SOS Racisme salue la condamnation du fonctionnaire de police mais regrette la légèreté de la peine et le refus de retenir la dimension raciste de l’acte

Aujourd’hui, la 10ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a condamné un fonctionnaire de police des chefs de violences aggravées, à la suite de coups portés à un supporter de football lors d’une célébration sur les Champs Elysées à Paris dans la nuit du 7 juillet 2019, dans le cadre d’un match de la Coupe d’Afrique des Nations.

Rappel des faits

Ce soir-là, les forces de l’ordre étaient déployées dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre. La victime suivait alors l’ordre des fonctionnaires de police présents d’évacuer la zone et se trouvait face à l’un d’eux qui l’injuriait et lui assénait alors plusieurs coups au visage, lui causant une luxation de la mâchoire et quatre dents cassées. La victime était ensuite transportée aux urgences et déposait plainte quelques jours plus tard.

Une condamnation trop légère ?

Si la condamnation de ce fonctionnaire de police est bienvenue, SOS Racisme regrette la légèreté de la peine – à savoir 2 mois de prison avec sursis – tout autant que le refus du tribunal de retenir le chef d’injure à caractère racial duquel le fonctionnaire de police était également poursuivi.

Exception à la française ?

Cette légèreté de la peine et le refus de considérer la parole de la victime comme suffisamment crédible concernant les injures racistes ne sont pas sans faire écho au rapport consacré à la France que le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD), publié le 2 décembre et dans lequel il déplorait les violences et le profilage racial au sein de la police en France, à travers notamment le recours « à des interpellations discriminatoires ».

Rebellissime Dominique Sopo Pour Dominique SOPO, président de SOS Racisme, « les tribunaux gardent une fâcheuse tendance à minimiser la gravité de faits que la République ne peut pourtant tolérer. Si le déséquilibre entre la parole de policiers et celle de « simples citoyens » est partiellement résorbé par la multiplication d’enregistrements vidéo qui rendent parfois incontestable la commission de violences de la part de certains éléments des forces de l’ordre, la persistance de la mise en doute de la version des citoyens – notamment sur la dimension raciste de propos proférés – montre que les réticences à punir ces comportements restent solidement ancrées au sein de la magistrature. »