Faire du sport en famille, en attendant bébé, après bébé, avec bébé… MomOut Family et sa créatrice Joana Jacuzzi nous parle de sport et de parentalité 2.O
Vie de famille, parentalité, ne rime pas toujours avec sport. Permettre aux femmes de continuer à faire du sport sans crainte pendant leur grossesse mais aussi après la naissance de leur bébé…. C’est aujourd’hui possible grâce à la plateforme MomOut Family crée par Joana Jacuzzi. L’entrepreneuse lyonnaise propose aux parents, via sa plateforme, des équipements adaptés et éco-responsables. Elle combat également les idées reçues grâce aux témoignages d’experts et de familles.
MomOut Familiy : la première plateforme consacrée au sport, la parentalité et la famille
« En 2019, pendant ma première grossesse, j’ai longtemps continué à faire du sport. J’ai même réalisé un randonnée de 120 kilomètres au cinquième mois. Mais, au fur et à mesure que les semaines avançaient, j’avais du mal à trouver des équipements adaptés pour courir, faire du renforcement musculaire ou même du yoga ! Tous les vêtements venaient de Chine, sans aucune traçabilité et j’avais le choix entre ceux de maternité qui, en mouvement, ne tenaient pas sur mon ventre ou ceux de sport trop serrés », explique Joana Jacuzzi.
C’est au moment d’envisager sa deuxième grossesse que cette future entrepreneuse décide de combler elle-même ce manque en créant MomOut Family. Sa plateforme regroupe des produits testés et approuvés par des mamans ambassadrices. Brassière, porte-bébé, veste de portage…, ces équipements répondent à un cahier des charges bien précis. Ils doivent être adaptés à la technicité de la pratique sportive mais aussi à la physiologie de la grossesse et du bébé.
Autre critère prépondérant pour MomOut Family ka plateforme sport et parentalité : l’éco-responsabilité
« Je fais très attention à la traçabilité, au choix des matières et aux conditions de travail. Lorsque j’identifie un besoin chez des parents sportifs, je regarde s’il existe ce produit et je le distribue. Si ce n’est pas le cas, je le conçois moi-même. Actuellement, je travaille sur notre propre legging qu’on commercialisera d’ici un an ».
Joana Jacuzzi
Sport, famille, éco-responsabilité… Une autre vision de la parentalité
Toujours dans cette logique d’économie circulaire, tous les produits proposés par MomOut Family peuvent être revendus ensuite sur la plateforme. Et une option de location est disponible pour de nombreux produits.
« L’idée, c’est que les produits me reviennent une fois que les familles n’en ont plus l’usage. Pour qu’ils soient réutilisés mais aussi recyclés/revalorisés lorsqu’ils ne sont plus utilisables. La location et la vente avec reprise sont les deux options pour que chacun s’y retrouve en fonction de ses habitudes et modes de vie. Soit on loue tant qu’on en a besoin. Soit on achète en sachant que je rachète le produit pour le mettre en location une fois qu’il n’est plus utilisé. C’est écologique mais également économique ».
Joana Jacuzzi
Rebellissime : Dans quelle mesure la parentalité a intensifié votre attachement à la traçabilité ?
« J’y étais déjà très sensible. Je pense que le côté éphémère de la grossesse et de la petite enfance à accentué ma sensibilité écoresponsable mais plus sur les questions de réemploi. J’avais pour habitude d’utiliser mes vêtements et accessoires jusqu’au bout, mais avec la grossesse et les bébés, au bout d’un moment on n’en a plus besoin, qu’est ce qu’on en fait ? »
Joana Jacuzzi
MomOut Family se démarque aussi par son blog : sport, famille, parentalité
Au programme ? Des témoignages d’experts et de familles sur la pratique sportive durant la grossesse et la petite enfance.
« On a une représentation très rose, très feutrée de cette période. Comme si une femme enceinte ne pouvait faire que des sports doux. Pour nombre d’entre elles, la pratique sportive fait partie intégrante de leur vie. On ne peut pas leur
demander d’arrêter sous prétexte de croyances ultra précautionnistes. L’idée de ce blog est donc de les informer afin qu’elles se sentent fortes et légitimes dans leurs pratiques ».Joana Jacuzzi
Lancée en novembre 2022, MomOut Family vise un chiffre d’affaires de 70 000 euros en 2023 puis 150 000 euros l’année suivante. Mais bien avant l’aspect financier, c’est surtout un changement des mentalités qu’espère encourager Joana Jacuzzi.
