Que l’on soit totalement réfractaire, par ignorance ou par conviction, que l’on soit adepte depuis notre plus jeune âge( Atari style). Pas une famille n’échappe à la question.
Toute les familles jouent aux jeux vidéo… Avec 80% des Français qui jouent selon les statistiques, c’est un euphémisme. A moins de faire partie des autres 20%, ou d’être dans le déni total, genre : »Le truc là dans le salon ? C’est pas la Box Internet ?« . Vous aussi, vous avez une console chez vous, ou même sur vous… Entre fausses idées, idées reçues, réelle consommation et engouement, l’univers du jeu vidéo passionne et intrigue. Même si chacun a son jeu préféré, sa console fétiche, reste un petit fond de culpabilité. Quel impact sur les enfants ? Comment bien choisir ? Combien de temps jouer ? Comment choisir sa console et ses jeux ? Est-ce que c’est dangereux, violent ? Et pourtant, on s’amuse, on partage, parfois même c’est pédagogique. Alors pourquoi s’en priver ?
Réservé aux jeunes ?
Pas plus violents que la télé, bien inscrits dans l’ère du temps, les jeux vidéos font partie de la vie de nos enfants comme le téléphone portable et l’ordinateur font partie de la nôtre. Vouloir vivre sans, c’est un peu faire partie du club de ceux qui ne veulent pas de télé, pas de téléphone portable… C’est rare ! Respectable parce que c’est un choix, mais tout de même rare, semble-t-il. Quand on ne peut pas vivre sans, au lieu d’ignorer la chose et laisser les enfants se débrouiller avec, autant envisager une cohabitation intelligente.
Les jeux vidéos pour jeune public sont évidemment étudiés pour répondre à leurs centres d’intérêts et passe-temps. Ce qui nous amène à la question du timing. Si vous partagez votre maison avec plusieurs jeun’s, chacun doit avoir un accès égal à l’ordinateur et à la console de jeux. Mais ce timing dépend aussi de leur âge, de leurs activités extra-scolaire, de la possibilité de jouer ensemble, avec vous, ou seul. Enfin seul… pour les jeunes enfant, on oublie. La console n’est pas une nounou ! On investit dans un nombre de manettes suffisant pour que le grand frère, maman ou papa puisse jouer avec Loulou. Les pré-ados ont parfois, malgré les apparences et notre fierté débordante, de la difficulté à discerner la réalité de la fiction. Cela les rend plus vulnérables aux effets de la violence dans les médias. Celle des jeux vidéos est normalement adaptée à leur âge, elle revêt parfois un caractère humoristique. Mais, tous les enfants ne le saisissent pas forcément. Pour eux, prendre un coup, c’est prendre un coup, ça fait mal ! Et puis, certaines ambiances peuvent mettre mal à l’aise, certains rythmes de jeux, oppresser. D’où la nécessité de choisir un jeu en fonction de la personnalité de son destinataire.
Quand Nintendo mise sur la convivialité, donne peu d’importance au look de ses DS mais permet des les customiser, de choisir leur couleur… Sony Playstation soigne le design, mise sur du noir qui brille pour sa Vitaa. On ne peut pas nier que les Mii (avatars chez Nintendo) et même les personnages de leurs jeux (Mario et sa bande, Donkey Kong, Kirby, Pokémon… ) sont super attachants mais beaucoup moins réalistes que chez Sony Playstation où l’on croit entrer dans un dessin animé ou un film. C’est moins convivial… Après, tout est une question de feeling (et un peu de budget). Sans oublier que notre vécu de joueur va influencer le choix. Mine de rien, et selon une étude GFK de l’Agence Française des Jeux Vidéos, l’âge moyen du joueur français est en constante hausse: 41 ans en 2015. Les jeux 18+ sont les plus consommés, représentant 29,9% des ventes de jeux vidéo (contre seulement 14,6% pour les jeux 16+).
Le jeu, c’est bon ?
Le jeu vidéo est bourré de point positifs. En y jouant, l’enfant peut développer certaines compétences qui lui permettent de mieux fonctionner en société. C’est dingue ! Un jeu de bonne qualité, bien géré, peut avoir des résultats surprenants. Ça fait plaisir ! En effet, nombreux programmes, fournissent une forme sociale et amusante de divertissement, encouragent le travail d’équipe et la coopération lorsqu’ils sont joués en groupe, initient les petits à la technologie. Parfois même, les jeux accroissent l’estime et la confiance en soi et ce tout simplement, en franchissant un stade ou en terminant un jeu. Les jeux pédagogiques développent des habiletés scolaires comme la lecture et les mathématiques, ils améliorent leur capacité à résoudre des problèmes, leur coordination, leur rapidité d’exécution et leur mémoire. Mais ils ne font pas le ménage, dommage !
