Voilà… Bébé sort de la petite enfance pour entrer en maternelle ! Profitons de ce dernier été sans école pour préparer cette 1ere rentrée, avec les conseils de Laëtitia Adeyemon, maitresse de petite section de maternelle. 

Pas toujours facile à gérer cette entrée dans le monde de l’école ! Les vacances d’été riment avec d’autres priorités que la plage : se mettre au point avec la propreté, que faire de doudou, installer un petit rythme de sommeil.. en parler aux enfants. D’autant qu’ils en prennent minimum pour 13 ans ! Pour les parents de tout-petits qui s’apprêtent à devenir grands, Rebellissime pose tout plein de questions à Laëtitia Adeyemon, maîtresse de petite section. De quoi faire le plein de bons conseils et de zénitude ! 

Rebellissime : la rentrée, ça va faire mal ?

Laëtitia Adeyemon : « la petite section c’est aussi souvent la première séparation qui peut être un passage un peu difficile les premières semaines. Il faut s’armer de patience. Ne vous inquiétez pas, les larmes disparaissent. En tant qu’enseignante, je suis consciente que tous les enfants qui arrivent en petite section ont un passif. On se doit de les accueillir avec  et on les accueille avec.  Certains viennent de chez la nounou, d’autres de la crèche. Certains ont toujours été avec leurs mamans. Sans oublier qu’Il existe tout de même une grande amplitude entre ceux qui n’ont pas encore 3 ans et ceux qui vont avoir 4 ans. Cela ne se ressent pas forcément dans les apprentissages, mais plus dans les attitudes où le côté affectif. Là encore, on doit composer avec ». 

Rebellissime : pourquoi pleurent-ils autant ?

Laëtitia Adeyemon : «C’est normal de pleurer ! Et je l’explique aux enfants. Ils pleurent parce qu’ils sont tristes de quitter papa et maman. En début d’année je leur explique que c’est normal. Il faut qu’ils prennent le temps de découvrir leur école, ses différents lieux et les activités qui vont avec. J’essaie que les enfants s’approprient leur nouvel espace. Je vais faire en sorte de créer une cohésion de groupe. Je suis toujours émerveillée de voir à quel point les enfants intègrent  ces notions de groupes, les petits rituels de la journée : regroupement, maracas, cantine, sieste… »

Rebellissime : pourquoi rentrer en maternelle à 3 ans ?

Laëtitia Adeyemon : « Parce que c’est l’âge idéal ! L’enfant devient autonome et a besoin d’activités, de développer ses sens, son esprit critique. Il est prêt pour de nouveaux apprentissages. L’école fait beaucoup grandir. C’est très rythmé, très ritualisé. Les enfants arrivent ainsi à se représenter les différents temps. Et c’est aussi cela qui les rassure. Donner du sens, bien expliquer aux enfants pourquoi on fait les choses. J’oriente mon travail de pédagogie dans ce sens ».

Exemple d'apprentissage des règles de vie

« On n’a pas le droit de taper !  Mais pourquoi ? Ils me répondent : « parce que c’est interdit, parce que ça fait mal ». Est-ce qu’on a le droit de vous faire mal ? Non ! Et de faire mal aux autres ? Non ! On ne peut pas faire quelque chose qui donne du chagrin.
J’essaie aussi de nourrir les apprentissages de valeurs. La tolérance, le respect…
A parti du moment où on leur explique bien les choses, les enfants comprennent tout ! »

Article Rentrée conseils de Laetitia Adeyemon, conseils pour bien anticiper la première rentrée maternelle

Rebellissime : Y-a-t-il un programme en maternelle ?

Laëtitia Adeyemon : Oui, il y a un programme, dès la petite section ! La maternelle : petite, moyenne et grande section fait partie du cycle 1. Celui-ci prévoit tout un socle de compétences à acquérir d’ici la fin de la grande section, avant de rentrer à l’école primaire.

Objectifs de la petite section de maternelle

La socialisation

En petite section, l’objectif premier c’est la socialisation.  Apprendre à vivre en groupe, partager, créer des liens avec l’autre… On est dans le vivre ensemble. 

La découverte

La petite section c’est aussi la découverte. Explorer la matière. J’essaie de leur faire découvrir des choses qu’ils ne font pas à la maison. On a la chance d’avoir pour cela beaucoup de matériel à disposition à l’école. Découvrir c’est explorer, toucher, faire à partir de ses sens et ressentis. C’est aussi découvrir ses émotions. C’est indispensable à l’enfant pour qu’il décode ce qui l’entoure. 

Décrypter ses émotions

C’est important que l’enfant comprenne ce qu’il traverse. Cela passe beaucoup la lecture. Je leur lis beaucoup d’histoires qui mettent en scène ces sentiments. On apprend aussi à reconnaitre l’expression des sentiments et des émotions chez les autres. Ce travail de décryptage leur permet de mettre des mots sur leurs émotions.
Par exemple : la colère, ou la tristesse. C’est flou ! C’est quoi ce sentiment ? On essaie de mettre des mots dessus, ou des couleurs. Ex livre : « Grosse colère ».

