Rokhaya Diallo marraine du Raid Sahraouiya 2023. Interview

Rokhaya Diallo partage avec vous son expérience de cette 9ème édition du raid Sahraouiya. Une aventure 100% féminine et solidaire. Interview

Sahraouiya est un événement qui prône la solidarité, le dépassement de soi et qui valorise le sport comme étant un levier social pour toutes les femmes du monde. Organisée par l’association Lagon Dakhla, cette course a donné la part belle au dépassement de soi, au partage et à la solidarité sous un soleil radieux. Pendant 7 jours, 45 binômes de femmes engagées se sont rencontrées, défiées et même redécouvertes lors d’épreuves sportives. Elles garderont toutes des souvenirs inoubliables de cette expérience vécue au sud du Maroc, dans le désert du Sahara. L’une des marraines de cette 9 è édition n’est autre que la journaliste Rokhaya Diallo. Elle répond aux questions de Rebellissime, tout comme le directeur sportif de ce raid 100% féminin et solidaire.

Les participantes au Raid multisport Sahraouiya se dépassent…

Tous les binômes se challengent au profit de la solidarité féminine

Mélange de rires, de larmes et d’émotions fortes pour l’ensemble des participantes. Elles ont dû aller au bout d’elles-mêmes pour réussir ce programme sportif intense. Plus de 120km au cumulé, l’équipe organisatrice a concocté un parcours de haut niveau.

Une 9è édition du Raid Sahraouiya sous le signe de l’émotion, de la rencontre et du challenge sportif.

Quelque soit leur nationalité, leur âge (de 17 ans à 59 ans) ou leur culture, elles se sont toutes challengées. Durant 22 jours, les épreuves de la compétition se sont déroulées dans un cadre exceptionnel entre la baie et les dunes de Dakhla.

Rencontres et émotions pour Laila Ouachi, co-organisatrice du raid

Pour Laila Ouachi, co-organisatrice du raid, « cette 9^ème édition était riche en surprises et en émotions mais surtout en rencontres entre femmes exceptionnelles. Elles étaient ici pour se découvrir. Pour autant, elles n’ont pas hésité à aller les unes vers les autres. Il y a eu une vraie communion, une force et une solidarité entre toutes ces aventurières du quotidien. Les participantes se sont dépassées sur des épreuves sportives de qualité ». Elle se confie : « je suis très émue et me retrouve moi-même à travers ces femmes et ce qu’elles ont vécu ici sur le raid Sahraouiya. »

Challenge sportif pour Gilles Gaubert, directeur général du raid

Gilles Gaubert, directeur général du raid évoque la course d’un point de vue sportif : « cette édition a été spéciale car le niveau est monté d’un cran avec des épreuves plus longues et plus intenses. Sur 45 équipes, 80% sont classées, le niveau est donc très bon. Dès à présent, on va peaufiner le parcours de l’année prochaine pour revenir avec encore plus de surprises. Je retiens la persevérance de toutes ces femmes qui sont allées au bout d’elles-mêmes malgré la difficulté du parcours. Elles en ressortent toutes fières et donc nous aussi !»

L’aventure sportive du Raid Sahraouiya en quelques chiffres

Trail dans le désert : 26,5km
Trail de nuit à la frontale à 21h : 7km
VTT dans les dunes : 35km
VTT orientation dans les dunes : 13km
Course d’orientation dans les dunes et sur l’île du Dragon : 16,5km
Canoë dans le lagon de Dakhla : 9km
Épreuves surprises : « les poteaux », descente en rappel, tir à l’arc, golf, Boot Camp

Les mots des deux marraines de la 9è édition de ce raid Sahraouiya 100% solidaire et féminin

Les deux marraines de l’édition sont Rokhaya Diallo, journaliste, ainsi que Émilie Gomis, basketteuse professionnelle et ambassadrice Paris 2024. Elles ont pris part à l’aventure avec les autres binômes. Toutes les deux ont vécu une expérience humaine et sportive extraordinaire.

« Je suis très heureuse d’avoir pris part à l’intégralité du raid. J’ai toujours couru en ayant à coeur le soutien à l’association Excision Parlons-En ! C’était éprouvant physiquement surtout les 3 premiers jours mais je suis sortie de ma zone de confort pour réaliser cette aventure inédite. Cela m’a apporté de belles rencontres et c’est une vraie leçon d’humanité. »

Rokhaya Diallo, journaliste

Rebellissime interview de Rokhaya Diallo, journaliste, militante féministe et antiraciste.

