Glyphosate = danger. Pourquoi c’est tendu… Pourquoi l’autorisation d’utilisation de cet herbicide va être renouvelée pour 10 ans ? Le glyphosate est-il dangereux ? Et si oui pourquoi les agriculteurs l’utilisent ? Pourquoi on en mange ?

Pas de majorité qualifiée d’états membres votant contre, du coup la Commission Européenne va renouveller l’homologation du glyphosate jusqu’en 2033. Et oui, c’est le jeu ma pauv’ Lucette… C’est ce que révèle le communiqué de presse du 16 novembre de la Commission Européenne. Comme le 13 octobre dernier au sein du Comité permanent des végétaux, des animaux, des aliments pour animaux et des aliments pour animaux (SCOPAFF) : pas de majorité pour rejeter la proposition. Il semble donc, que le le glyphosate passera un joyeux Noël 2023 pourra fêter ses son utilisation dans Deschamps européens jusqu’en 2033.

Oui, enfin, là, c’est plutôt : putain, 10 ans !

C’est reparti pour 10 ans de glyphosate avec ou sans danger !

Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Pour prendre sa décision, la Commission Européenne se base sur les évaluations complètes de la sécurité effectuées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Alors que les rapports sur les dangers du Glyphosate s’accumulent, on va en reprendre pour 10 ans. 10 ans de produits cultivés sur des champs traités avec ce pesticide présentant des risques pour ceux qui l’utilisent et ceux qui vont manger leurs produits.

Les dangers du glyphosate face au profit

Dangereux pour les sols et les petites bébêtes qui les habitent… du coup à part le profit, comme d’habitude, on ne voit pas d’autres explications. Lymphome non hodgkinien, myélome multiple, cancer de la prostate, troubles cognitifs, difficultés respiratoires, leucémies aiguës, tumeurs du système nerveux central, maladie d’Alzheimer, troubles anxio-dépressifs, asthme, pathologies thyroïdiennes… on attend quoi ? 

Quelques restrictions et conditions au maintien du glyphosate

Ça repart pour dix ans, avec tout de même certaines nouvelles conditions et restrictions. Ces dernières comprennent l’interdiction de l’utilisation avant la récolte comme dessiccant, autrement dit déshydratant. Dessicant quoi ! Comme les petits sachets qui absorbent l’humidité dans les boîtes à chaussures. Ceux qu’il ne faut surtout avaler et confondre avec un sachet de sucre en poudre ! 

Parmi les conditions de l’utilisation du glyphosate, on trouve la nécessité de prendre certaines mesures pour protéger les organismes non cibles.

Plus clairement, les autres cultures, qui ne sont pas visées par le super désherbant. Toutes les plantes qui poussent ne sont pas peut-être pas visées mais elles meurent toutes ! Va falloir éviter ça ! Autres organisme non cibles ? Les insectes peut-être… Personnellement je ne les aime pas dans mon jardin, dans ma maison, sur mon transat à la piscine ou mon loofa à la plage, mais de là à les glyphosater… Nan, c’est pas bien ! Bref tout ce que ne devrait pas détruire l’herbicide fera l’objet de protections obligatoires. 

Et la France dans tout cela ?  Abstention ! Promesse, danger, glyphosate… même pas mal !

Sur les 27 états membres de l’Unio Européenne, trois pays seulement ont voté contre le glyphosate. 17 pays se sont prononcés en faveur de son utilisation. Parmi eux, on retrouve l’Allemagne, le pays du puissant groupe pharmaceutique et agrochimique Bayer. Ce dernier est propriétaire de Monsanto, le fabricant de RoundUp. Comme RoundUp720 ? Oui celui qu’utilisent les agriculteurs français. Les 10 autres pays européens se sont abstenus, comme la France. 

Tollé général contre l’abstention de la France. Mais où sont les promesses de lutte contre le glyphosate et ses dangers ?