Grosse colère

Auteure : Mireille d’Allancé.

Editions : EDL 2021

28 Pages

Prix : 8 € environ

 

Rebellissime : comment bien réussir ce premier contact avec l'école ?

Laëtitia Adeyemon : « Cette première année est importante parce qu’elle peut donner, ou non, le goût d’aller à l’école. Les enfants vont se faire leurs premiers copains et copines. C’est aussi la découverte d’une vie de classe. C’est la cohésion. Ils rentrent dans une institution. Et puis cela apprend beaucoup de valeurs : le partage, la tolérance, le respect des autres, les différences,… Ce sont des sujets très importants pour les petits, comme pour les grands. Nous y sommes tous très sensibles. Et c’est maintenant qu’on commence à les intégrer. 

Le rôle des parents

Les parents peuvent les accompagner, en les aidant à accepter la séparation. Sans stress. C’est parfois compliqué pour les parents, mais il faut essayer de ne pas montrer que cela vous stress ou vous culpabilise de laisser votre enfant. S’il sent que vous le faîtes pour son bien et le vôtre, c’est souvent moins difficile. Il faut parfois apprendre à mettre ses propres appréhensions ou mauvais souvenirs d’école ! N’oubliez pas qu’il n’y a pas de compétition. Inutile de mettre la pression à votre enfants sur un apprentissage parce que son cousin du même âge le maîtrise mieux que lui. Chacun son rythme, les domaines de prédilection vont aussi se révéler. Quand aux valeurs, rien de tel que de montrer l’exemple à la maison !

Le rôle de la maîtresse

Comme ils sont dans le moment présent, les petits enfants intègrent plus rapidement les choses. Mon rôle consiste à ne pas les inquiéter, trouver les mots pour en parler. Je leur montre qu’il y a toujours des solutions, quand on arrive pas à faire quelque chose, on cherche ensemble le moyen d’y arriver. On se demande comment on peut faire, on demande l’avis aux autres. L’école est un peu une micro société. On y apprend à vivre ensemble et à s’entraider ». 

Rebellissime : quel est le rôle de l'ATSEM?

Laëtitia Adeyemon : « ATSEM pour agent territorial spécialisé des écoles maternelles. Pour moi, c’est Karima ! Mon binôme, sans qui rien ne serait possible. Les maîtres(ses) et les ATSEM ne se choisissent pas. Avec Karima c’est une belle rencontre. On compte l’une sur l’autre. Elle est super avec les enfants. On travaille ensemble. Elle me suit dans tous mes délires ! Nous formons un duo. J’ai la chance de pouvoir travailler avec une belle personne, en qui j’ai confiance, avec qui cela fonctionne. Toute seule dans une classe, pour une maîtresse ce n’est pas possible !

Partage des tâches

Je suis là pour les apprentissages. Pour ce qui est de l’éducation nous fonctionnons ensemble. Respect des règles de vie, accompagnement et aide dans les actes du quotidien (mettre ses chaussures, apprendre à enfiler son manteau, aller se laver les mains…)  Karima aide les enfants. Elle s’implique beaucoup. Elle fait son travail avec coeur et passion. Elle rend les choses possibles ! On fait de la cuisine ensemble, les gâteaux pour les anniversaires ! Le climat serein et bienveillant que nous instaurons est propice aux apprentissages. 
Evidemment, il peut arriver qu’une maîtresse et une ATSEM ne s’entendent pas ! Mais je ne peux pas vous parler d’une situation que je ne connais heureusement pas. 

ATSEM et parents

Le matin, vous pouvez confier votre enfants aux bras de l’ATSEM, lui donner des informations sur sa nuit, sa santé, les changements dans sa petite vie, etc. C’est elle aussi qui peut vous renseigner sur le quotidien des petits : s’il dort bien, qui sont ses copains et copines, où son doudou reste pour faire dodo… »

Rebellissime : Alors les maîtresses , vous êtes toujours en vacances ?

Laëtitia Adeyemon : « c’est un cliché, qui perdure… malgré la prise de conscience de notre travail avec le confinement ! D’une part nous avons un programme à respecter. Dans la pratique, chaque jour, on prépare le cours du lendemain. Il faut réfléchir et anticiper les besoins en photocopie, préparation de matériel. On prévoit les cours en fonction du programme pour que les enfants aient bien acquis toutes les notions et compétences. Quelles sorties, quelles lectures, quelles activités… On n’arrête pas de travailler en quittant la salle de classe. Personnellement, c’est une réflexion et un engagement de chaque jour. C’est aussi une passion ». 

Question Rebellissime : qui est votre rebelle préféré(e) ?

Laetitia Adeyemon : « Ma mère ! Une héroïne et une rebelle au quotidien. J’admire sa façon d’être et son savoir-faire qui savent faire fi de la bienséance quand Il le faut. Je respecte son histoire, le fait d’avoir tout laissé derrière elle. Il faut être une rebelle pour quitter son pays à 18 ans, avoir envie de construire un ailleurs et gérer sa vie d’une main de maître ». 

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