Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les droits des enfants ne sont pas toujours respectés et ce, en dépit du fait que nous soyons en Europe. C’est ce que nous allons voir dans cet échange sans langue de bois avec le président de l’association belge Parents Enfants l’Amour Familial.

En France ou en Belgique, les professionnels qui travaillent dans le milieu associatif, social et médical le disent : notre système, a minima, pose question. Certains, comme Monsieur Joshua Weidner, président et fondateur de l’association Parents Enfants l’Amour Familial vont même plus loin lorsqu’ils parlent des placements abusifs en Belgique : « c’est un kidnapping en bande organisée, passible de 30 ans de prison et d’un million d’euro d’amende. »

Il dénonce notamment des femmes forcées de divorcer pour rester dans des foyers mères-enfants. La menace ? Placer leur enfant si elles s’enfuient. Ces homes (foyers d’accueil mères-enfants) auraient à l’époque reçu en contrepartie de généreuses enveloppes (5 millions d’euros en 2002). « C’est de la séquestration » dénonce Joshua Weidner.

Nous mettons au conditionnel pour une raison simple : aucun élément ne prouve cela, aucun fait n’a été jugé ni même relayé dans les médias. Le parti DéFI* met toutefois en évidence le caractère abusif de nombreux placements.

Impossible de ne pas comparer, avec l’omerta, les dysfonctionnements relevés en France. Nous sommes un pays de râleurs, c’est bien connu. Alors, nous nous sommes demandé : comment améliorer les choses ? N’est-ce pas l’occasion, pour une fois, de réfléchir en bonne intelligence avec nos voisins et de voir ce qui cloche à échelle européenne ?

Le docteur Judith Trinquart participera, elle aussi, à ce débat. Avec l’espoir que cet article provoque une discussion au sein des entités étatiques belges, françaises… européennes. Car c’est tout l’objet de cet article : susciter une discussion, un échange constructif, faire avancer les choses.

Droits des enfants en Europe : comment ça se passe en Belgique ?

Nous échangeons longuement avec Joshua Weidner. Nous comparons les différences entre nos deux pays et en venons à la conclusion que des problèmes similaires étaient constatés en France, en Belgique, mais aussi en Suisse, en Suède et en Espagne. L’article Aide Sociale à l’Enfance : quelle rentabilité pour les enfants placés ? en faisait mention.

Le pays a, lui aussi, fait l’objet d’un scandale. La seule limite serait, selon Joshua Weidner, « la mise en lumière médiatique n’a pas été aussi forte en Belgique qu’en France, mais nous, en Belgique, sommes allés plus loin administrativement parlant ». Pourquoi par exemple en France, personne n’est-il allé voir le ministère de la Justice ? Peut-être un projet à venir ?

Première question : comment ça se passe au niveau des financements ?

Le mot-clé récurrent de notre début de conversation se résume en un mot : « flou ». Les chiffres officiels « ne partent de nulle part ». Selon le président de l’association Parents Enfants l’Amour Familial, les données ne se rapportent à aucune source fiable, comme ça semble être le cas en France par exemple. Le budget alloué à la protection des enfants est décrit comme « dépourvu de recette propre ».

« Le Ministre de la Justice n’a pas la possibilité de nous apporter des chiffres. »

Joshua Weidner

Droits des enfants : quelle solution à ce manque de moyens ?

L’homme réfléchit un moment et répond qu’il « faudrait analyser l’argent dont on a besoin pour faire fonctionner les structures et surtout, mettre en place un système de contrôle neutre ». Monsieur Weidner frappe à toutes les portes : seul, personne ne l’écoute. « Nous avons interpellé tous les SPJ* de Belgique ». Il n’a à ce jour, reçu aucune réponse.

La solution est peut-être là : s’unir, pour que tout cela s’arrête.

« En France, les associations se font la guerre entre elles », regrette Joshua Weidner. Une synergie serait pourtant tellement plus profitable aux victimes…

Le Roi et la Reine de Belgique ont-ils connaissance de ces faits de « kidnapping » dont vous parliez ?

« En Belgique, on nous fait croire qu’il est possible de faire part de ses petits tracas au Roi et à la Reine. En réalité, les courriers arrivent dans les mains d’un professionnel qui filtre les récriminations contre les services sociaux. Une véritable barrière. Ainsi, le Roi et la Reine ne sont au courant de rien. »

Pourquoi une telle inertie en la matière ?

« Si ces crimes n’étaient le fait que d’une minorité, il suffirait de pas grand-chose pour tout changer. Or, ici, ça a l’air d’être la majorité qui agit ainsi. Il est donc beaucoup plus compliqué de faire bouger tout un système. Leur silence cautionne la maltraitance institutionnelle qu’on constate tous les jours. » explique Joshua Weidner.

Comment les services de protection de la jeunesse belges sont-ils répartis ?

