ÇA GRONDE AU PAYS DU PERE NOËL

En plein préparatifs de Noël, mais aussi en pleine crise sanitaire et confinement, les lutins du Père Noël, professionnels du secteur des jouets et également de la petite enfance, trépignent de colère. Quelles sont leurs craintes ? Que demandent-ils ? 

Peut-on, doit-on, confiner le Père Noël ? En mars,  lors du 1er confinement, c’est le choc ! Mais dans l’ensemble,  la population se montre solidaire et respectueuse des mesures. Tout le monde comprend qu’il en va de notre santé, qu’il fait stopper la propagation de la covid-19. Mais pour le re-confinement… ça ne passe pas ! Dans les rues de Paris, on ne voit pas de différence, ça bouge de partout. Pourtant les commerces qui ne sont pas reconnus de première nécessité sont fermés. Tout comme les rayons de certains produits , qui eux aussi, ne font pas partie de la liste de ceux de première nécessité. Alors que les enfants sortent de vacances pour retourner, masqués, à l’école et viennent de poster en chemin leur lettre au Père Noël… Alors que les sapins deviennent des bien de première nécessité… qu’en est-il des joujoux ? Ils font comment les lutins, pour Noël 2020 ? Professionnels du jouets et de la puériculture prennent la parole.

 

Il est urgent de déconfiner le père Noël !

Jacques Baudoz, commerçant indépendant à Pontarlier, PDG de la coopérative JouéClub

« … Sans remettre en cause les autorisations d’ouvrir données à certains commerces, dont la plupart ne sont pas des commerces de proximité implantés au plus profond des territoires, nous ne comprenons pas les critères retenus par le gouvernement pour faire ces arbitrages.

 En effet, nous sommes à 8 semaines de Noël, tous les Français sont dans les préparatifs de cette fête porteuse de symboles positifs et de valeurs nobles. Surtout les enfants, qui ont déjà commandé leurs jouets au Père Noël et rêvent déjà de tout le bonheur qui les attend. Les parents et les grands parents ne comprennent pas la décision du gouvernement d’interdire aux magasins de jouets de vendre des jouets à Noël. Ils nous le disent en magasin, c’est injuste !

Comment un magasin de jouets ne peut-il vendre des jouets à Noël ? Nous avons reçu des centaines de milliers de témoignages de soutien sur la journée d’hier. A cette incompréhension se rajoute une grande inquiétude sur leurs capacités à trouver les jouets que leurs enfants ont commandé au Père Noël. Ils se demandent comment ils vont pouvoir trouver les jouets pour leurs enfants ! La panique s’installe dans les foyers car sans les magasins de jouets, le Père Noël ne pourra pas passer partout.

C’est aussi un choc économique car les magasins de jouets réalisent 60% de leurs ventes à Noël ! Et pour cela, tous les stocks sont déjà en magasin, car les commandes ont été passées durant le premier semestre. Pour l’ensemble des magasins de jouets, cela représente plus de 800 millions d’euros de marchandises. Si les magasins ne peuvent pas ouvrir, ils ne pourront pas payer les fabricants de jouets et beaucoup se retrouveront en faillite.

Par ailleurs, le Click & Collect, solution d’achat encouragée par le gouvernement ne représente aujourd’hui qu’une partie marginale de l’activité d’un magasin. De plus, ce n’est pas une solution pour tous les français, particulièrement pour les grands parents. Par conséquent, le Click & Collect ne permettra pas de compenser l’activité naturelle des magasins de jouets. La perte de chiffre d’affaires sera très forte, de l’ordre de 70 à 90% selon les magasins. C’est une catastrophe annoncée pour notre profession !

Preuve du caractère essentiel du jouet, les commerces ouverts, qui vendent aussi des jouets, ont déclenché dès ce vendredi 30 octobre des actions de promotion très fortes. C’est inadmissible ! A coup de remises indécentes, ces grandes enseignes veulent profiter de l’effet d’aubaine provoqué par la décision du gouvernement. C’est 40% des ventes de jouets de Noël qui leur sont offerts et chaque enseigne essaie d’attirer le plus de clients possibles ! Le jouet leur est bien essentiel pour trouver des nouveaux clients !

