parlé avec des professeurs et des parents, je ne peux que déplorer et m’inquiéter de la situation. Je le répète, il faut aborder ces sujets ! Dans ma jeunesse, nous avions les planning familiaux, on nous sensibilisait ses sujets, même s’il y avait du retard et que nous n’avions pas vraiment eu d’éducation sexuelle. Quand Najat Vallaud Belkacem a lancé son Abécédaire, il y a eu un mouvement de rejet violent. Je recevais des SMS m’alertant du fait que qu’elle voulait apprendre à nos enfants à se masturber.  Il était juste question de dire qu’un garçon peut jouer avec une dinette et une fille avec des voitures ! On est à l’école ! Vous préférez que nos enfants apprennent la sexualité à travers les films pornographiques ? Non ! Evidemment. C’est parce que ces sujets sont gênants qu’il faut en débattre !  La sexualité relève de notre intimité, nous sommes d’accord, mais si on n’éduque pas les gens à la sexualité, on va se retrouver avec des phénomènes de viols, ou encore comme on le voit actuellement des jeunes de cités qui vendent des jeunes filles ! »

Rebellissime : Un autre sujet d’actualité ? 

Ibrahima Traoré : « Malheureusement, trop peu médiatisé ! Et je crains que si les médias abordent le sujet, ils pointent du doigt les jeunes de cités !Ces jeunes filles ne se rendent même pas compte qu’elles sont victimes.   Le véritable problème réside dans  l’éducation. Pourquoi ? Parce que nous entretenons une certaine image de la femme. Les jeunes filles pensent que c’est leur choix, elles le font pour s’acheter un sac, du maquillage, et puis, elles tombent dans le piège. Derrière ce phénomène, il y a non seulement le manque d’éducation mais également le capitalisme. Le Monde parle de l’Effet Zaïa. Je fais la prostituée quelques temps et après je vis tranquille. C’est ça que l’on arrive à mettre dans la tête de nos enfants ! C’est ce type d’exemple de vie que l’on veut ? Si nous ne lançons pas le débat, on ne peut pas traiter ce problème ! L’éducation sexuelle est un vrai sujet de société. Chez les jeunes hommes la frustration s’installe parce qu’ils ne peuvent parler à personne de ce qu’ils ressentent à la puberté. Il n’y a pas de lieu, d’interlocuteur pour échanger. C’est pour cela que j‘insiste sur l’importance de l’éducation dans le cadre familial, mais force est de constater que quand cette éducation est défaillante, la société n‘offre aucune alternative. Nous avons là, un rôle à jouer puisque nous connaissons les sujets sensibles. Les jeunes hommes dont je parle, ne voient pas le mal dans ce qu’ils font. Ils appellent ces jeunes filles des escort girls. C’est devenu une normalité. C’est la banalisation du mal dont parle Hannah Arendt Philosophe allemande auteure de La Crise de la Culture. Il y a vraiment de quoi s’inquiéter et si on ne prend pas les choses à bras le corps, c’est toute une génération que l’on abandonne ». 

Rebellissime  : Comment peux-tu agir à ton niveau ? 

Ibrahima Traoré : « En tant que conseiller départemental, j’agis avec Fatiha Aggoun qui s’occupe des questions d’égalité femme/homme. Elle est donc très affûtée sur cette question. Sociologiquement, je connais ma ville et sais qu’il y a beaucoup de familles monoparentales composées de mères seules. Il faut donc accompagner au mieux ces mères pour qu’elles-mêmes puissent accompagner au mieux leurs enfants, et particulièrement leurs filles. A ma permanence, il m’arrive d’orienter une mère vers un espace de parole,  où elle pourra échanger sur ce sujet avec d’autres parents, des spécialistes… Mais encore faut-il que ces espaces existent et c’est bien à nous élus, de les faire construire. A mon petit niveau, je vais aussi conseiller de lire tel ou tel livre. Je pose des graines, j’essaie d’accompagner au mieux les familles qui sont dans la difficulté. Le souci, c’est que les personnes arrivent suivent devant moi, alors qu’ils sont souvent en bout de course. J’aimerai pouvoir agir plus tôt, prévenir ! En tant qu’élu , j’essaie de soulever ces questions, mais ce n ’est pas évident, ça avance trop lentement, mais cela avance ! Tous les jours, nous devons pointer ces problèmes. Je garde espoir parce que j’ai été élevé par des filles, tout le temps dans leur  chambre !  Ma mère était une féministe sans s’en rendre compte. Elle nous rappelait que nous n’avions pas de bonne derrière nous. Au quotidien, les garçons participaient aux tâches ménagères. Cela m’a permis de me rendre compte très tôt des inégalités hommes/femmes dans notre société patriarcale. Agir au quotidien, c’est très important. Mon parcours me rend plus attentif, plus réceptif à certaines situations. Trouver les mots, déceler certaines situations, pour libérer la parole. Je me questionne toujours pour essayer de comprendre. J’essaie de faire en sorte que les personnes soient actrices et moteur de leur solution. Je crois en la résilience. Nous avons tous la capacité de rebondir.  La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! « 

