A bientôt 40 ans, la figure emblématique du rap marseillais au féminin, reste plus que jamais une figure du rap militant et engagé. 

Preuve en est avec son dernier titre “Violence masquée” que Keny Arkana lance en mars 2021.

Lorsque Keny Arkana commence à rapper, elle n’a que 12 ans, et elle commence très tôt à se faire une place de choix dans le milieu underground du rap marseillais. Le grand public de la citée phocéenne la découvre en 2003 grâce à ses featuring et collaborations sur des titres, mixtapes, émissions radio et albums de rap marseillais. Elle sort son 1er album Missile en 2004 et atteint un public national deux ans plus tard avec son single La rage.

Reconnaissance nationale certes, mais aussi internationale puisque la rappeuse pousse ses tournées jusqu’en Russie. Et surtout parce que la rage, la contestation, l’esprit rebelle qui l’animent n’ont pas de frontière. Elle a désormais rejoint le nouveau label de rap marseillais OM Records.

Arkana comme le personnage de la série d’animation Les mondes englouti.  Ce n’est donc pas pour rien que tous ses albums résonnent comme des slogans de combattante. Le 1er Entre ciment et belle étoile dénonce déjà la mondialisation et ses travers : capitalisme, oppression des peuples, racisme institutionnel…

Il s’en suivra Tout tourne autour du soleil, puis Etat d’urgence écrit en réaction aux attentats de 2015.

Il faudra attendre 2020 pour son dernier opus Exode où l’on retrouve les morceaux très marquants tels que “J’sais pas faire autrement” et “Viens mon frère”. Mais la chanson qui reste dans beaucoup de mémoire c’est  pour beaucoup d’anciens “La rage” issue de son1er album. Et pour Rebellissime « Cinquième soleil« , à écouter sans modération, plus de 12 ans que cette petite douceur reste réellement d’actualité.

Sa présence, son phrasé, font de Keny Arkana une artiste que l’on aime retrouver en concert. Tout comme on apprécie ses clips qui expriment la fameuse rabia del pueblo (la rage du peuple). L’époque où elle mobilisait l’attention du public underground qui commençait à la suivre semble toujours aussi intense.

Sans doute parce que le message et la sincérité de l’artiste ne sont pas feints. Son authenticité et son courage non plus. Comme lors du-‘une tournée en 2007, où elle s’en prend directement au Président Sarkozy “Elles sont où les plus grandes racailles ? A l’Elysée ! “. Toujours d’actualité 😉

Son engagement et son entrée en lutte contre le système lui valent aussi de faire les premières parties de Manu Chao. Parce que les artistes engagés se reconnaissent toujours. Et se retrouvent souvent sur les mêmes festivals ! Et le public répond toujours présent aux rendez-vous de la rappeuse contestataire pour scander avec elle des messages anticapitalises, révolutionnaires, anticolonialistes,  altermondialistes… rebelles !

Aujourd’hui c’est contre la à la crise sanitaire que l’artiste marseillaise rappe sa colère. Le titre “Vengeance masquée” qui ne devait pas sortir a finalement fuité pour le plus grand plaisir des ses fans. Fans qui comme nous ont hâte de la retrouver en concert.

Un titre qui ne devait pas sortir, qui a « fuité » comme on dit ! La vidéo alternative, faite par un fan ne laisse pas indifférent.  Cette vidéo « pirate », sortant des sentiers battus, peu (voire pas) relayée par les plateformes généralistes. Ce qui explique qu’en lien nous ne pouvons proposer que celui de l’audio ci-dessus à gauche. A droite, n’oubliez de cliquer et préciser que vous êtes majeur 😉

A travers la thématique Covid, Keny Arkana nous interpelle sur le traitement de cette crise sanitaire par les médias, les politiques et grands groupes industriels.  Parce que la crise sociale et sanitaire que nous traversons remet sur le devant de la scène les questions des lois liberticides. Où se situe maintenant la liberté d’expression ? Dans un pays où Mila passe pour une victime des réseaux sociaux.  Et quand s’interroger sur le bien fondé des décisions gouvernementales en terme de santé devient un acte complotiste.

Une fois encore Keny Arkana milite pour un thème, des valeurs qui lui sont chers et guident depuis toujours sa carrière : qui lui  la liberté d’expression et d’action. « Violence masquée » fait écho au prophétique « V pour Vérité » et se classe dans la lignée de titres coup de poing comme « La Rage« . Un engagement et une liberté de ton rares et précieux !

Sya Dejade

Le 17 mars 2021