SAGA FEMMES POLITIQUES

ELLES CONSTRUISENT LE MONDE DE DEMAIN

Qui dit nouvelle décennie dit nouveaux visages politiques. Des visages féminins qui appréhendent le monde et son avenir de manières différentes… Faisons connaissance. 

Et si nous faisions le tour des continents ? Les femmes à travers le monde sont puissantes et déterminées. Elles aspirent à un futur meilleur et s’imposent sur le devant de la scène politique. Voici six femmes qui combattent les stéréotypes jour après jour afin de faire avancer les choses.

Amanda Gorman – USA

Une nouvelle page s’est tournée suite à l’investiture de Joe Biden, et c’est le nom d’Amanda Gorman qui s’y est remarquablement inscrit. Jeune, belle et prometteuse, elle fera sans aucun doute partie des femmes politiques à suivre de la décennie. À 22 ans, cette autrice et féministe a enthousiasmé le public et les téléspectateurs avec son poème lumineux et plein de positivité. Ce cadeau qui lui vient d’une sœur de cœur et de lutte, Oprah Winfrey, était aussi un clin d’œil à Maya Angelou, autrice de Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage, qui jadis récita un poème de sa composition, en de pareilles festivités d’intronisation. À l’époque, le président célébré s’appelait Bill Clinton. Pour elle, faire entendre sa voix à pleins poumons pour fêter des élections auxquelles on vient de voter pour la première fois, c’est sa plus grande fierté. L’honneur vient laver un remords qu’Amanda Gorman avoue aujourd’hui : à 18 ans, en 2016, elle avait raté le coche.

Elle n’a pas tapé uniquement dans l’œil des pontes de Washington D.C…. elle fait maintenant partie du monde de la mode.

 

La poétesse a paraphé un juteux contrat avec IMG Models qui est l’une des plus grosses agences de mannequins du globe. Selon le Hollywood Reporter, IMG va tout mettre en œuvre pour « élaborer la carrière de la poétesse au travers de partenariats et d’opportunités éditoriales ». Tout le monde aura donc été subjugué par son phrasé aérien, son serre-tête rouge devenu sold out en un rien de temps et son caban jaune Prada. Cette native de Los Angeles s’est très vite inscrite dans le registre des « nouveaux genres d’icône de mode » en étant même encensée par Vogue aux États-Unis.


Jacinda Ardern – Océanie

Elle est elle aussi Première ministre mais en Nouvelle-Zélande et depuis 2017. Avec 59,5% d’opinions favorables, elle est la cheffe de gouvernement la plus appréciée de l’histoire de la Nouvelle-Zélande. Ce serait même la Première ministre la plus appréciée au monde ce qui la place sans aucun doute dans le classement des femmes qui transforment la politique du 21e siècle. À tout juste 40 ans, Jacinda Ardern est une des plus jeune cheffe d’État au monde, hommes et femmes confondus. Rien que ça ! Si l’on devait choisir trois termes pour la définir ce serait : humaine, progressiste et compatissante.

 

Ces qualités sont présentes chez sa tante, Marie Ardern, qui l’incite à faire de la politique. Membre du parti travailliste, elle la recrute lors de la campagne de 1999 et c’est ainsi que Jacinda Ardern rejoint le parti à tout juste 17 ans, devenant rapidement l’une des figures majeures des juniors.C’est le 1er août 2017, à peine 7 semaines avant les élections, qu’elle prend la position de leader du parti travailliste après la résignation d’Andrew Little. Deux mois plus tard, elle devient première ministre du pays. Elle enchaîne les bonnes actions ainsi que les bonnes décisions. Elle a montré son soutien aux Maoris en Nouvelle-Zélande, elle a permis la décriminalisation de l’avortement, au sein du pays mais ce n’est pas tout. La responsable politique a aussi porté le voile en signe de respect après les attentats ayant eu lieu dans son pays en mars 2019 à l’encontre de deux mosquées. On en revient à nos trois termes, humaine, progressiste et compatissante. Pendant le confinement en Nouvelle-Zélande, elle a même pris la lourde décision de réduire les salaires des membres du gouvernement ainsi qu’elle-même en soutien aux personnes touchées financièrement par la Covid-19.


Yulia Navalnaya – Europe

Le 17 janvier, le média Loospider exposait l’histoire des Navalny, le couple russe qui tient tête à Vladimir Poutine. Aleixei Navalny, l’un des principaux détracteurs du Kremlin, venait de rentrer en Russie après une longue convalescence en Allemagne. Empoisonné en août 2020 par des représentants du Kremlin au Novitchock, il avait été transféré dans un hôpital hors de la Russie suite à une lettre qu’avait adressée Yulia à Poutine. Elle exprimait sans crainte sa méfiance envers leur nation. Le couple, à peine arrivé à l’aéroport de Moscou se voit séparé par les forces de l’ordre sous prétexte qu’Alexei n’avait pas respecter son contrôle judiciaire.