Nous demandons avec force au gouvernement que les magasins de jouets soient inscrits dans la liste des secteurs essentiels bénéficiant d’une autorisation d’ouverture durant le confinement. Nous demandons que cette décision soit prise dans les plus courts délais, car attendre les nouvelles annonces dans 15 jours signifie une perte 2 mois de chiffres d’affaires« .

Le 31 octobre 2020 la FCJPE LES MAGASINS DE JOUETS  (Fédération des commerces spécialisée des jouets et des produits de l’enfant) lance une  pétition adressée à Emmanuel Macron,  Jean Castex et Bruno Le Maire.

 

Le 1 er ministre fait clôturer, bâcher, condamner les rayons jouets, culture, puériculture des grandes surfaces… Et tous les regards fâchés se tournent vers le géant Amazon ! Et puis, au bout des quinze jours… Le 1er ministre confirme le confinement et la fermeture des commerces « non essentiels ». Du coup, la gronde s’accentue et les professionnels du jouets tirent la sonnette d’alarme, réclamant d’être inscrits dans la liste des secteurs essentiels bénéficiant d’une autorisation d’ouverture durant le confinement.  Encore quinze jours de fermeture et pour une enseigne comme JoueClub cela équivaut à une perte de 2 mois de chiffres d’affaires.

JoueClub se révolte et veut ouvrir illégalement

« JouéClub prend acte de la décision du gouvernement de reporter les achats des cadeaux de Noël des enfants.

JouéClub prend acte de la décision de ne donner que 24 jours de délais à 25 millions d’acheteurs de jouets au lieu des 40 jours attendus cette année et des 60 jours habituels.

JouéClub affirme que servir 25 millions de clients en quelques 24 jours n’est pas réalisable dans des conditions de sécurité sanitaires renforcées.

JouéClub annonce que les achats sur internet ne remplaceront pas les achats en magasin car les stocks sont dans les magasins, pas sur internet. 

JouéClub annonce que les 500 millions d’euros de stock magasin du mois de novembre sont un problème majeur qui nécessite une compensation adaptée du gouvernement. La survie de nos 300 magasins, membres de la coopérative, et de nos 2500 salariés en dépend.

 

JouéClub annonce que plusieurs millions d’enfants ne verront pas au pied du sapin les jouets commandés au père Noël. Est-ce cela passer un joyeux Noël ?

Pourtant JouéClub est déterminé à relever la jauge de fréquentation à 1 client pour 10 m2 au lieu de 1 pour 4 m2 actuellement.

Pourtant JouéClub a pris toutes les mesures pour augmenter l’amplitude horaire des magasins, ouvrir plus tôt et fermer plus tard, y compris le dimanche, pour accueillir les familles dans la limite de 1 client pour 10 m2.

Pourtant JouéClub a d’ores et déjà préparé l’organisation des prises de rendez-vous pour permettre la fluidification des achats.

Ainsi JouéClub a pris toutes les précautions nécessaires pour assurer la sécurité maximum à ses clients. Nous sommes déterminés à ouvrir dès demain (samedi 14 novembre.(ndlr)) pour redonner le sourire au père Noël« 

La filière puériculture s’adresse au Premier Ministre

« Notre filière qui regroupe des industriels, grandes enseignes et commerçants indépendants assurent aux parents la possibilité d’équiper leur bébé avec des produits sûrs, contrôlés par des organismes indépendants, permettant ainsi aux premiers jours de la vie de se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Aujourd’hui, nous, professionnels de la puériculture, devons subir la plus grave crise que notre secteur a connue depuis des décennies, crise due à plusieurs facteurs : la baisse de la natalité, le décalage du versement de la prime de naissance, les mouvements sociaux dont celui des « gilets jaunes » et cette année, les mesures de confinement. Les conséquences pour notre filière se traduisent déjà par des fermetures et des faillites et les remontées du terrain que nous avons, laissent à penser que le pire est devant nous.

