Rencontre-portrait avec Laëtitia, « la meilleure maîtresse de petite section »  selon tous les parents d’élèves interrogés. Elle fait l’unanimité et accompagne l’entrée des plus-petits dans leur parcours d’écolier. 

Laëtitia Adeyemon est maîtresse de petite section de Maternelle depuis 6 ans à l’Ecole maternelle de l’Est de Vincennes. Après beaucoup de remplacements en primaire, après avoir enseigné en double voire, triple niveaux, en moyenne et en grande section, Laëtitia ne quitte plus la petite section. Par choix, par amour, par passion, elle nous raconte pourquoi et comment.

Rebellissime : Quel a  été votre parcours pour devenir maîtresse ?

Laëtitia Adeyemon :  A mes débuts, je travaillais dans des I.M.E ( instituts, médicaux éducatifs) en tant qu’enseignante. Je m’occupais donc d’enfants, et parfois d’adultes, handicapés, déficients intellectuels, épileptiques avec des troubles associés. Ayant des difficultés d’apprentissage cognitifs, ils avaient les niveaux d’apprentissage d’enfants de maternelle. Il fallait adapter la pédagogie : prendre les transports, apprendre à lire…  Leur donner des billes pour être plus autonomes,  c’est ce qui me motivait. Puis, la maternelle étant un univers qui me plaît, j’ai demandé à y travailler. Travailler en IME donne des points en plus pour obtenir un poste fixe en maternelle, j’ai saisi cette opportunité.

Rebellissime : Pourquoi rester en petite section ? 

Laëtitia Adeyemon : « Chaque âge est différent et très intéressant, mais la petite section est vraiment particulière.  C’est leur première école. Notre relation est précieuse, on est la référence. J’ai conscience que les parents me confient leur trésor. J’ai à cœur de les faire grandir, qu’ils développent la coopération, qu’ils se sentent bien. La coopération implique l’envie de revenir à l’école. Aimer l’école cela s’apprend ! J’aime beaucoup participer à cela à leurs côtés! »

Rebellissime : Vouliez-vous être maîtresse quand vous étiez petite fille (comme beaucoup de petites filles ! ) ? 

Laëtitia Adeyemon : Quand j’étais petite je ne le verbalisais pas. Mais très jeune déjà, je jouais à la maîtresse. J’avais donné des cours aux enfants en difficulté du quartier. C’est un métier qui se vit. On dort enseignant, on vit enseignant… On y réfléchit tout le temps. Dans la vie de tous les jours, tout ce que l’on voit peut nous inspirer, nous questionner sur notre manière d’enseigner et les sujets à aborder avec les enfants. C’est une vocation, une véritable motivation. Dans la pratique, c’est beaucoup d’anticipation et des compétences multiples ».

Rebellissime : Quels sont vos outils pédagogiques préférés ?

Laëtitia Adeyemon : « Le ukulélé, la peinture…  j’adore ! Du coup de la peinture on en fait très très souvent ! La sculpture, on va donc en faire avec de l’argile, de la pâte à modeler ! J’aime travailler avec le papier calque parce que tout ce qui est transparent ouvre d’autres perspectives. »

Rebellissime : Comment s’exprime votre passion pour les arts plastiques dans l’exercice de vos fonctions de maîtresse ?

Laëtitia Adeyemon : Pour certains parents cela peut évoquer un champs de bataille, mais j’adore ! Pistolet colle pour faire des flocons de neige… Un pot de paillettes qui se renverse, il y en a partout mais ce n’est pas grave ! Parce qu’on improvise ! On invite tous les copains à venir mettre aussi des paillettes ! Résultat : les enfants ont bien rit. Ils se sont amusés. Après on range. Ce n’est pas un drame ! En maternelle, on peut encore le faire. On peut s’amuser, déborder ! Après, à l’école primaire, ce ne sera plus pareil. On adore avec Karima (ATSEM, en binôme avec Laëtitia depuis 6 ans) mettre de grandes feuilles par terre. Les enfants gribouillent, ils colorient. On fait de la peinture avec les pieds, les mains, et les enfants s’en mettent partout, même dans les cheveux !  C’est une chance de pouvoir le faire. Comme jouer avec l’eau, installer un bac, et plouf ! Parce que les petits enfants sont attirés par l’eau, alors autant le faire. Ils s’amusent. L’école cela peut être cela aussi : faire ses expériences, s’amuser !

Rebellissime : Votre meilleur souvenir ? 

Laëtitia Adeyemon : « Une année, à la façon de Jackson Pollock on a dit aux enfants « vous allez prendre de la peinture et vous allez la lancer sur un grand panneau ! Ils adorent ! Moi aussi ! J’étais morte de rire ! Quel bonheur d’entendre les enfants dire « on va faire comme Jackson Pollock ! » C’est une expérience unique, sensori-motrice qu’ils vont garder à vie. Jouer avec de la peinture, la jeter partout, s’éclabousser avec… Comme une grosse bêtise… Normalement, on n’a pas le droit de le faire. C’est vraiment unique !  Si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. Heureusement, Karima les douche un par un pour qu’ils rentrent chez eux tout beaux, tout propres! « 

Rebellissime : Qui est votre rebelle préféré ? 

Laetitia Adeyemon : Ma mère ! Une héroïne et une rebelle au quotidien. J’admire sa façon d’être et son savoir-faire qui savent faire fi de la bienséance quand Il faut. Je respecte son histoire, le fait d’avoir tout laissé derrière elle. Il faut être une rebelle pour quitter son pays à 18 ans, avoir envie de construire un ailleurs et gérer sa vie d’une main de maître.