Quand Élisa Roesch a pensé les Toits de l’Âme, elle a vu le bien-être et le réconfort des contacts humains. Son combat ? Offrir aux âmes les plus en détresse la chaleur et la sérénité nécessaires pour se reconstruire. Comment Élisa sait-elle ce dont ont besoin ces victimes ? Parce qu’elle est passée par là. Ancienne enfant battue et abusée, elle souhaite aujourd’hui offrir à ses pairs, ce qu’elle-même n’a pas eu pendant la première partie de sa vie.

La présidente des Toits de l’Âme envisage un espace d’écoute, un lieu éco-thérapeutique où se mêlent les animaux abandonnés ou maltraités, ne supportant plus la vie en refuge et les Hommes qui en ont le plus besoin.

Pour cela, Élisa Roesch a pris sa vie en main : elle étudie, et devient Thérapeute psychocorporel spécialisée dans les traumas psychosexuels et les stress post-traumatiques. Vous retrouverez également son histoire avec Olivier Delacroix (Dans les yeux d’Olivier) sur la libre antenne Europe1

Comment mène-t-elle son combat ?

Quels sont ses objectifs ? Ses ressources ?

Cette battante vit à Lautenbach, dans le Haut-Rhin. Elle nous fait aujourd’hui l’honneur de répondre à nos questions et nous en dit davantage sur son projet.

Les Toits de l’Âme : les fondations douloureuses d’Élisa Roesch

Prenez le temps de visionner les vidéos YouTube. Elles mettent d’une part en valeur l’expertise de cette professionnelle, mais aussi son passé douloureux. Ce dernier semble être le socle de toute son action, le moteur sans lequel les Toits de l’Âme ne verraient pas le jour.

Nous dirons simplement qu’Élisa Roesch a évolué dans un milieu où les enfants étaient soumis « aux besoins mortifères » des adultes, et où leur parole ne comptait pas. L’objectif est maintenant d’offrir cela aux victimes, qui ont besoin d’être écoutées, entendues, soutenues et accompagnées.

Le plus important est qu’elles soient soutenues pendant tout le temps que dure leur reconstruction, aux côtés de professionnels expérimentés et formés à la prise en charge des États de Stress Post-Traumatiques.

L’interview Rebellissime d’Élisa Roesch, présidente des Toits de l’Âme

Élisa Roesch nous en dit plus sur le projet qu’elle est en train de mettre sur pieds…

Élisa Roesch, où en est aujourd’hui votre projet, les Toits de l’Âme ?

Tout d’abord merci de l’intérêt que vous portez à la cause que je défends. Nous sommes à la phase de la levée de dons indispensables pour la création du lieu. Nous présentons l’association aux mécènes susceptibles de nous soutenir et nous rencontrons un accueil très favorable ! Mais très important nous avons également besoin du soutien des particuliers par leurs dons qu’ils peuvent effectuer sur la plateforme Helloasso, leurs partages du projet avec leurs proches et contacts sont aussi très important. L’un de ces mécènes étant producteur de documentaire a exprimé la volonté de réaliser un film sur ma vie et ce que j’en ai fait notamment au travers de l’association des Toits de l’âme.

Pour quand, idéalement, aimeriez-vous ouvrir vos portes ?

Eh bien vu l’urgence des situations que je constate chaque jour, que ce soit à mon cabinet ou au travers des appels au secours qui arrivent de partout en France et même de pays limitrophes, je dirais que je souhaiterais que ce lieu voie le jour cette année encore !

Élisa Roesch nous en dit plus sur son projet Les Toits de l'Âme
Élisa Roesch complète son explication sur son association Les Toits de l’Âme

Quelle serait capacité d’accueil des Toits de l’Âme ?

C’est toute la particularité de ce projet. Ce sera un lieu de vie, une maison et non un grand centre impersonnel, car le cœur de ce que je souhaite apporter aux victimes est justement un environnement chaleureux, rassurant tel que devrait l’être un foyer où les enfants sont censés se construire. C’est un aspect fondamental pour reprendre confiance en soi, aux autres et guérir ses blessures.

La particularité, c’est que le lieu accueillera des personnes de façon ponctuelle lors de consultations individuelles ou de groupe. Elles ne séjourneront pas sur le lieu et d’autres seront accueillies en fonction des besoins sur des courts, moyens ou plus long terme.

Pour les personnes séjournant sur place, nous pensons pour le moment ne pas dépasser une quinzaine de personnes.

Nous souhaitons que les Toits de l’âme soient un projet pilote qui sera reproduit par d’autres thérapeutes dans chaque région. Nous nous engageons à les guider et leur faire bénéficier de notre expérience.

Quelles sont vos ressources (informations et expertises) ? Qui sont vos collaborateurs pour mener à bien ce projet ?

Je suis en train de constituer l’équipe, cela fait plusieurs mois que je travaille sur ce projet. J’ai fait différentes interventions, conférences auprès de différents publics. Ces collectifs de soignants qui comptent dans leurs rangs des psychiatres, psychologues, médecins généralistes et autres thérapeutes ont tous manifesté leur intérêt. Ils envisagent de participer à ce projet qu’ils ont complétement validé. Le noyau dur interviendra de façon permanente. D’autres apporteront leurs compétences de façon ponctuelle, lors de stages thérapeutiques, de groupes de parole. C’est une étape très importante !

