Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la ligature des trompes est complètement remboursée par l’Assurance Maladie. Pour autant, le parcours de soin peut être payant, notamment si vous êtes jeunes. Connaissez-vous le mouvement #sterilisez-moi ? Il regroupe des femmes qui n’ont pas ou plus envie d’avoir des enfants et veulent subir cette opération. Des médecins participent aussi à cet élan de féminisme jusqu’alors tabou et inédit.
En France, en 2020, 17 998 femmes ont opté pour cette contraception définitive. Et encore une fois, les chiffres nous étonnent : cela représente une baisse de 47% par rapport à l’année 2010. Il faut dire qu’à cette date, l’intervention n’était légale que depuis 9 ans (en 2001)… Il paraît donc difficile de tirer des conclusions.
Comment les médecins font-ils pour ligaturer les trompes ?
Pourquoi tant de femmes font-elles ce choix ?
Comment traverser le parcours de soin et parfois, l’incompréhension des soignants ?
On vous dit tout !
Ligature des trompes : les témoignages rapportent qu’il est impératif d’être prêt dans sa tête
La ligature des trompes n’est pas une opération anodine.
Mesurer les enjeux psychologiques d’une ligature des trompes
Certes, l’intervention ne dure qu’une vingtaine de minutes, sous anesthésie générale. Mais il faut tout de même être certaines de ne pas regrette le choix, la plupart du temps irréversible. Si vous avez des doutes, rien ne vous empêche de demander des clips, qui pincent les trompes de Fallope et empêchent provisoirement la fécondation.
Une vraie ligature des trompes consiste à brûler les trompes puis à les couper. Le risque de grossesse reste toutefois de 1/10 000. Étrange encore une fois, le corps humain n’a pas fini de surprendre… Mais le risque est bien là.
Il est fondamental d’être bien au clair et stable, tant émotionnellement que psychologiquement. La décision est lourde de conséquences. Elle doit être sérieusement réfléchie.
Cette génération Z qui ne veut plus d’enfants
Ainsi, après cela, plus possible d’avoir des enfants. Les jeunes femmes nées après 1997 revendiquent de plus en plus leur droit à ne pas faire d’enfants. Cela remet en cause les fondements de notre société patriarcale, qui, pour sa survie, enjoint le sexe féminin à procréer et surtout, à bien s’occuper de sa progéniture. Ces jeunes femmes ne veulent plus. Elles décident de vivre pour elles, de voyager et se consacrer à leur vie professionnelle.
Une partie d’entre elles argumente que notre écosystème ne survivra pas à tant de naissances, que nous sommes déjà trop nombreux sur terre. Et puis, quel monde offrons-nous à nos petits ?
Pour toutes ces raisons, elles préfèrent ne pas donner la vie.
D’autres patientes sont déjà mamans. La validation du médecin est alors plus facile à obtenir.
La mise en garde de la rédaction
Dans tous les cas, il est essentiel de ne pas prendre cette décision sur un coup de tête. Toutes les personnes de plus de 40 ans vous diront qu’elles ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ans. Les choses changent, les situations et les points de vue évoluent. Il est donc recommandé de bien réfléchir à la question avant d’entamer le protocole.
Au même titre que le droit à l’avortement, la France autorise la ligature des trompes. Comment cela se passe-t-il ?
Comment se faire ligaturer les trompes ?
Quand on ne sait pas comment faire, se faire ligaturer les trompes ressemble à un parcours du combattant. Rebellissime a fait ce qu’il fallait pour simplifier et vous expliquer cela au mieux.
Trouver un médecin favorable à une ligature des trompes
Première étape : trouver un médecin qui accepte de vous accompagner. Ce n’est pas le cas de tous, notamment si vous avez moins de 35 ans. Pour autant, il suffit d’aller, comme dit en intro, sur Instagram et de chercher le mouvement #sterilisezmoi ou d’aller sur leur site officiel, au demeurant très drôle avec la petite paire de ciseaux en logo !
Ensuite, vous prenez rendez-vous, mais attention. Une partie d’entre eux demande des dépassements d’honoraires et surtout, ne s’intéresse ni à vos motivations ni à votre état psychique. Il n’est pas recommandé de passer par de tels professionnels. Comme nous le disions, les enjeux sont importants. Certaines femmes font des dépressions quand elles réalisent que la maternité, c’est fini pour elles.
Commencer le protocole de stérilisation
Deuxième étape : signer les documents du dossier. Il faut impérativement mettre la date. La loi impose qu’il y ait une latence de 4 mois entre les deux signatures, (celle où vous faites la demande et celle où vous confirmez). Encore une fois, attention. Nous avons découvert au cours de notre enquête que certains médecins, trop pressés de toucher leurs dépassements d’honoraires, sont prêts à modifier (falsifier ?) la date de consentement. Pensez-vous, à 300€ les 20 minutes d’opération… Plus ce que paie la sécu… C’est effectivement rentable.