L’éditorialiste, réalisatrice et auteure est aussi cofondatrice de l’association Les Indivisibles, Merci à elle d’avoir répondu aux questions de Rebellissime

Rebellissime : Pourquoi avoir accepté de participer à ce raid ?
Rokhaya Diallo : « J’ai accepté de participer à ce raid en premier lieu parce que c’était un raid féminin axé sur la défense des droits des femmes et le fait d’être marraine me permet de soutenir une association qui me tient à coeur

Rebellissime : Quelle sportive êtes-vous au quotidien ?

Rokhaya Diallo « Je suis raisonnablement sportive. Au quotidien, je ne fais pas énormément de choses autour de l’endurance. Pour moi, la Sahraouiya sera vraiment ma première course parce que je ne suis pas une habituée de la course ni du vélo, très loin de la. Mais je fais du full contact – kick boxing depuis quelques années, deux ou trois fois par semaine selon mes disponibilités. C’est un sport qui me passionne ! »

Rebellissime : Quels messages et valeurs voulez-vous partager en tant que 1ère marraine de cette 9è édition ?

Rokhaya Diallo : « C’est un message de solidarité, de sororité mais aussi d’inspiration et de connaissance de soi. Il est important de savoir prendre soin de soi, de tenir compte de sa propre santé physique et mentale. Ce type de défis permet de mieux comprendre le fonctionnement de son corps et c’est important ».

Rebellissime : Avec votre co-équipière, Diouf Penda, pourquoi avoir choisi de représenter l’association l’Excision parlons-en ?

Rokhaya Diallo : « J’ai choisi cette association car le sujet des mutilations sexuelles reste malheureusement assez tabou alors qu’il touche pourtant de nombreuses femmes à travers le monde, pas seulement en Afrique, c’est une pratique qui existe sur quasiment tous les continents.
Je souhaite vraiment profiter de cette opportunité pour dire à quel point cette lutte, aujourd’hui, est extrêmement urgente et combien « Excision, parlons-en » contribue à protection de toutes jeunes filles face à ces mutilations traumatisantes, mais aussi déconstruire les préjugés qui laissent entendre que c’est un problème qui n’aurait trait qu’à certaines cultures.

Rebellissime : Quels sont les enjeux d’une plus grande solidarité des femmes à travers le monde ?
Rokhaya Diallo : « Leymah Gbowee qui a été prix nobel de la paix en 2011, une activiste et intellectuelle libérienne dit “notre force est infinie”. Elle a été à l’origine d’un mouvement de masse en faveur de la paix et je crois que l’enjeu de notre solidarité c’est de montrer que notre force intérieure comme extérieure est infinie ».

Question Rebellissime : qui est votre rebelle préféré(e) et pourquoi ?
Rokhaya Diallo : « Ma rebelle préférée c’est ma mère ! Une femme sénégalaise qui a immigré en France dans les années 1970. Avec mon père, à partir de pas grand-chose, elle a construit un monde, une famille, un capital économique, tout en parvenant à préserver son héritage et nous transmettre son capital culturel. Pour moi c’est un exemple de rébellion contre les assignations sociales parce qu’elle est devenue ce que personne n’aurait pu prédire quand elle est née ».

« Ce raid est une vraie aventure partagée entre femmes d’horizons différents. Et chaque parcours compte car on est toutes inspirantes. Tu es à nue en arrivant dans l’aventure et grâce aux épreuves tu te redécouvres. Tous les jours, il y a ces moments d’échanges, ces regards, ces émotions. »

Emilie Gomis – basketteuse professionelle et ambassadrice Paris 2024

Au-delà du challenge sportif… un raid solidaire et féminin

les concurrentes se sont réunies autour d’un même objectif : soutenir l’esprit solidaire de Sahraouiya.

En effet, la manifestation apporte son soutien à des associations oeuvrant pour la solidarité des femmes du monde entier. Grâce à l’engagement des équipes participantes, de nombreuses associations sont soutenues annuellement au niveau national et international et ce depuis la première édition : Unicef, Solidarité Féminine, Amis du Ruban Rose, SOS villages d’Enfants, El Amane pour le développement de la femme, La Goutte de Lait, Robert Debré, Kelina, ONDA Solidaria, Believe in Africa.