Il y a deux actions pour protéger les mineurs en Belgique :

  • Le SPJ, le Service de Protection de la Jeunesse, qui intervient lors des situations de danger. Pour être précis, quand un enfant est « réellement en danger ». Sauf que la notion de danger n’est clairement définie dans aucun texte de loi. Il n’y aucun cadre. Nous demandons « N’est-ce pas là la porte ouverte à toutes les dérives ? ». Notre interlocuteur acquiesce.
  • Le SAJ, le Service d’Aide à la Jeunesse qui équivaut à notre AEMO* française. Problème encore soulevé par Joshua Weidner : « Les SAJ sont rarement là pour ceux qui ont besoin d’être aidés. »

« Les familles belges sont en danger ! La justice devient maltraitante et dangereuse ! »

Joshua Weidner

Droits des enfants : le désespoir d'un père
Comment respecter les droits des enfants dans ces conditions ?

Droits des enfants : la docteur Judith Trinquart donne l’alerte sur le système français

Nous sommes parallèlement au cœur d’une enquête sur les victimes d’inceste et de violences sexuelles intrafamiliales.

Dans ce cadre, nous avons interrogé Dr Judith Trinquart, Médecin légiste, Addictologue, Santé Publique, Psychiatre, membre du CA Amicale du Nid et secrétaire générale de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie. Elle répondra à d’autres questions en lien avec la maltraitance à enfant, mais une de ses réponses nous paraît ici pertinente.

Pourquoi constate-t-on une telle inertie des services sociaux ? Cela confère à de la complicité ? Pour être francs, nous sommes scandalisés de ce que nous voyons et des témoignages que nous entendons.

« Les services sociaux en particulier ASE sont totalement débordés aussi bien en matière de personnel qu’en matière de subvention. On leur demande une tâche d’une ampleur incroyable par rapport aux moyens humains et financiers accordés. Ce sont des instances tutélaires de substitution censées pallier aux familles carencées et dysfonctionnelles, mais l’Etat ne leur donne pas les moyens de tourner correctement. Les professionnels font ce qu’ils-elles peuvent avec les moyens du bord, ils-elles travaillent du mieux qu’ils-elles peuvent, mais oui, dans beaucoup de cas, ils-elles sont totalement dépassé-es et les situations sont catastrophiques. »

Droits des enfants en France : le dilemme des travailleurs sociaux et des médecins

« Moi-même en tant que médecin légiste en UMJ, je me suis posé la question, devant la situation d’un enfant gravement maltraité dans sa famille, ce qui était le pire : le laisser dans sa famille, ou le faire placer dans un foyer ou une famille, dans lesquels il serait tout aussi maltraité ? Actuellement, par exemple en matière de prostitution des mineur-es la situation est complètement catastrophique. » déplore le Docteur.

« Les foyers ASE deviennent carrément des bordels à ciel ouvert. »

Docteur Judith Trinquart

À qui la faute selon vous ?

« Toutefois, la responsabilité n’en revient pas aux professionnels du secteur social. La responsabilité en revient à l’État qui n’assume ni ses fonctions financières ni ses fonctions en matière de recrutement.

Moi aussi je suis scandalisée de ce que je vois. Toutefois, la solution est de l’ordre structurel social. Nous devons réclamer plus de moyens au niveau de l’État, financiers et humains. Le secteur social peine à recruter, il n’est pas attractif, les salaires sont peu rémunérateurs et le métier ne plait pas aux jeunes professionnels. Ma collègue éducatrice spécialisée est attristée de voir le niveau de ses jeunes collègues, moi aussi.

C’est tout le secteur qui est en déshérence, et nous ne savons pas comment le faire repartir. » s’inquiète Judith Trinquart

Droits des enfants : comment agir ?

Avec Monsieur Weidner, nous avons réfléchi à la question. Il peut être pertinent pour toutes les associations d’aller ensemble, sans conflits, à l’ONU. « L’union fait la force ». Les proverbes ne manquent pas pour décrire la victoire de ceux qui unissent leur énergie. Nous avons là une occasion de le faire.

Contactez la rédaction de Rebellissime par courriel ou l’association Parents Enfants l’Amour Familial.

Droits des enfants : le cri du cœur de Joshua Weidner

Il faut savoir que cette souffrance est plus douloureuse qu’un coup de couteau, car oui ça fait mal et on cicatrise et parfois on en meurt mais c’est fini !
Mais se voir arracher son enfant, je répète quand on est un parent ou des parents bienveillant la douleur nous poursuit pendant des années, ça nous tue petit à petit, et parfois on en meurt, car la souffrance est continuelle nuit et jour !
Sans oublier les sequelles physiques et psychologique sur nos enfants qui subissent ce kidnapping, cette séquestration, cette privation d’amour, et de liens fort, avec des destruction grave, sur l’être, refus de manger, dégoût de la vie, suicide,  abandon de soi, certains tombent en psychiatrie, et d’autres enfants ce font violé, torturer, battre,…
La dure réalité.
Joshua Weidner
*Le parti belge francophone DéFI, Démocrate fédéraliste indépendant, se définit comme le parti du libéralisme social)

* SPJ : Service de la Protection de la Jeunesse en Belgique

*AEMO : L'AEMO est une mesure judiciaire civile (ordonnée par le Juge des Enfants) au bénéfice d'un ou de plusieurs enfants d'une même famille. Elle consiste en l'intervention à domicile d'un travailleur social pour une durée variable (de 6 mois à 2 ans, renouvelable jusqu'aux 18 ans de l'enfant)