CRISE SANITAIRE 2020 ET SANTE MENTALE

Le boom des professionnels de la santé mentale

Avec la crise sanitaire liée à la Covid 19, on observe un véritable boom auprès des professionnels de la santé mentale.

Au fil de cet article nous allons nous pencher sur le domaine de la santé mentale, en tentant de comprendre pourquoi et comment la crise sanitaire de la COVID 19 a entraîné l’explosion de l’activité du secteur. Nous allons aussi tacher d’expliquer à quels maux et à quels problèmes majeurs ces mêmes métiers vont devoir se frotter ; des professionnels qui auront une importance cruciale dans les mois et les années qui arrivent, afin de résorber le traumatisme sociétal dont nous allons tous inéluctablement subir les effets.

Enrayer la pandémie, mais à quel prix ?

Outre l’aspect purement anxiogène de la pandémie en provenance de Chine, lorsqu’elle fut annoncée voilà presque un an, de très nombreux autres facteurs se sont depuis agrégés autour, pour finalement générer un problème de santé publique majeur à l’échelle du pays. Au sein de la population nationale, les traumatismes sont nombreux, mais ils sont aussi extrêmement profonds, si bien que les besoins en psychothérapies et autres séances de soins mentaux risquent littéralement d’exploser dans un avenir tout proche et pour une période vraiment longue… Cela dépasse d’ailleurs nos frontières puisque tous les pays qui ont pris la pandémie en pleine face et affichent des chiffres statistiques absolument mortifères au sein de leur population, subissent les mêmes effets au niveau de la santé mentale. Il est évident que les nations qui ont subi des pertes moins lourdes, ne connaîtront quant à elles aucun impact psychologique au long cours, et l’on ne peut donc pas s’empêcher de se poser la question de savoir jusqu’à quel point la population française va être traumatisée, car cela va nécessairement être le cas.

 

Quoi qu’il en soit, les faits sont là et ne souffrent pas la moindre contestation : les professionnels de la santé mentale affirment que les répercussions du confinement et du traitement de la pandémie engendreront des conséquences bien pires que la COVID 19 en elle-même – dont il faut rappeler que la mortalité se situe à hauteur de 0,5 % (cela fluctue très sensiblement avec l’âge du patient). Les psychiatres, les médecins du travail, les médecins scolaires, et tout le personnel paramédical savent déjà à l’avance que lorsque nous nous serons sortis de la pandémie en elle-même, il faudra pouvoir s’occuper de toutes les pathologies connexes.

C’est à partir de Mars, que l’on peut vraiment commencer à parler d’impact mental grave au niveau de la population, car c’est à ce moment que les directives liberticides ont commencé à pleuvoir : le confinement à domicile lourd est instauré, l’interdiction de visiter ses proches et / ou ses aînés en EHPAD vient nous couper des racines, le chômage technique ou partiel pour les non-soignants et « non-essentiels » est mis en place avec plus ou moins de réussite…

L’ensemble de ces privations de liberté ajouté à l’isolement, tout cela est vécu comme une aliénation, et n’importe quel professionnel de la santé vous le dira, cela devient très vite le terrain parfait pour une explosion d’absolument tous les syndromes de maladies ou de pathologies mentales possibles et imaginables.

En termes de santé publique, il faut sans doute s’accorder pour dire que le premier impact psychologique de la crise sanitaire, tient en un accroissement très sensible à la fois de l’anxiété et du stress. La communication relativement floue, pour ne pas dire contradictoire vis à vis du virus, les mises en quarantaine, l’obligation du port du masque, de devoir produire une attestation pour pouvoir mettre le nez dehors, la fermeture des petits commerces, des restaurants, des troquets et de tout ce qui crée le lien social, tout cela a contribué à créer un climat d’angoisse, voire de paranoïa, absolument irrespirable…et il ne faut donc pas s’étonner de voir les problèmes se multiplier au sein de la population.

Une autre conséquence directe de l’ensemble de ces mesures a été la hausse en flèche de l’isolement et de la solitude, entraînant des dépressions et une forte hausse de la consommation d’alcool ou de produits illicites, et à terme, de suicides.

Pour l’heure, les restrictions de sortie ne permettent pas encore de chiffrer le nombre de nouveaux cas, néanmoins les estimations ne sont pas très optimistes, d’autant plus que la crise économique et la vague de licenciements qui sont à venir, vont sans doute faire empirer les choses et exploser les statistiques.