Sur cette 9ème édition, 12 500 € seront versés à une dizaines d’associations : celles des marraines et partenaires de la course ainsi que celles des 3 premiers binômes gagnants.

SOS Villages d’Enfants au Maroc est une association à but non lucratif créée en 1985. Elle a pour objectif : la prise en charge à long terme des enfants en situation de détresse, orphelins ou sans soutien familial. L’approche de l’association est que chaque enfant et chaque jeune est unique. Ses besoins et ses expériences lui sont propres. Il dispose d’un potentiel spécifique qui lui permettra de marquer le monde.
Les valeurs de SOS Villages d’enfants : Courage, Engagement, Confiance et reponsabilité.

L’Association Solidarité Féminine concentre ses efforts sur les mères célibataires, victimes de discrimination dans la société. Les principaux piliers de son travail sont la fourniture de sécurité et de conseils juridiques. En outre, le projet offre des possibilités d’éducation. Elles permettent aux femmes de devenir financièrement indépendantes. L’association mène également des programmes d’éducation et de sensibilisation aux problèmes rencontrés par les mères célibataires dans la société marocaine.

Rebellissime interview d’Arnaud Guichard, directeur de course

Rebellisisme : Ce défi sportif est-il à la portée de toutes les femmes ?

Arnaud Guichard : « Le raid est à la portée de toutes, à condition d’être un minimum sportive et entraînée : pratiquer la course à pied de manière régulière et savoir faire du vélo (si possible du VTT). Il s’agit malgré tout d’un réel défi sportif : enchaîner plusieurs sports par jour et tenir les 5 étapes (à deux). Mais la ténacité et le courage dont font preuve les femmes, en général, face aux épreuves ne sont plus à démontrer.
Pour ce qui est du Canoë et de la Course d’orientation, la pratique s’acquiert très rapidement : pour le canoë, 1 ou 2 sorties en binôme (impératif) peuvent suffire et pour l’orientation, nous redonnons un petit cours théorique, la veille de la 1er étape, pour celles qui n’auraient jamais pratiqué ».

Rebellissime : Quelle est votre épreuve préférée et pourquoi ?
Arnaud Guichard : « Bien que le Trail de nuit soit l’une des épreuves préférées des participantes, la Course d’orientation reste pour moi une des épreuves les plus intéressantes car elle allie course et réflexion : il s’agit, à l’aide d’une carte et d’une boussole, de trouver un itinéraire dans le but de rallier des balises (points de contrôles), le tout en pleine nature et dans un temps imparti.
Les équipes ne peuvent compter que sur elles-même pour choisir leur itinéraire et leur stratégie. Le chronomètre est le seul juge : l’équipe qui réalise le meilleur temps, avec toutes les balises, gagne ! »

Rebellissime : Merci de nous en dire un peu plus sur cette déco paradisiaque, bons et mauvais côtés
Arnaud Guichard : « Dakhla est un petit bout de paradis : un grand lagon d’eau turquoise, 25 degrés toute l’année, des dauphins, des flamants roses, l’océan et le désert. La péninsule qui s’étire sur 40 km, dépasse à peine 2km par endroits et donne cette air de « bout du monde.
Dakhla est également l’un des endroits les plus exceptionnels au monde pour la pratique du Kite surf en raison du vent régulier qui souffle de mars à fin octobre.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la date de la compétition n’est pas choisie au hasard (début février) car, en général, on n’aime pas le vent quand on court ou quand on fait du VTT ! »

Question Rebellissime : qui est votre rebelle préféré(e) et pourquoi ?
Arnaud Guichard : « Il y en a plusieurs, mais si je ne devais en donner qu’une, je dirai Simone Veil, icône de la lutte pour les droits des femmes (en France), une femme de combats qui a inspiré toute une génération. Au niveau sportif, plus récemment, on peut citer la grimpeuse Iranienne Elnaz Rekabi, première femme depuis 40ans à avoir participé à une compétition sportive sans porter de hijab (championnats asiatiques en 2022 à Séoul). Malheureusement son sort inquiète toujours ».