« Nous et les autres, des préjugés au racisme »… Direction le Musée de l’Homme

Jusqu’au 8 janvier 2018, le Musée de l »Homme de Paris accueille une exposition engagée, au cœur des questions et des enjeux de notre société. Un parcours qui nous interroge, nous transporte, sans se prendre au sérieux. A parcourir, en famille, en solo, en amoureux, entre amis… sans modération.

Le racisme est manifeste, touchant chacun de nous à sa manière. Quand Évelyne Heyer, l’une des commissaire de l’exposition explique lors de la journée d’inauguration du 30 mars que le racisme apparaît dès lors qu’intervient un jugement moral sur la diversité, une définition très objective apparaît. Le ton est donné. Avec des mots de tous les jours on peut dire aussi que le racisme c’est mal ! C’est aussi interdit et puni par la loi mais bien peu sanctionné ou critiqué. Ça n’a rien de rebelle d’être raciste ! Pas du tout Rebellissime, vous l’aurez compris ! Avec cette exposition d’idées, le Musée de l’Homme aborde, sans en esquiver la complexité, un sujet de société sensible et propose un constat lucide des phénomènes d’exclusion de l’autre qui traversent notre société. Les objectifs sont séduisants : déconstruire les idées reçues et faire comprendre les mécanismes de construction du racisme pour s’en prémunir ;  montrer par un double éclairage scientifique et historique comment le processus d’exclusion et de haine de l’autre est le résultat d’une construction sociale. Alors on y va ?

T’es déjà allé au Musée de l’Homme ? 

Oui ou non… Il est temps d’aller y faire un tour ou d’y retourner. Depuis sa création en 1938, il prend en compte la diversité humaine et l’absence de hiérarchies entre les êtres humains. Il se positionne comme un lieu de débat sur les questions de société relatives à l’Homme, à ses origines et à son devenir

Impressions Rebellissime :  Paul Rivet, fondateur et directeur du musée de l’Homme jusqu’en 1949,  présenté comme un scientifique et un homme politique engagé qui voit dans le Musée de l’Homme une tribune ouverte pour montrer aux visiteurs les points communs que partagent tous les hommes, même ceux qu’on appelle à son époque « sauvages » ou « primitifs ». Paradoxalement pour nous aujourd’hui, mais tout naturellement pour son époque, Paul Rivet s’inscrit dans  contexte de la France coloniale de l’Entre-deux guerres. 

Quand les sciences s’attaquent au racisme

Complexe de nature, divers dans ses manifestations et non figé dans le temps, décrypter le racisme  suppose d’analyser les logiques psychologiques, économiques, politiques et sociales qui en sous-tendent tous les aspects. Nombreux sont donc les scientifiques en interne et en externe, sollicités par le Musée de l’Homme pour élaborer le propos de l’exposition. Évelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique au Muséum national d’Histoire naturelle, et Carole Reynaud-Paligot, historienne à l’université Panthéon-Sorbonne et à la MSH (Maison des sciences de l’Homme) – Paris Nord…  Le duo de commissaires est accompagné, aux étapes clefs de la conception, de deux comités (consultatif et scientifique).

 

En immersion au pays des préjugés et du racisme

L’Atelier Confino, avec une scénographie immersive rend attractive et très accessible cette exposition d’idées. Les différentes scènes, pièces, conçues comme des expériences ne peuvent qu’interpeller les visiteurs que nous sommes, sur nos propres convictions. Résultat, on plonge et on se laisse embarquer dans un voyage, dans des décors parfois inattendus, parfois plus classiques : une projection à 360°, une salle d’attente d’aéroport, une rotonde, des cubes, un laboratoire, un salon d’appartement, une terrasse de café, une rue. Le multimédia est présent tout au long du parcours, sous des formes immersives (projections) et interactives (bornes et tablettes) pour des consultations assises ou debout offrant aux visiteurs des compléments d’information et des pistes d’exploration.

Visite en trois temps…

Les temps du ressenti, de la connaissance et de la réflexion. Chaque partie est précédée d’un sas de transition. Des constats au piste de solutions.

La première partie, Moi et les autres,  est une expérience au présent. Elle s’articule autour de deux espaces : le cylindre (métro et rues)  des catégories et la zone d’attente d’un aéroport avec des portiques commence en nous interrogeant sur les idées reçues, les stéréotypes et les préjugés à l’égard des autres.

