Nos voisins les dauphins

L’espèce qui est plus souvent habituée à évoluer dans de grands fonds se retrouve de plus en plus près de nos côtes françaises et ce n’est pas forcément pour le meilleur. Changement climatique, captures accidentelles de cétacés, les hypothèses sont nombreuses mais le phénomène n’a pas encore d’explications.

Différentes raisons à ce phénomène nouveau restent toujours à établir. Sami Hassani, coordinateur du réseau échouage qui pilote le centre de soins d’Océanopolis à Brest, explique qu’il est difficile de savoir exactement les causes. « Le dauphin commun est une espèce océanique, qui vit sur le talus continental (zone de transition entre les faibles profondeurs et les abysses) mais que l’on voit se rapprocher de plus en plus des côtes. On sait que ses déplacements sont liés à la prospection alimentaire. Ce sont sans doute leurs proies qui les entraînent vers ces zones de danger ». Si ce n’est pas pour se nourrir, ils se retrouvent soit capturés accidentellement par les bateaux de pêche, soit piégés par la marée.

 

C’est principalement sur la côte Atlantique que les dauphins communs se manifestent depuis un certain temps. Tout s’est intensifié le 10 janvier, lorsque deux de ces animaux ont été sauvés d’une mort certaine. Ils étaient prisonniers dans la vase de la baie de Saint-Malo et c’est les pompiers de Cancale et entre autre de Gaël Gautier, coordinateur de l’association Al-Lark, qui ont réussi à les secourir. Ils ont pu regagner le large tous les deux après avoir vécu un épisode de stress intense qui aurait pu leur être fatal. Les observateurs ont plus souvent l’habitude d’accueillir les grands dauphins, une espèce habituée du littoral. Ils expliquent la visite des dauphins communs par un problème de marée. « Les dauphins communs vivent plutôt au large, dans le golfe de Gascogne. Quand ils s’approchent de nos côtes, ils se trouvent piégés par les marées », explique Gaël Gautier. Il ajoute notamment que le nombre d’échouages sur les côtes bretonnes tend à augmenter depuis cinq ans.

Le réchauffement des eaux, sous l’effet du changement climatique, est aussi une piste avancée. Les cétacés sont une espèce très mobile et de nombreux phénomènes de déplacements de population ont été observés ces dernières années chez des cousins du dauphin. « Nous avons vu des marsouins migrer vers le sud sans doute à cause du réchauffement de la mer du Nord, qui est peu profonde et qui est plus sensible au réchauffement. Peut-être qu’ils subissent la même chose. »

Afin d’évaluer l’ampleur du phénomène, des survols aériens du littoral atlantique français devraient avoir lieu ces prochains mois. Les scientifiques espèrent en profiter pour avoir une meilleure idée des populations de cétacés évoluant près de notre littoral. L’ONG Sea Sheperd dénonce les captures accidentelles des bateaux de pêche. A plusieurs reprises, des bateaux de l’association de défense des animaux ont filmé des navires en exercice au large des côtes bretonnes afin de dénoncer les prises de cétacés. Des actions qui ne plaisent pas aux professionnels de la mer. En juillet 2019, l’Etat français avait même été condamné pour le trop grand nombre de prises accidentelles de dauphins dans le golfe de Gascogne. Le tribunal jugeait que la France avait tardé à mettre en place des mesures afin de réduire la mortalité des cétacés.

 

Eléna El Meliani 

Le 27 janvier 2021