Célestin Robaglia est né en 1982 à Paris où il passe toute sa jeunesse. Il part ensuite en Bretagne où il fonde un écolieu avec un groupe d’amis. L’objectif est de vivre en accord avec ses aspirations profondes : la quête d’un mode de vie respectueux du vivant et de l’humain, et la connexion à la nature.
Le crépuscule des abeilles est son troisième roman. Ce texte engagé vient de sa conviction que l’enjeu majeur de notre époque est de préserver la biodiversité et les équilibres naturels fragilisés. C’est nécessaire pour  maintenir la possibilité d’un avenir décent pour l’humanité. C’est ce que ce que Célestin nous explique en répondant à nos questions sur le renouvellement de l’autorisation d’utiliser le glyphosate en Europe.

A l’occasion de notre article sur le renouvellement d’autorisation d’utilisation du glyphosate, Célestin Robaglia répond à quelques questions Rebellissime.

Rebellisisme : Quel est l’intérêt pour l’UE de renouveler l’autorisation du glyphosate pour 10 ans ?

Célestin Robaglia :

Historiquement, l’UE a été fondée et s’est développée autour de la doctrine économique libérale. C’est la création du fameux marché communqui prône une intervention aussi faible que possible des états dans
l’économie. Concrètement, cela veut dire que les intérêts économiques priment sur le bien commun, c’est à dire sur les intérêts sociaux ou écologiques. Hors le glyphosate est le pesticide le plus vendu au monde, et trois des quatre plus grande multinationales de pesticides [Syngenta (Suisse), Bayer (Allemagne), et
BASF (Allemagne)] sont européennes. Le renouvellement de son autorisation en UE correspond donc à des intérêts économiques évidents.

Par ailleurs, le protocole d’homologation de l’UE est une vraie boîte noire. Cette nouvelle autorisation est déjà largement contestée dans les milieux scientifiques, comme elle l’avait déjà été en 2015 lors du renouvellement précédent. A l’époque, l’équipe scientifique mandatée par l’UE avait rendu un avis favorable, à l’encontre même des résultats de la méta-étude rendue par l’OMS quelques mois plus tôt, et qui classait le glyphosate dans les cancérigènes probables. Un déni scientifique tel qu’une centaines de
chercheurs du monde entier avaient publiquement accusé les experts de l’UE (hélas protégés par l’anonymat) de fraude scientifique.

Rebellissime : Comment la France peut réagir ?

Célestin Robablia :

Malgré l’homologation de l’UE, les pays membres sont libres d’autoriser ou non le glyphosate sur leur territoire. La France a donc toute latitude de limiter ou d’interdire l’usage de ce pesticide à l’intérieur de
ses frontières.

Rebellissime : Quel regard portez-vous sur ce renouvellement et la place que doit jouer l’état français sur l’utilisation du glyphosate ?

Célestin Robaglia :

Je vais être honnête, pour moi le combat contre le glyphosate est totalement insuffisant. C’est comme militer contre la guillotine plutôt que contre la peine de mort. Ce renouvellement m’alarme donc surtout sur le niveau de déni scientifique et démocratique atteint par nos institutions. Malgré les innombrables études sur l’empoisonnement massif lié au glyphosate, qui s’accumulent depuis des décennies, et malgré la pression de l’opinion publique, ce poison est à nouveau autorisé pour 10 ans.

Mais chaque années ce sont de nouvelles molécules qui sont mises sur le marché, avec pour seule caution scientifique les études réalisées par les firmes à l’origine des brevets, donc invérifiables car protégées par le secret commercial.
Si on parvenait à interdire la molécule du glyphosate, cent autres la remplaceraient du jour au lendemain, sans aucune surveillance.

C’est donc l’usage même des pesticides qui est au cœur du problème.

Selon une méta-étude (publiée en 2020 dans la revue à comité de lecture BMC Public Health), on compte 385 millions de cas d’intoxications aiguës non intentionnelles chaque année dans le monde, soit environ 5 % de la population
mondiale !

Plus encore que les problèmes de santé publique, c’est l’effondrement vertigineux de la biodiversité qui menace le plus notre espèce. Selon une étude menée sur vingt-sept ans en Allemagne (publiée dans la revue scientifique PLOS One en 2017), la quantité d’insectes volants a diminué de 80 % durant cette
période. À ce rythme, il n’en restera que 4 % en 2044, et moins de 1 % vingt-sept ans plus tard… sauf que selon les scientifique le rythme s’accélère.

Dans un monde où toutes les problématiques environnementales seraient résolues à l’exception de celle-ci, l’avenir resterait compromis. La disparition des insectes ébranlerait la structure même du vivant à son niveau le plus fondamental. Elle pourrait mener à un effondrement en chaîne dont les conséquences seraient inimaginables. Les insectes sont tout aussi essentiels à la chaîne alimentaire qu’à la pollinisation,Si on prend réellement la mesure de la gravité incroyable de l’enjeu, et du dysfonctionnement des institutions censées
nous protéger, une interdiction totale des pesticides semble être la seule issue réaliste.

Voilà selon moi ce que l’état français pourrait et devrait faire.

Mais nous parlons là d’un état qui après deux condamnations pour inaction climatique, vient d’être condamné par le tribunal administratif de Paris pour avoir plus qu’échoué dans son engagements à réduire l’utilisation des pesticides. Au lieu de la baisse de – 50 % prévue par le Grenelle de l’environnement. La consommation de pesticide en France a, au contraire, augmenté de + 12 % depuis 2008)…

Question Rebellissime : qui est votre rebelle préféré et pourquoi ?

Célestin Robaglia :

Depuis mon adolescence, je suis fasciné par Ghandi, et par son utilisation de la non violence comme moyen révolutionnaire. Grace à l’usage pacifique de la désobéissance civile, Ghandi a su trouvé un chemin pour libérer son peuple d’une des plus puissantes nation au monde, sans combat, et sans haine. J’aspire à la fois à la paix, et à une véritable justice écologique et sociale. Et son parcours est pour moi un source d’inspiration pour atteindre ce rêve.

Le Crépuscule des abeille 2 formats poche au broché

A lire  : Le Crépuscule de Abeilles de Célestin Robaglia

Le roman de Célestin Robaglia est sort en format poche en septembre. Retrouve la présentation de ce livre dans notre article. Le crépuscule des abeilles est son troisième roman. Ce texte engagé vient de sa conviction sur l’enjeu majeur de notre époque. C’est de préserver la biodiversité et les équilibres naturels fragilisés. C’est nécessaire pour  maintenir la possibilité d’un avenir décent pour l’humanité.