 

Nouveau rebondissement, c’est maintenant Yulia qui a été incarcérée. C’est lors des manifestations pour la libération de prison de son mari que cette militante s’est fait arrêter. Elle n’est pas la seule puisque 1600 autres manifestants ont connu le même sort. L’arrestation de Navalny est intervenue quelques jours après que sa Fondation anti- corruption ai lancé un rapport sans précédent ainsi qu’une vidéo Youtube accusant Poutine d’avoir construit secrètement un palais secret d’un milliard de dollars près de Gelendzhik sur la mer Noire, financé par des pots-de-vin, ce que le Kremlin s’est empressé de nier. Dorénavant, dès que Poutine essaie de faire taire l’opposition, Yulia et son mari sont présents pour faire entendre leur voix et leurs convictions. On apprenait tout récemment dans le magazine The Times que la femme du plus grand opposant à Poutine était suivie depuis l’arrestation de son mari. En 2018, ses fans l’avaient encouragée à reprendre la candidature à la présidentielle de son mari qui avait été évincé lors d’une arrestation pour soi-disant « fraude. » Ce n’est peut-être qu’une question de temps avant de la voir devenir une des femmes les plus puissante du monde.

Arlette Contreras – Amérique du Sud

De son vrai nom Cindy Arlette Contreras Bautista, cette figure emblématique des féministes au Pérou est aussi une survivante de violences conjugales. Elle a ce don de vous fixer dans les yeux, et la seconde d’après avoir le regard fuyant et embué lorsqu’elle replonge dans son histoire. Elle est devenue connue après que tout son pays ait vu les images de son agression filmée par une caméra de vidéosurveillance d’un hôtel d’Ayacucho, dans le centre du pays dans les Andes, d’où elle est originaire. On y voit son ex-conjoint, nu, la traîner au sol par les cheveux alors qu’elle tente de se débattre. Ces preuves sont à la fois son pire souvenir et sa meilleure chance d’offrir un monde meilleur à toutes ces femmes qui subissent les coups de leur conjoint.

Cette avocate et activiste de 29 ans a décidé de se lancer en politique il y a maintenant plus d’un an et elle s’en sort très bien. Elue sur la liste du Parti de gauche Frente Amplio, elle a aussi crée le mouvement Ni Una Menos qui a pour but de briser le silence ainsi que l’injustice. Ses engagements lui ont valu plusieurs distinctions, comme le Prix international de la femme de courage en 2017, ou encore de figurer la même année parmi les 100 personnes les plus influentes du monde dans le classement du magazine américain Time. Elle est clairement en train d’essayer de révolutionner le carcan social présent en Amérique du Sud, c’est pour cela qu’elle mérite d’être suivie durant la prochaine décennie.


Victoire Tomegah Dogbé – Afrique

Après avoir été Ministre du Développement à la base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes la voilà devenue Première ministre du Togo, Victoire Tomegah Dogbé est, depuis le 28 septembre, la première femme a accéder à ce poste. Le monde a découvert une femme discrète, diplômée en économie et en marketing, et plus que jamais, dévouée pour son pays. En poste depuis 2015, l’ancien Premier ministre Komi Selom Klassou avait déposé, le 25 septembre dernier, la démission de son gouvernement. Ce remaniement était très attendu au Togo depuis que Faure Gnassingbé avait été réélu en février pour un quatrième mandat, mais l’annonce a été retardée par la pandémie de coronavirus. Sa nomination fait écho à celle de Rose Christiane Ossouka Raponda, nommée Première ministre du Gabon au mois de juillet.

Son gouvernement est composé de onze femmes sur 33 membres et elle détient le record de longévité ministérielle. Entrée au gouvernement en 2008, elle a conservé son poste pendant près de douze ans. Nommée en pleine pandémie de coronavirus, la nouvelle Première ministre est attendue au tournant. Relancer le pays, aider les entreprises à ne pas sombrer… Elle est sur plusieurs dossiers sensibles : elle doit conduire le processus de révision du plan national de développement, devenu inévitable, et structurer l’économie du pays, alors que la Banque mondiale table sur une croissance de 1 % en 2020. Un travail titanesque qui ne semble pas effrayer cette sexagénaire qui a su marquer son territoire rapidement. D’ailleurs, rares sont ceux qui se risquent à la critiquer publiquement. Son mantra pour gouverner est le suivant : « Gouverner autrement nécessite de la cohérence, de la discipline, de la rigueur. »


Arya Rajendran – Asie

À à peine 21 ans, cette jeune hindoue a été élue maire d’une ville de 750.000 habitants. Étudiante en mathématiques et militante communiste, elle est devenue le 28 décembre 2020 maire de Thiruvananthapuram, capitale de l’État indien du Kerala. Elle est la plus jeune élue municipale d’un pays où le patriarcat est une norme. En faisant partie du comité régional du Parti communiste indien, ses idées suivent le courant marxiste ce qui est aussi surprenant puisqu’en Inde, la politique est plutôt nationaliste. Cette élection est d’autant plus surprenante car la religion hindoue et le système de caste étouffent les femmes. Ce qui est moins étonnant, c’est d’où lui vient cette détermination. Son père, électricien, et sa mère, employée d’une société d’assurances publique, militent tous deux au Parti communiste d’Inde. «  Mon père a toujours dit sa fierté d’appartenir à la classe ouvrière. C’est pourquoi je suis devenue membre de ce mouvement qui représente les ouvriers, les paysans et les gens ordinaires (…) sans parti-pris de caste ou de religion.  » Elle milite également à la Fédération des étudiants de l’Inde et assure vouloir poursuivre ses études malgré ses responsabilités.

Dans cette Inde suprémaciste du Premier ministre Narendra Modi, l’axe principal de sa candidature était celui de l’hygiène et de l’accès aux soins. Dans un monde malmené par l’épidémie de la Covid-19, ce choix semblait évident. Son opinion claire, nette et précise qu’elle a sur le futur qu’elle souhaite pour son pays lui a permis de changer la donne.

Eléna El Meliani

Le 26 janvier  2021