Faire évoluer les mentalités sur les femmes, la famille, le sport…
« Nous voulons vraiment casser les codes de la maternité. Les femmes enceintes sont les mieux placées pour savoir ce qui se passe dans leur corps et pour gérer elle-même les risques, qui sont médicalement très faibles pour les grossesses non pathologiques. Bien souvent les mamans sportives se sentent comme des extraterrestres. J’ai envie de changer cette perception en créant une véritable communauté », conclut-elle.
Rebellissime : Comment venir à bout de l’idée, du préjugé, selon lesquels le sport est dangereux pendant la grossesse, après l’accouchement ?
« C’est en court. Entre mes deux grossesse déjà (en 3 ans et demi) le discours médical a beaucoup changé. En bien. Ensuite il y a les sportives de haut niveau qui mettent en avant leur maternité pour que le sujet soit mis en avant. Puis il y a la sensibilisation, comme mon blog, des comptes de coachs sportives, de kinés, mais aussi le gouvernement qui a sorti un guide sur le sport pendant la grossesse ou encore l’INSEP qui organise régulièrement des conférences sur ces thématiques. Il y a également un choix de plus en plus grand d’activités adaptées, laissant plus de choix aux mamans qui souhaitent pratiquer en groupe et sous le regard rassurant d’une prof. Danse prénatale, cardio prénatal, j’ai même vu du karaté adapté ! il y a même de nouvelles disciplines qui ont été créées pour la période pré et post natale, comme le kanga training ! il y a aussi de plus en plus de salles de sport avec un esprit familial ou l’on est assuré d’être bien accueilli avec un bidou et de trouver des coachs formés pour adapter les séances« .
Joana Jacuzzi
Etre une femme, une famille, une maman… Pourquoi c’est toujours problématique ?
Fonder une famille, être une femme, une maman, avoir un enfant, faire du sport, créer son entreprise, s’habiller top court, trop long… Quand on une femme, tout ce que l’on fait est critiqué. La société, la morale, les médias, la famille, le conjoint, les amis et parfois même les politiques nous dictent comment penser et même comment nous fringuer. C’est insupportable ! Non ?
Rebellissime : Que pensez-vous des nombreuses critiques visant les femmes qui ne veulent pas grossir, ni transformer leur corps ?
« La même chose que concernant les critiques faites aux femmes d’une manière générale concernant leur poids, leur physique, leur façon de parler, de s’habiller… c’est ridicule. Finalement on reproche à certaines femmes enceintes de trop grossir, d’autres pas assez. On a TOUJOURS a redire sur le comportement des femmes, surtout quand elles portent la vie. Au-delà de ça, je trouve inadapté de faire des critiques à quelqu’un qui veut prendre soin de soi. Ensuite, la transformation du corps est quelque chose qui peut être difficile à vivre pour certaines, et pas que pour les sportives. Beaucoup de femmes perdent pied à cause de ces changement. Les sportives ont la chance d’avoir un outil (le sport) pour garder le contrôle. Après il y a en effet certaines influenceuses qui ne communiquent que sur un culte du corps et du physique, mais très franchement, je commence a avoir une bonne culture de l’influence « maternité » et c’est anecdotique ».
Joana Jacuzzi
On parle peu de maternité sportive, pourquoi selon vous ?
« Ça ne correspond pas à l’image qu’on a de la maternité. On peut aussi dire qu’il y a très peu de recherche sur la femme enceinte. On a pour habitude de tout interdire par précautionnisme. Mais c’est en train de changer. Également parce que le sport est de plus en plus l’affaire de tous et toutes. Et beaucoup comprenne que ça fait partie d’un équilibre de vie qu’on n’a pas intérêt à stopper au moment ou l’on a les plus besoin d’équilibre ! »
Joana Jacuzzi
Rebellissime : Pourquoi tous les vêtements de sport sont-ils moulants ? C’est mieux pour le sport ? Enceinte n’est-ce pas désagréable ?
Et oui, nous aussi on a notre petit mot à dire sur le legging ! Est-ce qu’on est vraiment obligée ? Sérieux ? Un joli petit pantalon léger et fluide, c’est pas possible, ? Vraiment et au-dessus de la brassière un tee.shirt, c’est envisageable ? Ou bien on doit forcément exposer ses formes ?
« C’est plus pratique pour certains sports mais, en même temps, chacune doit pouvoir avoir le vêtement qui lui convient. Les avantages c’est de ne pas avoir de tissu qui frottent pour certaines pratiquent, ou d’avoir les manches du pantalon qui tombent sur des positions inversées, et pour les activités encadrées ça permet au coach de bien voir les mouvement et de pouvoir corriger.