Concernant la crise sanitaire et les mesure qui s’ensuivirent, nous vous demandons instamment de revenir sur le décret du 6 novembre qui annulait celui du 2 novembre autorisant les magasins de puériculture à ouvrir pour vendre des produits essentiels. Cette mesure, nous ne la comprenons pas et ne pouvons l’accepter. En effet, la puériculture doit relever du commerce dit essentiel : essentiel pour nos enfants pour leur permettre de dormir sur un bon matelas et de se déplacer dans une poussette, un siège auto ou un porte bébé, en toute sécurité, pour la plus grande sérénité de leurs parents. Or, à ce jour, seuls les hypers et supermarchés sont en mesure de vendre des produits de puériculture. Décision qui nous parait totalement illogique et injuste. La grande distribution, bien qu’ayant des rayons bien achalandés de produits de qualité, ne peut distribuer une gamme de produits aussi large et technique que les nôtres.

Aujourd’hui, c’est l’ensemble de la profession, fabriquant, fournisseur, distributeur qui souhaite vous interpeler, car nous ne voulons pas disparaitre.

Sachez, Monsieur le Premier Ministre que, depuis le début de la crise de la Covid 19 :

– Nous, les « pros du bébé », avons réorganisé nos points de vente afin de respecter scrupuleusement les gestes barrières et les consignes de sécurité sanitaires. Nos équipes ont été formées et ont organisé les rayons en respectant les jauges d’accueil, la distanciation sociale et les déplacements à l’intérieur de nos structures.

– Nos trésoreries se détériorent de jour en jour, et nos stocks ne s’écoulent plus, alors que nous devrions être en mesure de proposer des jouets d’éveil et des produits de pédiatrie élémentaires au développement du bébé, que fabriquent et distribuent nos fournisseurs. Ces derniers sont, je vous le rappelle, pour la plupart français produisant dans l’Hexagone.

– Nous les « pros du bébé » industriels et distributeurs, nous avons fabriqué ou stocké les produits nécessaires aux ventes de fin d’année. Nous avons organisé nos opérations après le premier confinement pour répondre aux besoins de nos clients. Mais aujourd’hui, comme eux nous sommes inquiets.

– Les fêtes de Noël représentent un pic d’activité crucial pour notre secteur, environ 25 % de notre chiffre d’affaires.

Monsieur le Premier Ministre, nous ne sous-estimons pas les difficultés de gérer une crise sanitaire de cette ampleur, et les arbitrages qui doivent être nombreux et parfois douloureux à prendre.

Cependant, la puériculture est un commerce essentiel et laisser seule à la grande distribution la possibilité de vendre quelques produits nous est insupportable, au propre comme au figuré.

Laissez-nous exercer notre profession afin d’éviter des faillites en cascade et le chômage pour nos collaborateurs. Il faut nous aider pour que les magasins rouvrent dès maintenant, sans quoi toute la filière puériculture risque de mourir !

Nous comptons sur vous.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre très haute considération ».

Fédération française des industries Jouet – Puériculture (FJP)

 

Franck Mathais, porte parole JoueClub
Franck Mathais, porte parole JoueClub

C’est quand le black friday alors ?

JouéClub , comme Amazon France, Carrefour…., répondent favorablement à la proposition de monsieur Bruno Le Maire, ministre de l’économie, de reporter au 4 décembre le Black Friday. Avec pour Amazon France, une condition , « si cela permet de réouvrir physiquement, avant le 1er décembre, d’autres commerces de proximité en France« . selon Frédéric Duval, directeur général d’Amazon France

En complément du décalage de cette opération commerciale d’envergure, JouéClub s’engage à mettre en oeuvre des protocoles sanitaires renforcés afin de limiter la fréquentation en magasin, avec l’acceptation de 1 client pour 8 m2 de surface. Pour le porte parole de JouéClub, Franck Mathais   » la réouverture rapide des magasins permettra de donner plus de temps d’achat aux consommateurs. Ils pourront ainsi s’organiser plus facilement et sans précipitation afin de réussir leurs cadeaux de Noël. En reportant son Black Friday, JouéClub entend apporter sa contribution à la lutte contre la propagation du virus tout en permettant la réouverture des commerces le 28 novembre. Nos magasins sont prêts et les protocoles sanitaires renforcés. Nos clients sont heureux de savoir que nous allons rouvrir bientôt.« 

Affaire à suivre au pays des lutins !

 

Jacques Baudoz, Franck Mathais, la Fédération des commerces spécialisée des jouets et des produits de l’enfant, la Fédération française des industries Jouet – Puériculture (FJP) et la Rebellissime Family. 

Le 18 novembre 2020

Mis  à jour le 20  novembre 2020