 

Les étudiants, dont on parle relativement peu au cœur de la crise sanitaire, sont une population qui a été tout particulièrement exposée (un étudiant sur 3 a présenté des signes de détresse psychologique au cours de la crise…). Non seulement ils sont souvent précaires financièrement, mais le confinement a aussi créé chez certains une désocialisation sévère, voire un isolement total, tant des amis que de sa propre famille.

Et puis, il y bien entendu tous les réseaux de santé dédiés aux personnes âgées, les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes en convention avec l’État), mais pas seulement, dont les pensionnaires paient le prix fort. Le manque affectif et la solitude sont un facteur accélérant dans le délitement de la santé d’une personne âgée, qui plus est déjà fragilisée…. Ce secteur lui aussi devra bénéficier d’une attention toute particulière, même si certains dégâts nous le savons déjà, demeureront irréparables…

Certaines tranches de vies manquées ne se rattrapent pas, l’absence est parfois vécue comme une véritable blessure ouverte et l’enchaînement des deux confinements n’a fait que renforcer l’impact négatif du second, pourtant «allégé » si l’on peut dire…

Les symptômes et les solutions.

Il existe plusieurs marqueurs, qui permettent de savoir jusqu’à  quel point l’on est fragilisé mentalement, mais pour commencer, ne sombrez pas dans l’hypocondrie !

Nous sommes au début de l’hiver et avoir le nez qui coule, un petit mal de tête ou des petits soucis gastro-intestinaux passagers, un brin de fatigue ou une baisse de tonus, c’est tout à fait normal, et ne doit pas vous inquiéter plus que cela !

Faites une petite cure de vitamines C et de vitamines D, réalisez quelques exercices physiques au quotidien et prenez un peu soin de vous ; ne vous laissez pas aller !  Tâchez également de communiquer, de rester en contact avec certaines personnes (au moins par téléphone, par mail, etc.) qui vous font et vous veulent du bien, ne vous forcez pas à devoir affronter des situations de stress que vous pourriez éviter et adoptez des habitudes et une hygiène de vie saines (heures fixes pour le sommeil et le repas, etc).Informez-vous également, cela rassure le plus souvent, car en recoupant les infos on mitige les « gros titres » un peu racoleurs des grands médias et on affine aussi sa connaissance vis à vis du virus et de l’ampleur de la pandémie. Mais ne vous noyez pas non plus dans les informations, n’y passez pas tout votre temps, cela pourrait devenir anxiogène et donc anti productif au final…

Lorsque des symptômes inquiétants persistent, que l’anxiété et les peurs se font par trop envahissantes au point de frôler la peur-panique, lorsque vous devenez irritable, ou bien lorsque simplement vous avez été positif au test et que vous le vivez mal, le mieux est effectivement d’en référer à un professionnel et de consulter (ne serait-ce que pour mettre des mots, de gros progrès ont été faits en matière de consultation à distance).

Vous êtes assailli de pensées négatives ? Vous avez la sensation de perdre le goût des choses, y compris des petits plaisirs que vous pourriez encore vous permettre chez vous ? Vous pleurez fréquemment et / ou êtes plus irritable ou agressif qu’à l’accoutumée ? Vous passez votre temps et vous rendez malade à sans cesse vérifier que vous ne l’êtes pas ?

Tranchez ces germes d’ondes négatives à la racine et tournez-vous vers une personne dont c’est le métier, pour en comprendre la nature et vous aider à les combattre. Le temps seul ne peut pas régler certains problèmes psychologiques ou mentaux, il faut le savoir. C’est sans surprise que l’on assiste déjà à une très forte recrudescence de l’activité des métiers corrélés à la santé mentale ces derniers temps, et on peut s’attendre à ce que la tendance s’accentue encore de manière exponentielle dans les mois et les années à venir.

Le Gouvernement a annoncé vouloir mettre le paquet sur ce type de soins, puisque selon ses dire « La santé mentale des français s’est significativement dégradée depuis fin septembre », alors nous verrons quelles mesures ils mettront en place afin qu’un maximum de personnes en souffrance puissent en bénéficier, mais il y a fort à parier que tout soit fait et pensé pour et il y a déjà urgence si l’on peut dire !

L’enjeu est majeur en termes de santé publique et pour tout le réseau de santé, qui va devoir absorber une charge de travail absolument considérable dans un avenir immédiat et au long terme. Car oui, un suivi au long cours sera également nécessaire, notamment pour les très jeunes enfants, dont l’impact de l’état d’urgence sanitaire et de paranoïa généralisée sur la psyché, est impossible à connaître à l’heure qu’il est, mais aussi pour les jeunes couples précaires et toute une population qui a subi le plus sévèrement les privations de liberté et la crise sanitaire dans leur ensemble.

 

Par Romain Pillard

Le 1er décembre 2020