Niveau confort j’imagine qui ça dépend des personnes. Je sais que dans mes interviews j’ai entendu plusieurs personnes qui ne supportent pas les legging. Tout le monde devrait pouvoir trouver le vêtement dans lequel elle se sent bien. Chez MomOut notre premier vêtement sera un legging car ça reste le plus recherché pour faire du sport. Mais à l’avenir j’aimerais beaucoup faire un jogging léger ».Joana Jacuzzi
Famille, sport, parentalité… et jouets d’imitation :le Fit’Mômes nouvelle création de MomOut Family
Caisse à outils, aspirateur, batterie de cuisine…, de nombreux jouets d’imitation existent pour permettre aux enfants de reproduire les faits et gestes de leurs parents sans danger. Mais, bien souvent, ces jouets véhiculent une image désuète, voire même genrée pour Joana Jacuzzi, la fondatrice de MomOut Family.
« On va retrouver des chariots de ménage pour faire comme maman, des établis et des barbecues pour faire comme papa. Nous voulions sortir de ces stéréotypes et proposer des jouets véhiculant des valeurs comme le dépassement de soi, une bonne hygiène de vie ou la persévérance »
Son idée ? Créer les premières haltères et kettlebell en peluche pour inciter les enfants à commencer le sport dès le plus jeune âge. « S’ils nous voient faire du sport à la maison, nos bambins vont avoir envie de faire la même chose que nous. Sauf qu’une haltère de 4 kg peut être très dangereuse. Je voulais un jouet sans risque, donc en peluche, qui puisse véhiculer les valeurs du sport. Mais aussi permettre aux enfants d’accompagner leurs parents pendant la séance afin de vivre un moment partagé » explique Joanna Jacuzzi. Disponibles en précommandes depuis avril via une plateforme de crowdfunding, ces Fit’Mômes seront livrées en novembre prochain, juste avant Noël.
Excellente idée que celle vos de peluches d’imitation haltère et kettlebell, bravo ! J’ai dû ruser et faire très attention avec mon fils.
« Oui beaucoup de parents bricolent. Depuis que j’ai lancé ce projet j’ai eu pas mal de témoignages sympa. On a deux trois ajustements à faire avant de relancer un crowdfunding, sans doute fin 2023 : coloris, communication, punchline. On veut insister sur le côté « badasse » de « faire de la muscu comme maman » c’est quand même plus fun que de jouer à faire à manger. Le but c’est que ça devienne le jouet préféré des familles sportives ».
Interview de Joana Jacuzzi sur la parenatalité, le sport, la vie de famille et d’entrepreneuse en 2023
Rebellissime : Dans quelle mesure diriez-vous que c’est la parentalité qui a fait de vous une entrepreneuse ?
« En réalité la parentalité et son rythme parfois inadapté à une vie salariée classique m’a poussé à bout. Je travaillais pour une entreprise française de sport et de loisirs et j’ai compris que je ne pouvais pas changer le rythme de ma famille mais que je pouvais changer celui de mon travail. L’entreprenariat s’est alors fait une place petit à petit dans le champs de mes possibles.
Après c’est tout de même ma première grossesse qui m’a ouvert les yeux sur la question des équipements adaptés à une grossesse sportive. Mais c’est bien après que je me suis lancée. Il m’a fallu repousser tout un tas de pensées limitantes et évidemment mon premier fils m’a beaucoup aidé ».Joana Jacuzzi
Rebellisime : Pourquoi les futures et jeunes mamans (sauf grossesse pathologique) ne peuvent pas toujours pratiquer le sport comme elles le veulent ?
« Il y a plusieurs niveau de réponse. A un niveau sociétal, même systémique, je dirais que la société garde la main sur la maman et la procréation en réduisant les femmes enceintes à leur fonction de future maman, et surtout en réduisant les sphères de plaisir (tabou de la sexualité pendant le grossesse, restrictions alimentaires parfois injustifiées, limitation de l’activité physique… ). Pour autant on ne les empêche ni de travailler ni de faire les courses ou le ménage !
Dans la pratique, les croyances populaires sur les risques de perdre son bébé en pratiquant du sport ont encore beaucoup d’influence, et des personnes vont, en pensant bien faire, inviter les futures mamans à se restreindre. En réalité ces croyances se fondent sur une culture du précautionnisme extrême : limiter plutôt que de nuancer (ex : l’altitude peut créer des essoufflement, plutôt que de dire à la maman de limiter ses efforts physiques en altitude, on lui interdit d’aller au-delà de 1 500 m d’altitude), alimenté par le mythe de la petite femme fragile.