Sans rancune. Selon le livre blanc du Syndicat National des Jeux vidéos, la France compte 31 millions de joueurs. Et ce ne sont pas ces messieurs qui jouent le plus. Ce sont les femmes de 30 à 50 ans. Etonnant, non ? Bon, on mène d’une mince différence puisque le jeu vidéo en France représente 52% de femmes et 48% d’hommes. Parmi eux, 39% se considèrent comme des joueurs occasionnels et 61% comme des joueurs réguliers. Le livre blanc fini de nous démasquer puisqu’il révèle que 40% sont des parents et que 65% de ces parents jouent avec leurs enfants. Inutile de faire semblant, non seulement nous aimons jouer mais en plus, nous aimons consommer. Et dans ce secteur au moins, nous sommes tous égaux, même la parité est respectée. Comme le révèle le Panel Consommateurs GfK, 50% des acheteurs de jeux vidéos sont des femmes. Tous savent se montrer très altruistes. Le jeu vidéo apparaît comme le bien culturel le plus largement offert, avec 53% des achats réalisés pour autrui.
Mais c’est cher
Un des problèmes avec ces jeux, c’est le prix. La console, on n’y peut rien. On a beau retourner le prix dans tous les sens, il faut compter au minimum 200 euros pour une console portable et environ 350 euros pour celle du salon. Heureusement, on tombe à la bonne période. C’est le moment de s’équiper. Celui des consoles de 8è génération : la Nintendo 3DS lance le bal, suivie par la PS Vita. En novembre 2012, la Wii U succède à la Wii. Un an plus tard, La Xbox One remplace la 360 et la PS4, la PS3. Il nous reste quelques années avant de voir arriver la 9è génération. Reste à investir dans les jeux. Selon le panel GFK, avec une dépense moyenne de 126 euros par an et par consommateur, le jeu vidéo se place devant le livre (119 euros), la vidéo (75 euros) et la musique (50 euros). Pire, c’est un achat prémédité de longue date, ce qui démontre une forte connaissance et un attachement aux licences et aux marques. On se cotise, on se fait ce cadeau pour le Noël de toute la famille. On en appelle à la générosité des grands parents… Pour ce qui est des jeux, quand il sortent, c’est 30 euros en moyenne pour les consoles portables et de 50 à 80 euros pour les consoles fixes. C’est un peu moins cher si vous téléchargez le jeu en ligne. Heureusement, si c’est un bon jeu, vous n’allez pas le terminer en deux heures. On peut donc envisager que les achats s’étalent sur l’année entre anniversaires, Noël…
Et puis, il y a les occasions. A partir de 5 euros, et jusqu’à moitié prix pour le blockbuster de l’année dernière. On peut aussi revendre les siens… échanger, prêter… Y’a moyen de s’en sortir ! Et même de responsabiliser nos petits chéris.
Pas plus violents que la société ?
Si les jeux vidéos présentent de nombreux bons côtés, on ne peut pas ignorer certaines dérives. Les jeux vidéos ciblent principalement les garçons de 7 à 14 ans. Ce sont les catégories « aventures » et « sports » au contenu souvent violent qui obtiennent le plus de succès auprès d’eux. Mais en y réfléchissant et en opérant un petit flashback sur nos cours d’école, on ne jouait pas tous à la marelle ! Et si l’on fait référence aux tragédies grecques et romaines… les philosophes à l’époque prennent leur défense en leur attribuant un rôle défouloir. Au fond rien n’a changé et ce n’est pas parce que les enfants, et nous parfois, aiment gagner des points en écrasant des civils, qu’il n’y a plus aucune conscience du bien et du mal. Ouvrons le dialogue. Puisqu’il est interdit d’interdire, utilisons les jeux vidéos comme base de discussion, notamment sur la représentation des femmes. Même si le jeu est classé jeunes adultes, vous n’êtes pas obligé de cautionner. C’est vrai que Lara Croft dans Tomb Raider véhicule une image stéréotypée de la femme puisqu’elle correspond à la belle fille, sexy, sportive, forte et intelligente. Ses courbes sont séduisantes, et elle se déhanche d’une manière aguichante. Elle pousse évidemment de petits cris. Mais reste tout de même super crado… pour une fille. Elle ne se lave jamais, ne se change jamais, on ne vous parle même pas de sa coiffure. Faut mettre des options un peu plus proches de la réalité. Et bim ! Encore un cliché. Les filles c’est forcément tout doux, avec des habits roses, des cheveux longs… Heureusement, les jeunes filles montrent un intérêt grandissant pour les jeux vidéos. La donne va donc changer. Espérons qu’il va bientôt en être de même pour les stéréotypes raciaux ! Bien que des personnes de différentes cultures jouent aux jeux vidéo, cette diversité ne s’y reflète habituellement pas avec dans les rôles principaux des personnages masculins blancs et ceux de couleur relégués dans le rôle de vilains ou héros à la Gangsta rap. Un peu comme au cinéma. Mais si ça bouge aux Oscars, il n’y a pas de raison que le reste ne suive pas. Merci Jada ! C’est l’occasion de parler de cette réalité aux plus petits. C’est aussi coller à la triste réalité de la société dans laquelle ils ont à évoluer et faire changer les choses.