Impressions Rebellissime : A l’aéroport des préjugés, on patiente un moment avec des petits jeux sous forme de questionnaire avec des réponses bourrées de préjugés! Dans le sas on se fait stigmatiser, cela fait parti désormais de notre vécu commun !

 

La deuxième partie de l’exposition, Race et histoire, explore la construction scientifique de la notion de « race » et illustre, à partir d’exemples historiques, la mise en œuvre de racismes institutionnalisés par des États., via les scientifiques ou encore les médias. Et toc !

Impressions Rebellissime : Arrivée à la rotonde de la colonisation, sujet polémique de la campagne présidentielle, la position de l’expo est assez claire. Racialisation : quand les scientiques, les historiens, les écrivains, les politiques entament et mènent une propagande de hiérarchies et d’inégalité des races. Oui, à cette époque, cette théorie puante s’impose. La diffusion  de ces idées toutes aussi nauséabondes, passe par la publicité, les manuels scolaires, la politiques… Et au fait, comment les colonisés voyaient et représentaient les colons ? 

Passage dans les cube de la racialisation et des ses terribles conséquences dans l’histoire. On commence par les Etats-Unis. Ségrégation, discrimination raciale, il n’ y a pas si longtemps l’Amérique n’avait pas de président noir ! L’Allemagne nazie. Le Rwanda… Bilan : racialisation = des massacres ! Quel soulagement de s’échapper de ces cubes ! Superbe la photo fresque sur le vivre ensemble !

La dernière partie, Etat des lieux, aborde le racisme aujourd’hui. La transition entre l’histoire et la situation actuelle s’effectue par la « salle aux questions ». Autant d’interrogations auxquelles cherchent à répondre les dernières séquences de l’exposition en s’appuyant sur les recherches des sciences du vivant et des sciences sociales, tout en donnant la parole à des spécialistes.

Impressions Rebellissime : Il est rappelé que l’être humain est né en Afrique. Nos origines communes sont africaines. Pour certains cela fait-il encore débat ? La génétique est formelle, pourtant les questions semblent ignorer ses réponses. Ça fait froid dans le dos ! Les combinaisons génétiques ne cessent de se multiplier, le changement est finalement freiné dans les mentalités, comme hors réalité, hors objectivité !

Arrivée dans un espace lumineux, aux murs jaunes soleil. Il est temps de faire un petit point  pour se rendre compte de l’actualité des discriminations et du racisme. L’étude TeO, Trajectoires et Origines enquête sur la diversité des populations en France. Le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH)… Des testing dans l’univers du travail… Les témoignages des onze citoyens français recueillis dans le documentaire La Ligne de couleur (réalisé par Laurence Petit-Jouvet)… posent questions. Etre non-blanc en France, et alors ? 

Puis installés dans un salon, comme à la maison, on voit défiler les documents télévisés d’archives qui ont participé et participent encore à la stigmatisation et les discriminations. Quand les sociologues et anthropologues les décryptent, c’est à la fois navrant et rassurant. Navrant parce que ce sont de bien tristes constats. Rassurant de pouvoir se dire que ce que l’on vit est bien réel, nous ne sommes pas parano ! Ce n’est pas qu’une impression ! C’est scientifiquement prouvé ! Des chiffres, des textes, des dessins, des vidéos… l’expérience est complète et bizarrement on en ressort apaisé.

 

Si ça peut vous donner envie d’y aller…

La visite peut prendre un peu plus d’une heure et pourtant on ne voit pas le temps passé. Tout à tour plongé dans des scène du quotidien, dans des univers, on a accroché direct! C’est coloré, ludique, savoureux… j’ai tout de suite eu envie de partager faire partager cette expérience à mon fils de 11 ans, et suis ravie qu’un programme soit prévu pour les scolaires. Quelle dimension le vivre ensemble a-t-il pour cette génération qui vit ensemble avec beaucoup moins de barrières que la notre ?  Comment vivons-nous et nous plaçons-nous avec des ancêtres multiples. Si comme l’exposition le rappelle, nos ancêtres sont tous Africains, les siècles et l’histoire font que pour certains il y a du colonisé, de l’esclave, du rebelle, du colon, du bourreau, rebelle, de l’esclave… de plus ou moins un peu de tout ?

Bonne visite, et avant de partir et de traverser les lettres géantes de l’égalité, n’oubliez pas de laissez un petit mot sur le tableaux des solutions !