Enfin, on projette la future maman dans des sports qui la maintienne dans une vision douce et feutrée de la maternité : le yoga, la natation, la gym douce ».Joana Jacuzzi
Rebellissime : Y-a-t-il des activités proscrites et pourquoi ?
« Je ne suis pas médecin mais si on est en grossesse physio (pas pathologique donc 80%) ne sont proscrits que les sports ou l’on pourrait manquer d’oxygène de manière prolongée ou subir un changement de pression trop rapide. Car apriori si l’on manque d’oxygène, le bébé en manque aussi. Et les sports ou l’on peut recevoir des coups. Mais ça, c’est une évidence. Par contre il n’est pas indiqué de commencer un sport non adapté enceinte. On peut continuer tous les sports que l’on veut du moment où on les maitrise bien et ou on connait bien notre corps dans la pratique.
Ce qui reste « proscrit » c’est de chercher à améliorer ses performances pendant cette période. On doit rester dans une pratique confortable, ne pas « se mettre dans le rouge »
Ensuite ce qui n’est pas indiqué c’est de travailler ses abdos « grand droits ». il faut éviter de les renforcer pour ne pas avoir un diastasis pathologique après la grossesse. Il est déconseillé aussi d’exercer des pressions sur son périnée s’il n’y résiste pas. Mais ce n’est pas valable uniquement pour la grossesse mais pour toutes les périodes de la vie. C’est juste que ce muscle est plus mis à mal pendant cette période avec le poids du bébé. C’est pourquoi il peut être interessant de faire des exercices du périnée pendant la grossesse, et pas seulement en rééducation. Ces limites ne concernent pas vraiment les sportives de haut niveau qui de toute façon sont hyper suivies par une équipe de pro et qui ont des consignes sur mesure en fonction de leurs aptitudes extraordinaires ».Joana Jacuzzi
RA qui s’adresser si on se demande si on peut faire tel ou tel mouvement, telle ou telle autre activité sportive ?
« Un coach sportif, s’il ou elle est formé(e) à la pratique pré-natal, à votre gynéco ou sagefemme à condition de l’avoir interrogé dès ses premiers RDV sur son rapport au sport. Il y en a encore qui vous diront de se limiter aux sports doux, et dans ce cas, si vous êtes sportives, changez de professionnel. Mais globalement, si tout va bien et qu’on a en tête les quelques restrictions, il suffit de s’écouter et l’on a besoin de personne. »
Joana Jacuzzi
Rebellissime : Quels sont les bienfaits de faire du sport avec bébé, pour la maman ? Et pour l’enfant ?
« Pour la relation parent – enfant : des moments de partage mais aussi un partage de ses valeurs.
Pour l’enfant : voir d’autre chose, rencontrer d’autres personnes, prendre l’air.Pour les parents : pouvoir faire du sport même quand bébé ne nous laisse pas le temps ».
Joana Jacuzzi
Rebellissime : Il y a quelques précautions tout de même lesquelles ?
« Avec un bébé, bien sûr ! On adapte complètement sa pratique. Je pense qu’on le fait beaucoup plus que pendant la grossesse. Après tout dépend de son sport. Pour le running par exemple : avoir la bonne poussette et éviter les terrains trop accidentés tant qu’il est petit. En rando prévoir assez de pauses et éviter le plein soleil…. »
Joana Jacuzzi
Notre magazine s’appelle Rebellissime, qui est votre rebelle préféré(e) et pourquoi ?
« Il y a tous pleins de rebelles que j’adore, principalement toutes celles qui ont ouvert la voie aux femmes, dans leur métier, dans l’art, dans la politique. Je vais prendre un exemple sportif. Il y a de plus en plus de sportives qui mettent la maternité sur le devant de la scène. Mais je vais parler de l’une d’elle dont je me sens particulièrement proche car j’adhère très fortement à toutes les valeurs qu’elle véhicule: Marion Poitevain. Pionnière dans les sports de montagne, première femme admise au groupe militaire de haute montagne, la première femme au sein de l’équipe d’alpinisme d’élite de l’armée de terre, la première instructrice à l’École militaire de haute montagne et la première femme CRS montagne. Féministe, hyper généreuse, deux fois mamans à peu près aux mêmes moment que moi, elle m’inspire beaucoup. Son livre, Briser le plafond de verre, est le premier bouquin que j’ai intégré sur mon site ».