Le dossier, vous le verrez, fait 40 pages. Il est important d’en prendre connaissance dans son intégralité, de tout bien lire. Le médecin contresigne : la procédure de stérilisation à visée contraceptive commence.
Le médecin vous fait faire tous les examens, échographie, questions sur la santé générale, raisons de votre décision, prélèvements divers et variés. En l’absence d’anomalie, vous revenez 4 mois après pour confirmer ou infirmer votre volonté de ligature des trompes.
La rencontre avec l’anesthésiste et avec le chirurgien
Il est essentiel d’avoir bien confiance en son médecin. Si ce n’est pas le cas, attendez que le gynécologue ait contresigné le document une seconde fois et rapprochez-vous d’un chirurgien en qui vous avez confiance. Regardez les avis sur internet, le nombre d’étoiles. C’est un critère assez important : le bouche-à-oreille des années 2020.
L’anesthésiste évalue lui aussi votre état de santé et les possibles complications qui pourraient survenir. Il décide de la manière de vous endormir, bien souvent, une anesthésie générale et vous informe des risques. Chaque anesthésie ou opération en comporte.
Ligature des trompes et règles : quelles sont les techniques opératoires ?
Ne vous leurrez pas… Vous aurez encore vos règles après une ligature des trompes. Pour ne plus les avoir, il faudrait faire une ablation de l’utérus ou être ménopausée… Et ça, c’est a priori impossible de le négocier avec un médecin, sauf impératif médical (tumeur par exemple).
La stratégie des médecins
Les médecins proposent plusieurs techniques : soit ils passent par le ventre, en célioscopie, soit ils passent par voie vaginale. En bref, l’objectif est d’atteindre les trompes de Fallope, qui sont la voie royale des spermatozoïdes vers les ovaires, puis de les couper. Route barrée, déviation, plus de fécondation.
D’autres techniques sont possibles. Certains gynécologues préfèrent opter pour l’électrocoagulation. Les tissus des trompes de Fallope sont alors détruits par des impulsions électriques. Nous parlions aussi des clips, qu’il est possible de poser de cette manière, puis de retirer par la suite.
Ce à quoi il faut s’attendre après une ligature des trompes
Dans tous les cas, cette intervention nécessite une incision. Cette dernière a lieu dans le nombril, sur le haut du pubis ou bien dans le fond du vagin. Le médecin doit injecter du gaz dans l’abdomen pour le gonfler, décoller correctement les organes et avoir une meilleure précision. Ce gaz met ensuite quelques jours à s’évacuer.
Quelle alternative à la ligature des trompes ?
Une autre solution est envisageable, surtout si votre état de santé ne rassure pas les médecins : c’est la méthode Essure. C’est en fait un implant, que le médecin dépose dans les trompes de Fallope. Ce corps étranger va provoquer une fibrose. Problème : il faut trois mois pour que le dispositif soit efficace. Cette technique existe, mais elle n’est plus pratiquée depuis peu, en raison des douleurs qu’elle occasionnait chez certaines patientes.
Enfin, vous pouvez aussi penser aux méthodes de contraception habituelles : stérilet, pilule, implant.
Ligature des trompes : l’avis des professionnels
Seules 4,5% des femmes françaises optent pour une stérilisation définitive. Rebellissime s’est intéressé à ce qu’en pensaient les équipes médicales…
L’avis des médecins sur la stérilisation volontaire
Le CHU Saint-Pierre de Bruxelles a ouvert un service dédié à la stérilisation volontaire. Les professionnels ont notamment remarqué le parcours atypique de ces femmes qui tiennent à « inscrire corporellement leur non-maternité ». Le « poids des événements historiques singuliers » pèse considérablement dans leur décision.
Et après, que ressent-on ?
Trois femmes ont été interrogées, entre six et dix-huit mois après leur opération. Elles ressentent un « bien-être » et « un apaisement » tant physique que psychologique. Elles estiment leur « identité plus alignée ». Leur besoin de ne plus être mère a été entendu, respecté. Cela semble très important pour elles : « un effet thérapeutique et libérateur ».
Ligature des trompes : que disent les sociologues ?
Illana Weizman, sociologue et auteure de Ceci est notre postpartum, s’exprime à ce sujet dans La maison des maternelles : « Dans la médecine, il y a un aspect très paternaliste, ‘‘vous allez changer d’avis’’ etc… C’est comme si on considérait qu’une femme qui ne veut pas d’enfants, c’est impossible. »
Enfin, et pour celles qui auraient sauté le pas et regretteraient… Il est possible de demander une reconstruction des trompes de Fallope, mais il faut savoir que la fécondité initiale est amoindrie. Tout n’est donc pas complètement perdu.