Dans un souci de précision, nous rappellerons que l’affaire Pierre Palmade a commencé le 10 février 2023. C’est tout ce que nous en dirons. Vous n’avez probablement pas besoin qu’on vous rabâche l’histoire de cet humoriste connu, impliqué et auteur d’un dramatique accident de voiture.
La presse en parle assez comme ça. Exit les milliers de morts entre la Syrie et la Turquie. Exit la guerre en Ukraine et ses enfants déportés. On ne parle plus que de cette malheureuse affaire. Oui, cet accident de la route a des conséquences désastreuses qui auraient pu être évitées si le conducteur n’avait pas conduit sous l’emprise de stupéfiants.
Mais n’est-ce pas le cas de milliers de Français chaque jour ? Il y a tout de même 1,2 million de consommateurs réguliers de cannabis dans notre pays… Et on sait que le THC reste plusieurs jours dans le sang.
Sans parler de l’alcool, en vente libre qui est responsable d’un accident mortel de la route sur 3. Toujours selon les chiffres de la Sécurité Routière, le risque de provoquer un accident mortel est multiplié par 17,8 lorque le conducteur consomme de l’alcool.
Et que dire des médicaments qui entraînent des somnolences, sous l’effet desquels il est déconseillé de conduire un véhicule ?
Nous profitons donc de l’affaire Pierre Palmade pour rappeler les fondements d’une presse de qualité et mettre nos lecteurs en garde contre les dangers des réseaux sociaux, des propos tenus sans vérifications des sources, sans emploi du conditionnel… Tout ça pour faire le buzz !
L’affaire Pierre Palmade : un constat alarmant sur la vacuité des contenus publiés en ligne
Impossible de passer à côté de l’affaire Pierre Palmade. Mais nous n’avons pas regardé pour nous rincer l’œil. Savoir que l’homme a avalé un café à 7h03 ce matin-là ne nous aidera pas à nous coucher moins bêtes ce soir… De même : quelle était l’utilité de filmer la pharmacie dans laquelle il achetait ses seringues ? Tentant de nous tenir à l’abri de ces informations-parasites, nous avons analysé le comportement des personnes qui parlaient de l’affaire, face à des milliers d’internautes. Cela soulève bien des questions.
Attention aux réseaux sociaux : la haine et la subjectivité font cliquer… rarement pour les bonnes raisons
Premier visionnage de Touche Pas à Mon YouTube
Un homme d’une trentaine d’années réagit devant Touche Pas à Mon Poste, l’émission animée par Cyril Hanouna et consacrée presque exclusivement, ces 15 derniers jours, à l’affaire Pierre Palmade.
Il semble en mauvaise santé, suite à un accident de la route dit-il face caméra. Il a des vertiges, mais tient à s’exprimer sur cet événement. Son vécu, son cadre de référence, son Umwelt sont évidemment imprégnés, d’une manière ou d’une autre par cet accident dont il a été victime. Il n’est pas objectif.
Et on est content de terminer…
Il réagit à un moment en disant qu’au vu de la légèreté des peines de prison en France, les familles des victimes ne se porteraient pas plus mal si Pierre Palmade se suicidait. Ce ne sont pas ses mots exacts.
À 17’54 », l’enfant de 6 ans, actuellement dans le coma et défiguré est tout de même singé « ah tu vois, il a rien dit [face aux questions du tribunal] ». En même temps, sa mâchoire, elle est fracassée ».
L’homme suggère pour finir de penser à une « machine à remonter le temps » qui remette, je cite, « enfourne » le bébé décédé dans le ventre de sa mère.
Quelle indécence. Ce contenu est visible par des milliers de personnes. Ce YouTubeur a 90 000 abonnés… Comment peut-on publier de telles choses au nom de la liberté d’expression ? Quel est l’intérêt de publier des contenus haineux, qui susitent la passion des internautes, mais finalement, ne nous apporte rien de bon ?
C’est très inquiétant. Nous tenons donc à remettre simplement la barre sur les T, les points sur les I. Reprenons ensemble les bases d’un journalisme de qualité. D’accord les YouTubeurs et plus généralement les influenceurs sur des réseaux sociaux ne sont pas journalistes… Ils ne sont tenus par aucun code de déontologie professionnel. Ils ne diffusent donc pas d’information mais du contenu. C’est comme croire qu’il y a zéro taux de mortalité à Dubaï parce Kim Glow l’affirme…
L’affaire Pierre Palmade : l’antithèse d’un bon travail journalistique ?
OK, les influenceurs, l’information, ce n’est pas leur job. En revanche, les journalistes si… Malheureusement, avec des affaires comme celle de pierre Palmade, nous n’assistons pas à course à l’information mais à la course au buzz.
On vous rappelle les bases…
La charte du journalisme, éditée par la SNJ en 2011 définit l’activité comme suit « rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité. »
Cette charte est complétée par la Charte de Munich, adoptée par les pays de l’union européenne. Elle permet notamment aux journalistes de ne pas citer leurs sources. En contrepartie, ces derniers ont plusieurs devoirs :
- « Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même »
- « Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique. »
- « Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent. Ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents. »
- « Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents. »
- « S’obliger à respecter la vie privée des personnes. »
- « Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte. »
- « Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement. »
- « S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information. »
- « Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs. »
- « Refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction. »
Et donc, l’affaire Pierre Palmade dans tout cela ?
On a beau chercher, on ne voit rien de tout cela dans l’affaire Pierre Palmade. Pour le respect de la vie privée, cet homme repassera. Il en va de même pour ce qui est de l’information de qualité. La diffamation par exemple. Il n’a pas encore été jugé sur les images à caractère pédopornographiques qui auraient été retrouvées chez lui. De quel droit peut-on en parler comme si c’était avéré, alors même que le journaliste n’a probablement pas vu de ses yeux ladite vidéo qui montre Pierre Palmade en train d’agir ainsi. Et même s’il l’a vu : une vidéo, ça se truque. N’importe qui peut le faire à l’heure actuelle.
Tant qu’un jugement n’a pas été déposé, qu’il n’y a pas un témoignage direct et à moins qu’un homme de droit ne s’exprime, il n’est pas possible de diffuser des informations non-vérifiées et dont l’objectif n’est, clairement que d’attiser la haine.
Nous tenions à attirer votre attention et vous remercions de votre vigilance sur tout ce qui entoure l’affaire Pierre Palmade, ainsi que sur le reste.
Aucun psychologue ni sociologue semble ne s’être exprimé sur le sujet. Cet intérêt malsain pour ces vies brisées serait-il de l’ordre du voyeurisme, de la curiosité malsaine ? Une jalousie refoulée qui, enfin, s’exprime ? Laissez-nous des commentaires si vous avez des réponses constructives à ces questions.