QUESTIONS REBELLISSIME

Qui est ton rebelle préféré et pourquoi ? 

Ibrahima Traoré : « J’ai récemment découvert James Baldwin, et j’aime son côté rebelle. A travers la littérature, un domaine dans lequel j’ai conscience d’avoir beaucoup de carence, il fait partie de ces auteurs qui m’ont réconcilié avec la littérature et son utilité politique. Il fait parti de mes rebelles préférés avec Edouard Glissant, que j’ai eu la chance de rencontrer et qui est d’une autre teneur. James Baldwin ouvre tellement de champs, que je n’ai pas fini de découvrir. Pour moi, c’est cela être un rebelle, c’est questionner la société en permanence, naviguer dans des milieux différents, ne pas avoir peur de se mettre en danger, de se questionner… C’est mon rebelle préféré« .

Que t’inspire l’interculturalité ? 

Ibrahima Taroré: « Cela m’inspire des passerelles, des rhizomes : des racines transversales, horizontales, verticales, qui se déploient partout. Comme les structures d’une cellule. L’interculturalité crée des passerelles.

Ce qu’ils disent de lui…

Fatiha Aggoun est conseiller départemental du Val de Marne, en charge de la délégation Jeunesse, de la vie associative, de l’observatoire de l’égalité, de la lutte contre les discriminations, des droits humains et des droits des migrants, pour le canton du Kremlin-Bicêtre.

 

Diaka, sa grande soeur

Deux trois mots pour le définir : « intégrité, humilité, toujours prêt à aider son prochain »

Que t’inspire son engagement politique ? « Quand tu vois d’où il est parti,  et a évolué jusqu’à en arriver là… pour moi, ce n’est pas par  hasard ! Il a un potentiel qu’on est venu cherché. Arriver à son niveau, sans bagage, c’est un parcours atypique. Je pense aussi qu’il  est très très courageux de s’engager en politique. J’admire son engagement envers les citoyens parce qu’il est sincère ! »

Quel lui souhaites tu ? « D’aller jusqu’au bout de son engagement et qu’il parvienne à réaliser ses objectifs« 

Tidiane, son fils 

Deux trois mots pour le définir : « Patient, à l’écoute« 

Que t’inspire son engagement politique ? « ???»

Que lui souhaites tu ? « D‘évoluer en apprenant plus de choses encore et d’être heureux ! »

 

Fatiha Aggoun, sa binôme en politique

 

Deux trois mots pour le définir : «Ibrahima est un homme sincère, déterminé et généreux.

Que t’inspire son engagement politique ? « Du respect de par son parcours de vie mais aussi par son humilité ».

Que lui souhaites tu ? «Avant tout, tout  le bonheur du monde. Qu’il soit épanoui dans sa vie personnelle et d’élu. Et je lui souhaite aussi de belles victoires ».

 

 

Marion, sa compagne : 

Deux trois mots pour le définir : « Calme mais habité ! Empathie, générosité, résilience»

Que t’inspire son engagement politique ? « Ibou s’est engagé sans aucun « plan de carrière », seulement la volonté de porter des idées et de le faire de manière originale parce qu’il le fait en ayant le parcours qu’il a eu donc différent de la plupart des élus. Je suis fière de lui mais parfois inquiète car il ne menage ni son temps ni son énergie au détriment de son équilibre (santé, sommeil, famille, sport etc.)bien souvent… et parfois les réactions de certaines personnes peuvent le blesser profondément (par exemple un qui Veut un logement mais ne comprend pas que c’est le Maire qui a la main sur les attributions et non Ibou !) »

Que lui souhaites tu ? « De s’accomplir , de réussir à créer des espaces pour que les citoyens puissent construire ensemble et en respect les uns pour les autres des projets novateurs pour habiter la ville, le département, d’être fier de lui! »

Kiara, sa fille : 

Deux trois mots pour le définir : «Calme, solennel, drôle, personnel »

Que t’inspire son engagement politique ? «Je suis contente qu’il fasse quelque chose pour aider la communauté et améliorer les choses. Cela donne envie de s’engager à son tour pour participer à son échelle aux changement à apporter à la communauté. J’ai envie de changer les choses en quelque sorte, faire une différence, me battre pour une cause ».

