L’Obésité infantile: c’est pas une fatalité

                      

Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. Vous le savez, mais au quotidien avec Lulu et sa passion, dévorante, pour tout aliment super salé ou super sucré mais surtout super chimique,

que faire ?

 

La sédentarité, la confusion de l’alimentation des jours de fête avec celle du quotidien, viennoiseries, desserts sucrés, boissons sucrées, etc, etc. Mais aussi, l’utilisation croissante de plats préparés, la consommation excessive de protéines (viande œufs poisson) de sucres rapides et de graisses saturées, la consommation insuffisante de fruits, légumes, et sucres lents… les causes de l’obésité sont multiples mais pas inévitables et surtout pas irréversibles. Sans les priver, de manière ludique et complice, équilibrer l’alimentation de nos enfants et de toute la famille par la même occasion devient vite un véritable jeu d’enfants. Il suffit d’essayer pour que l’ombre du fléau obésité ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Alain Bocquet, pédiatre et past président de l’AFPA1 vous guide.

 

Sonnette d’alarme

 

Sans jouer aux gendarmes, ni virer paranos, surveillons du coin de l’œil nos petits chéris et restons attentifs, comme le conseille le docteur Bocquet. « Il suffit de construire la courbe de corpulence qui se trouve au milieu du carnet de santé, à partir de l’indice de corpulence calculé à chaque consultation : divisez 2 fois le poids en kg par la taille en mètre. La surveillance de cette courbe est la seule méthode valable pour un dépistage précoce, car le surpoids lorsqu’il se voit à l’œil est déjà important, surtout entre 5 et 8 ans». Prenons également en compte quelques signes considérés comme des facteurs de risque. «Les antécédents familiaux : le risque est multiplié par 4 si un parent est obèse et par 8 si les 2 parents le sont. Le petit ou le gros poids de naissance, le tabagisme maternel pendant la grossesse, une alimentation déséquilibrée l’absence d’activité physique au quotidien, l’absence d’allaitement maternel sont autant de facteurs de risque« .

Les enjeux sont de taille et une fois encore il est plus facile de prévenir que de guérir les nombreux problèmes liés à l’obésité : problèmes psychologiques, articulaires, de sommeil, diabète de type 2, et surtout le risque de rester obèse toute sa vie avec une espérance de vie diminuée d’une douzaine d’années. Selon Alain Bocquet, l’enfant obèse souffre de sa différence. « Il est souvent en souffrance, particulièrement par rapport au regard des autres, et il faut tout faire pour éviter d’en arriver là, qu’il s’enferme et se mette à l’écart, que les activités sportives les sorties le mettent en difficulté. Proposer aux enfants en surpoids des sports (portés) comme l’aviron, le vélo est une bonne solution« .

 

Le rôle des parents

 

Tous les spécialistes sont formels, ce qui compte avant tout c’est la prévention et là, maman, papa, les petits chéris comptent sur nous ! Au risque de paraître rabajoie et mère la Morale, l’hygiène alimentaire, ça compte pour nous-mêmes et surtout pour nos enfants. Le développement de l’obésité chez les jeunes, même s’il est moins important en France que dans d’autres pays occidentaux comme la Grande Bretagne ou les Etats-Unis, reste une préoccupation majeure de santé publique. Si l’éducation alimentaire se fait suffisamment tôt, on s’aperçoit que les enfants préfèrent alors des aliments moins gras et moins sucrés. Il est donc fondamental de prendre conscience de l’importance de l’alimentation sur la santé et de privilégier les aliments sains comme les fruits ou les légumes dès le plus jeune âge.

Une pomme, un cookies ou un paquet de chips ? Nous pouvons même parfaitement remettre chacun à sa place, classé par ordre de priorité et d’occasion ! « Faites le marché et la cuisine ensemble, pour apprendre aux enfants les noms des différents fruits et légumes, des différents poissons, reconnaître le goût des épices des herbes aromatiques, composer une cuisine savoureuse et colorée« . Nul doute qu’en appliquant les judicieuses remarques de ce professionnel de la santé des enfants, ils préféreront rapidement le goût d’un vrai et frais filet de merlan bien préparé à un poisson pané, une compote maison à un dessert industriel ! sachant que, Monsieur Pané et Dame Pote, peuvent s’avérer de vrais alliés lorsque nous suivons les conseils tout en nuance du docteur Bocquet. « On impose pas, on propose ! N’employez jamais les mots « interdit » ou « régime », préférez : évolution de l’alimentation, manger mieux, plaisir de manger. Veillez aussi à ce que vos enfants n’aient pas faim ». Une alimentation équilibrée ne signifie heureusement pas qu’il faille se priver de tout et vivre dans l’austérité alimentaire la plus complète, coupés du monde et hors du temps. Tout est question de dosage, comme le rappelle Alain Bocquet. « Le fast food ne représente pas les 28 repas de la semaine ! Il est même souvent moins nocif que certaines grands- mères qui aiment gâter les enfants… Sachez également que de nombreux jus de fruits en particulier les jus de fruits industriels, sont plus sucrés que le coca et autres sodas« . Gare aux idées reçues donc et aux faux-amis. Devenir parents peut-être l’occasion d’apprendre à devenir épicuriens. Réflexe !

 


Les bons réflexes

 

La prévention de l’obésité infantile commence très tôt, très très tôt… depuis le fœtus même ! Celui-ci est en effet sensible aux variations de l’état nutritionnel et hormonal de sa mère. Les futures mamans ont d’ailleurs souvent droit à une petite séance de diététique de la femme enceinte, gentiment proposée par la maternité. Si ce n’est pas déjà fait, profitons-en pour découvrir et prendre de bonnes habitudes alimentaires afin de mener à bien notre grossesse et offrir une diversité de goûts à Bébé in utero. Après la naissance, ne perdons pas le cap. Les périodes de la petite enfance et de la puberté concentrent une forte capacité de formation des adipocytes. Limitons alors les graisses, surtout les graisses saturées, le sucre en augmentent les sucres complexes tels quel les glucides qui doivent correspondre à 55% de la ration alimentaire.

Misons sur la convivialité. Prendre un repas ce n’est pas grignoter. Rien ne vaut les aliments consommés à table en famille. La convivialité augmente la qualité des repas, surtout au petit déjeuner. Bref, il convient de se lever du bon pied, le moins à l’arrache possible, afin de concocter un repas familial qui devrait vite devenir le premier moment fort d’une journée qui commence bien. Manger ensemble facilite la découverte de nouveaux aliments ou la prise d’aliments peu appréciés. Inutile de forcer un enfant qui mange peu, et de féliciter celui qui mange bien, ce n’est pas non plus un exploit, c’est normal ! Rappelons nous que, pour bien faire, 4 repas doivent rythmer notre journée :

1petit déjeuner complet

1 déjeuner équilibré

1 vrai goûter : idéalement composé de pain, 4 carrés de chocolat, 1 laitage et 1 fruit.

1 dîner pas trop copieux.

 

Ils se prennent de préférence en famille, sans cousine Télé et Tante tablette, même punition pour les parents. Prenons le temps, mangeons lentement en mâchant. Nous avons beau vivre en 2016, notre corps ne perçoit un signal de satiété qu’au bout de 20 minutes. C’est long 20 minutes ! Pour les moins habitués et les plus speedés de la vie, il va falloir s’entraîner à poser la fourchette à chaque bouchée. Et on mâche !

 

 

 

Association Française de Pédiatrie Ambulatoire

                                                                                                            08/02/2016

                                                     Virginie Legourd.