Jeu de société ?
Et malgré tout ce que l’on peut en dire, les jeux vidéos ne sont pas que des sous-produits de la télé, ni un loisir puéril qui détourne nos cerveaux de la culture. N’oublions pas que les jeux vidéos sont créés par des artistes : graphistes, dessinateurs, acteurs, musiciens… et des informaticiens. Ils s’inspirent et utilisent des productions d’autres domaines artistiques (dessin, cinéma, musique…) mais transmettent aussi beaucoup de leurs techniques et de leurs contenus à d’autres arts (cinéma, bande dessinée, romans…). Des artistes aussi reconnus que David Bowie ont participé à la création de jeux vidéo. C’est donc culturel. Ainsi, tout comme le jeu d’échec fait partie de la culture européenne, le poker du patrimoine américain et le jeu de Go de la culture chinoise, Final Fantasy appartient au patrimoine culturel japonais, Rayman au patrimoine français et Call of Duty au patrimoine nord-américain. Ils sont représentatifs d’une certaine culture et d’un certain savoir-faire. Le jeu a toujours fait partie intégrante de la culture des sociétés. Pourquoi les jeux vidéos seraient une exception ? Nul doute, que nos pt’ites, pt’ites, pt’ites, pt’ites fillottes étudieront notre époque à travers eux, comme nous étudions celle des Egyptiens à travers les hiéroglyphes.
Le bon choix ?
Au début, on essaie de se donner bonne conscience. Trouvez des jeux qui requièrent de la stratégie et de l’habilité à résoudre des énigmes. Entrent également en jeu, le caractère et la personnalité de chacun des joueurs, surtout quand il s’agit de nos enfants. Les vendeurs, mais aussi les amis, les forums peuvent aider, avant d’acheter un jeu, à se renseigner sur sa qualité et son originalité. Il existe aussi la possibilité de tester les jeux en version démo. Votre console vous le propose. Si c’est vraiment pas votre tasse de thé, commencez par un jeu qui vous tente vous. Laissez parler le gamer qui sommeille en vous. Après l’appétit vient en mangeant. Sans même nous en rendre compte on se balade sur l’interface dédiée aux nouveautés et démo. C’est vite l’occasion de rameuter le reste de la famille. Chacun y va de son avis, de son test. On s’amuse ! Interdire, critiquer ou laisser faire sans savoir de quoi il s’agit, c’est frustrant pour tout le monde. C’est plus facile de motiver sa décision : problème d’âge, de violence, de sexisme, de racisme. Une bonne discussion s’impose et aboutit généralement à un compromis. Avec plus de 20 millions de jeux vidéos vendus chaque année, hors marché de l’occasion et toutes consoles confondues… ce n’est pas le choix qui manque !
Selon le Panel GFK, nous passons environ 12h/ semaine sur notre console, moitié moins à écouter de la musique, quoique l’un n’empêche pas l’autre. La lecture garde la tête haute avec 5h30 par semaine. Chez les gamers occasionnels, on privilégie les jeux de réflexion (36%), de stratégie et de sport (11%), d’aventure (9%), de simulation (8%) et de combat (3%). Alors que dans les familles hardcore gamers, les jeux de rôle et d’action arrivent en tête (17%) avant les jeux de sport (14%) d’aventure (11%).
Classifications
Tu la connaîs, Pegi ? C’est qui ? Comment elle fait pour jouer à tous ces jeux ? STOP. Si ces phrases sortent de votre bouche…. lisez ce qui suit. Vous nous remercierez plus tard.
Les classifications des jeux vidéo sont élaborées par des professionnels, exprimées par un logo sur la boîte. La fameuse PEGI (Pan European Game Information).
3 ans + : Tout public ou déconseillé aux moins de 3 ans. Peut contenir de la violence modérée appropriée pour les jeunes enfants, mais aucun mauvais langage n’est toléré.
7 ans +: Déconseillé aux moins de 7 ans. Peut contenir de la violence modérée appropriée pour les jeunes enfants et quelques contenus qui peuvent être effrayants dès le jeune âge.
12 ans+ : Déconseillé aux moins de 12 ans. Peut contenir de la violence animée et réaliste, un mauvais langage modéré (langage familier… mais attention, nous n’avons pas tous la même famille), des jeux de hasard et quelques références à caractère érotique.
16 ans + : Déconseillé aux moins de 16 ans. Peut contenir de la violence explicite, un mauvais langage, des références ou contenus à caractères sexuels, des jeux de hasard ou l’utilisation de drogues (incitation).
18 ans + : Déconseillé aux moins de 18 ans. Peut contenir de la violence graphique, incluant « violence envers des personnes sans défense », langage vulgaire, contenu à caractère fortement sexuel, jeux de hasard, utilisation de drogues ou discrimination.
Virginie Legourd.
Sources :
Panel GFK pour l’Agence Française de Jeux Vidéos (2014-2015)
Livre blanc du Syndicat National des Jeux Vidéos 08/02/2016