Nous savons tous que la prise en charge de grands traumatisés est délicate. Quels dispositifs avez-vous mis en place pour contenir cette détresse ?

Je ne peux m’empêcher de relever le terme que vous employez, car il est encore une fois au cœur de ce que je souhaite apporter dans ce lieu, « contenir »… Justement, nous n’allons pas aller dans un sens contrôlant, mais au contraire vers une libération de ce qui est contenu ! J’ai bénéficié à titre personnel de cette approche thérapeutique qui m’a sauvé la vie et je pèse mes mots.

Je ne cesse depuis de me former à ces méthodes que je transmets dans mon cabinet et dont je souhaite faire bénéficier aux Toits de l’âme avec le concours d’autres professionnels ! Notre vocation n’est pas médicale. Elle vient en complément des suivis médicaux, mais ne consistera pas à « prescrire » mais à reconstruire. Lors de situation avec des pathologies psychiatriques, nous redirigerons les personnes vers des professionnels de la santé, psychiatres, etc.

Élisa Roesch, pouvez-vous m’en dire plus sur les formes de thérapies mises en place aux Toits de l’Âme ?

Les personnes ayant été victimes de tels sévices ont besoin d’une approche multidisciplinaire. Différents outils thérapeutiques seront utilisés en fonction des thérapeutes et professionnels intervenants, mais dans un travail d’équipe. Nous construisons cette collaboration, ensemble, en fonction des professionnels qui seront retenus pour ce projet.

Le plus important, c’est que chaque outil soit compatible et aille dans le sens de la libération émotionnelle. Surtout pas dans le contrôle qui justement, empêche la guérison des émotions perturbatrices. Pour ma part, je pratique la transmutation émotionnelle avec scénario de guérison qui comporte une part d’hypnose, le T.R.E, l’art thérapie et plusieurs autres approches, méditation et yoga. J’ai aussi mis au point une méthode nommée « réconciliation ».

Quelles sont vos stratégies pour apaiser ces souffrances psychiques ?

Mes stratégies… et bien la première qui vient spontanément, c’est l’amour ! Et oui ce mot que l’on ose à peine prononcer en thérapie, moi, je le revendique, car il est juste essentiel à notre reconstruction ! Donc en plus des séances thérapeutiques individuelles et de groupe, il y a le re-parentage, la reconnexion au corps, à la vie du quotidien au travers de la vie du lieu. On réapprend à être autour d’une table, cuisiner ensemble, être dans la nature. Soigner des animaux, aller et participer au potager, à la fabrication du miel et du pain font aussi partie de nos méthodes… En bref, la vie simplement telle que n’ont pu l’expérimenter ces personnes avec des enfances fracassées !

À quel public les Toits de l’Âme s’adressent-ils ?

Aux personnes adultes ayant été victime de violences sexuelles dans l’enfance et à l’âge adulte, de maltraitances, aux personnes en situation d’urgence devant se mettre à l’abri d’un milieu familial toxique. Nous souhaitons également organiser des manifestations artistiques, des conférences avec la collaboration des intervenants locaux, l’ouverture vers l’extérieur est indispensable pour réunifier notre société.

Quels sont vos besoins actuels ?

La visibilité de l’association à laquelle je travaille. Évidemment, nous avons besoins d’argent pour ce projet important. Nous sommes accompagnés par Maître Marlène Lyautey avocate à Mulhouse ainsi que par un cabinet d’expert-comptable de Guebwiller. Les donateurs ont accès en toutes transparences au business plan de l’association. Nous sommes également ouverts aux personnes victimes souhaitant apporter leurs témoignages, aux thérapeutes et professionnels qui seraient intéressés par ce projet. Il faut savoir que nous sommes en train de travailler sur la réalisation d’un documentaire. Ce dernier est soutenu par un de nos bienfaiteurs qui est producteur et réalisateur de documentaire pour Canal+ & Netflix…

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Après une longue errance médicale et psychologique, j’ai eu le bonheur de rencontrer ce thérapeute qui a changé le cours de ma vie. Aujourd’hui, je n’ai de cesse que de vouloir rendre ce que l’on m’a donné : la vie ! Car oui mon message est qu’il y a une vie possible après l’horreur. Nous méritons plus que de survivre. C’est cette expérience que je souhaite partager tant en tant que thérapeute et que femme !

Question Rebellissime : qui est votre rebelle préféré-e ?

Voilà un choix difficile, car mon chemin personnel et mon action me font rencontrer et découvrir plusieurs personnes connues et anonymes à qui je rends hommage ici avec toute ma gratitude… Eh bien, puisqu’il faut en choisir une, je vais porter mon choix sur le Dr Muriel Salmona. Cette professionnelle m’inspire beaucoup par son engagement et la justesse de son expertise…

Nous vous encourageons à soutenir le combat d’Élisa Roesch. Pour en savoir plus, visionnez la vidéo qu’elle a enregistré et publié sur YouTube.

Le prochain épisde sur comment se reconstruire après les maltraitances vient dans les semaines qui suivent… Un peu de patience, on répond présent !