Une expo, mais pas que…

Au sein de l’exposition des visites et ateliers sont organisés pour les individuels comme pour les scolaires. Autour de l’exposition sont programmées des rencontres et des conférences scientifiques, auxquels viendront s’ajouter des rendez-vous citoyens.

Dimanche 2 avril 2017:

Entrée libre dans la limite des places disponibles : Rencontre / débat avec les commissaires de l’exposition : Évelyne Heyer et Carole Reynaud-Paligot. Projection du documentaire La Ligne de couleur  réalisé par Laurence Petit-Jouvet (2015, 79 min.) suivie d’échanges avec les acteurs du film. Atelier grand public (à partir de 15 ans) menés par Passeurs d’images – Arcadi (www.arcadi.fr) autour de « Pockets Films » (films de poches réalisés avec des téléphones mobiles ou des mini cameras) avec Benoît Labourdette. Atelier pour les enfants (à partir de 7 ans) : « Ma science animée » à 15 h, Centre de ressources.

Nuit des Musées Samedi 20 mai 2017  :

« En quête d’identité. » Jeu de piste dans le Musée et dans l’exposition

« Quand la psychologie sociale rejoint le cinéma… Expériences collectives. » Sélection de films, Auditorium Jean-Rouch de 19 h 30 à minuit. La Vague : film de  Dennis Gansel (2008, 107 min.). En Allemagne, aujourd’hui, dans le cadre d’un atelier, un professeur de lycée propose à ses élèves une expérience visant à leur expliquer le fonctionnement d’un régime totalitaire. Sa Majesté des mouches : film de Peter Brook (1963, 92 min.). Une alerte nucléaire conduit les autorités anglaises à procéder à l’évacuation des écoles. Un avion transportant des enfants et quelques adultes s’écrase sur une île déserte. Seuls les enfants survivent. Livrés à eux-mêmes, ils tentent de s’organiser, dans l’union ou la rivalité entre clans.

Fête du Cinéma Dimanche 25 juin 2017,  en partenariat avec le CNC,  Devine qui vient dîner – film de Stanley Kramer  (1967, 108 min.). Une histoire d’amour entre un jeune docteur noir et une jeune fille de bonne famille blanche. Une approche optimiste et courageuse du racisme. Auditorium Jean-Rouch  à 14 h 30.

L’exposition  Nous et les autres, des préjugés au racisme sera également présentée dans deux espaces citoyens : 

Du 25 juin 2017 au 20 juin 2018,  au Centre européen des résistants déportés,  inauguré en 2005 sur le site du camp de concentration  de Natzweiler – Struthof, en Alsace. www.struthof.fr

– Au domaine départemental de Pierresvives-Montpellier, dans le cadre d’un partenariat avec  le Conseil départemental de l’Hérault. À partir de septembre 2017 en itinérance dans l’Hérault www.pierresvives.herault.fr

 

Alors, on y va ? 

Musée de l’Homme 17, place du Trocadéro – Paris 16e

Tél. : 01 44 05 72 72

Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 18 h

Fermé le 1er janvier, 1er mai et le 25 décembre

Billet couplé – collections permanentes de la Galerie de l’Homme et exposition temporaire : Plein tarif : 12 € Tarif réduit : 10 € Gratuité pour les moins de 18 ans

http://www.museedelhomme.fr/fr

Participez à l’expérience Chroma qui propose de personnaliser l’affiche de l’exposition avec deux couleurs de peaux, soit en ligne via son mobile ou tablette : chroma.nousetlesautres.fr, soit in situ dans le Musée : via un « totem » situé à côté du café Lucy (à côté de l’entrée de l’exposition). Rebellissime  déjà créer son affiche qui comme les autres sont à partager sur les réseaux sociaux et à retrouver imprimées à travers Paris!

http://nousetlesautres.museedelhomme.fr/fr/chroma

 

Évelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique

au Muséum national d’Histoire naturelle

 

Ah!!! La famille !!!

Tous parents… tous de la même famille ? Je comprends mieux maintenant pourquoi il y a tant d’embrouille entre nous !!! Tous parents… donc le raciste déteste sa propre famille ! Voilà qui explique pourquoi il est aussi chelou que mal dans sa peau!

 

 

 

 

 

Conclusion ? Pour mieux lutter contre les discriminations et le racisme, mieux vaut bien comprendre et connaître ces ennemis. Cette exposition et les diverses manifestations autour y participent, merci !

 

Virginie Legourd                                                                                                                                    30 mars 2017