Le vol d’enfants en Afrique est un phénomène en pleine expansion. Près de 25 000 mineurs ont été déclarés disparus, rien que sur ce continent.

On sous-évalue probablement ce chiffre, car, comme le montrent certaines enquêtes, les enfants sont enlevés à des mères SDF ou achetés au sein même de la maternité. 

Des rumeurs colportées par les sphères conspirationnistes et complotistes parlent de sacrifices de mineurs, dans le but de créer une nouvelle drogue. Rien ne permet aujourd’hui de confirmer cette hypothèse. Les médecins addictologues réfutent l’existence de l’adénochrome, une terminologie qui sort tout droit de la tête d’un scénariste (voir film éponyme). Ce n’est donc qu’une affabulation, une légende urbaine ou autre fausse croyance colportée par le web. Si on écoute les poubelles du net, Pierre Palmade y serait accro… Rappelez-vous de notre mise en garde sur les articles putaclic !

Pour autant, et c’est une réalité : ces 25 000 enfants ont bel et bien disparu. Pour mieux comprendre la détresse dans laquelle sont plongées les mères, nous vous recommandons de visionner Les voleurs d’enfants, un reportage de BBC Afrique Eye

Le vol d’enfants en Afrique : comment cela se passe-t-il ? 

Certains pays d’Afrique sont touchés par une grande pauvreté, ce n’est pas un secret. À Nairobi, la capitale du Kenya, le salaire mensuel moyen est de 362€. L’équivalent de notre salaire minimum de croissance (Smic) est de 124€, soit 13 500 shillings kényans. 

Les conditions de vente : le point de départ du vol d’enfants en Afrique

Un bébé coûte entre 100 000 et 300 000 shillings kényans. Le calcul est vite fait… Un an de salaire remporté le temps d’un accouchement. 

Les prix peuvent monter beaucoup plus haut : c’est un peu comme les enchères. Celui qui fait la meilleure offre remporte l’enfant. Détail : priorité aux moins de 3 ans. Les clients peuvent commander un enfant d’un âge précis. Le criminel qui gère le kidnapping se charge de trouver le bon enfant. Le Graal est évidemment le nouveau-né fraîchement sorti du ventre de sa mère. 

Le contexte et les modalités de l’enlèvement

Le reportage de BBC Africa Eye met en évidence deux cas de figure : 

  • soit les petits sont volés à leur mère, qui dort dans la rue ou s’absente pour aller aux toilettes,
  • soit la mère est d’accord pour vendre l’enfant dès sa naissance. Elle moyenne pour cela une somme d’argent. 

De l’autre côté, des mères infertiles ou stériles se mettent en relation avec les hôpitaux publics ou les cliniques clandestines. L’hôpital Mama Lucy, à Nairobi, est par exemple fortement suspecté de recourir à ces pratiques. Il fait l’objet de plusieurs plaintes pour corruption. Un véritable trafic d’enfants. En fonction de la somme d’argent en jeu, les autorités sont plus ou moins prévenantes, plus ou moins bienveillantes. 

Entre la génitrice et la mère d’adoption, il y a les intermédiaires. Ces derniers prélèvent un pourcentage sur le montant de la vente du bébé, et fournissent parfois les papiers d’identité qui vont avec. Ainsi, pour l’administration, c’est comme si elle avait mis l’enfant au monde.

La mère quitte son bébé des yeux : c'est suffisant pour que le vol d'enfants en Afrique ait lieu
Les mères SDF sont fortement exposés au vol d’enfants en Afrique. Elles ne peuvent ni dormir ni aller aux toilettes sans garder un œil sur leurs petits.

Que deviennent ces enfants et leurs mères ?

Une fois qu’ils ont été vendus au meilleur prix, ces gamins intègrent leur nouvelle famille. Ils deviennent alors les enfants légitimes du couple qui l’a adopté. On les emploie aussi en tant que domestiques. Des cas d’esclavage peuvent aussi être évoqués.

Madagascar recense, pour sa part, de nombreux cas d’albinos kidnappés. On pense notamment à ce petit garçon décapité pour ce motif. Les cas de vols d’enfants qui ne souffrent pas de cette dépigmentation sont plus rares à Mada. Le fléau touche principalement le Kenya. Le Nigéria, pour sa part, est plus spécialisé dans les fermes à bébés. 

Vol d’enfant en Afrique : un traumatisme qui ne s’effacera jamais

Les mères témoignent devant la caméra de BBC Afrique Eye. 5 ans, 10 ans ont passé. Elles ignorent ce que deviennent leurs enfants, ni même s’ils sont vivants. Comment se reconstruire lorsqu’on ne peut pas enterrer dignement son aîné ? De nombreuses femmes souffrent de stress post-traumatiques suite à cette disparition. 12 ans après, elles s’agitent toujours lorsqu’elles entendent un bébé pleurer. Malgré le temps écoulé, elles pensent que c’est le leur qui crie et les appelle. Elles n’ont bien sûr pas les moyens de se soigner. 

Toutes pleurent cet enfant qu’on leur a volé. 

Le vol d'enfants en Afrique concerne une femme Kenyane chaque jour
Chaque jour, une Kenyane perd son bébé. Le vol d’enfants en Afrique concerne particulièrement ce pays.

Bilan et infiltration : le constat accablant sur le vol d’enfants en Afrique

Au Kenya, les ONG et les associations ont seulement sauvé 600 enfants. Le trafic d’enfants est pourtant interdit. En effet, c’est un crime puni de 30 ans de prison. D’après Le Monde, des documents démontrent que ce trafic implique de hauts dirigeants.  

Comment les agents corrompus de Mama Lisa sortent-ils ces enfants de l’hôpital ? En fait, la cliente vient chercher le bébé vendu à la sortie de la maternité. Après sa naissance, la protection de l’enfance oriente le mineur vers un foyer de l’enfance local. Les criminels profitent de ce transfert pour le faire disparaître. La nouvelle mère donne le change. Elle feint d’être la professionnelle qui vient le chercher. Les infirmières ne savent donc pas que les services sociaux trempent dans un tel trafic. Par conséquent, tout se passe dans le plus grand des calmes. 

Il nous a fallu “moins de 3 secondes pour sortir [de l’enceinte de l’hôpital]”, explique la journaliste infiltrée qui conclut la vente. Le bébé, déposé dans un orphelinat, y attend une adoption légitime. 

Au vu et au su de tous, les cliniques et les agents corrompus détruisent des vies. Chaque jour, une femme kényane perd un enfant. Il est temps que cela cesse.

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