 Que lui souhaites tu ? « J’espère qu’il arrivera à prouver que l’obtention de diplômes n’ai pas forcément nécessaire pour faire une différence, que les gens verront à leur juste valeur ce qu’il fait pour eux et également qu’il soit réélu au conseil départemental pour continuer ses projets »

 

Alain Desmarest, ancien conseiller départemental du Kremlin-Bicêtre et de Gentilly

ancien 1er vice président du conseil départemental du Val-de Marne, ancien adjoint au maire du Kremlin-Bicêtre

Deux, ou trois mots pour le définir : « Ibrahima TRAORE est de mon point de vue un OPNI (Objet Politique Non Identifié). Non pas qu’il n’ait aucune conviction, ni engagement politique, bien au contraire, mais parce qu’il est une très belle originalité dans un milieu ou la diversité culturelle, des origines sociales est plutôt une chasse gardée des couches moyennes et supérieures, et très excluante des milieux populaires. Vous en connaissez beaucoup des élus départementaux issus d’une famille nombreuse d’origine malienne, élevé dans la cité populaire des Martinets au Kremlin-Bicêtre? »

Ibrahima a une force irrésistible, celle de considérer que rien n’est impossible. Surtout pas de réussir sa vie, de prendre pleinement sa place dans la société, et d’y jouer un rôle moteur.

La soif d’apprendre, il l’a ressentie à l’adolescence , pour rattraper le temps perdu en primaire, et il n’a eu de cesse désormais de se nourrir de poésie, de philosophie, de littérature et de sport, de valeurs politiques révolutionnaires. Il a rencontré des hommes, des femmes qui ont cru en lui, mais c’est à la force de sa volonté qu’il a conquis sa place« .

Que vous inspire son engagement politique ? : « Beaucoup de respect et de joie. 

Je suis fier de voire qu’il poursuit avec réussite sur notre canton et au département un beau combat que nous avons mené depuis des années. Je l’ai rencontré il y a déjà de nombreuses années, et j’ai vite vu qu’il avait les qualités pour jouer un rôle politique, au sens de représenter la diversité des milieux populaires, et tous les citoyens dans leur diversité. Il est un compagnon de route du PCF, sur la base de ses plus belles valeurs de justice sociale, d’émancipation, de réussite de tous, et d’engagement pour un monde meilleur ou les banques, les milieux d’affaires, les capitalistes ne dirigeront plus notre monde, nos vies et celles des peuples.

La politique quand elle n’est pas trahie par des individus qui l’utilisent pour leur seul intérêt ou celui de leur classe est noble. Ibrahima fait partie de ceux qui considèrent qu’il ne faut plus la laisser entre les mains des politiciens et des puissants. Il a à cœur de nourrir son action de la richesse de ses multiples contacts, rencontres dans les rues, les quartiers, et de la richesse de la parole citoyenne: sans jamais oublier sa culture, ce que lui ont apporté ses parents, sa famille, ses amis, ses compagnons de route communistes ou non ».

Que lui souhaitez-vous ? : « Je lui souhaite de ne jamais baisser les bras dans un monde ou la lutte contre les puissants est souvent violente. De ne jamais baisser les yeux face aux politiciens de la vieille droite et de la vieille gauche, même s’ils ont fait de hautes études et parlent bien.

De ne jamais perdre sa proximité avec ses origines, avec les gens, le sens et les valeurs de son engagement. De ne jamais perdre son sourire, sa disponibilité et sa bonne humeur.

Je lui souhaite le meilleur, il est encore à venir ».

Ibrahima Traoré, Fatiha Aggoune, Alain Desmarest, Marion, Diaka Traoré, Makha Diabira et Virginie Legourd.

                                                                                                                                                                  Le 1er mars 2019