Beaucoup reprochent à la France son abstention. A croire que le choix de la santé et de l’environnement comptent moins que la productivité et la rentabilité des cultures. En gros, ce serait moins grave de mettre la santé des consommateurs et la nature en danger que de produire moins, ou plus cher… 

Le 21 septembre dernier, sur France Info, Laurence Huc, directrice de recherche à l’Inrae et toxicologue, réagit avec indignation au rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Selon ce rapport, il n’y a  » aucun domaine de préoccupation critique » à l’utilisation du pesticide. Laurence Huc accuse cette étude de « ne répondre à aucun canon scientifique ». En tant que chercheuse, spécialiste des pesticides elle reste « sans voix ». Elle dénonce un « lobbying extrêmement fort et puissant ». Pour Laurence Huc, cette proposition « de réautoriser le glyphosate n’est pas basée sur des données sanitaires, mais sur des décisions économiques et politiques ».

Une abstention à contre courant des attentes de société civile et des citoyens mobilisés contre les dangers du glyphosate

On peut penser que la France s’est abstenue lors du vote aujourd’hui, comme annoncé par la voix de son ministre de l’Agriculture Marc Fesneau mardi sur France info; ce qui équivaut de fait à un « Oui à la ré-autorisation  ». Alors que plus de 626 000 citoyens réunis autour de plus de 30 organisations de la société civile demandaient à la France de s’y opposer clairement, cette position est une trahison, sans surprise, de la promesse faite par le président de la République en 2017”.

foodwatch, WeMove Europe et Générations futures   dans leur communiqué de presse du 16 novembre 2023.

Encore un espoir ? N’oublions pas qu’indépendamment de l’Union Européenne, chaque pays peut intervenir. La France peut donc théoriquement autoriser ou non la diffusion d’un produit sur son marché. La vente de désherbants dont la substance active est le glyphosate pourrait théoriquement être partiellement interdite. Soyons clairs, ce n’est pas parce que l’Union Eurpéenne autorise l’utilisation du glyphosate que tous les pays européens sont obligés d’en inonder leur marché phytopharmaceutique ! II s’agit de la liberté de règlementation laissée à chaque pays membre. Une liberté qui s’arrête à l’interdiction totale de l’utilisation du glyphosate. Il est donc interdit d’interdire !  

Quelle est la position de la France face au glyphosate

Il y a six ans, le président Emmanuel Macron demandait à son gouvernement de « prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans »… 

Rebel Twit d'Emmanuel Macron contre la glyphosate dans l'article sur le renouvellement dru gluphosate pour 1à ans

La promesse de faire disparaître les herbicides chimiques n’est pas toute jeune donc. La Loi Labbé ( ancien sénateur écologiste du Morbihan) interdit les pesticides de synthèse, tel que le glyphosate dans les espaces publics depuis 2017 et chez les particuliers, depuis 2019. Le problème aurait du être réglé en 2020. Le souci c’est que, selon le gouvernement, les agriculteurs français ne peuvent pas se passer de cet herbicide. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas cher et super efficace… Ils n’auraient pas d’autre solution. 

Les particuliers si, visiblement parce qu’ils ne peuvent plus acheter de produit avec du glyphosate dedans. Pour la maison c’est interdit, mais dans les champs c’est open bar ! Ces restrictions d’utilisation prises par l’exécutif ont permis de faire descendre d’un quart les ventes de glyphosate en France. Bon élève, quoi ! Mais cette baisse ne concerne que les ventes aux particuliers… C’est deux poids deux mesures, deux salles deux ambiances ! 

photo illustration de l'article sur le renouvellement du glyphoate pour 10 ans dans le magazine Rebellissime

Peut-on vivre sans glyphosate ?

Les vignes, les fruits, les légumes, le blé, le colza… à peu près tout ce qu’on mange est traité. Si la France est la première en termes de production agricole, c’est l’Espagne qui achète et utilise le plus de Glyphosate pour ses cultures.

Pourquoi le glyphosate pose problème ? 

Depuis 2015, le glyphosate ente dans la catégorie « cancérigène probable pour l’homme » selon la classification du centre international de recherche sur le cancer de l’OMS. Et ce n’est pas tout. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), relie l’exposition professionnelle à cette molécule au risque de quatre pathologies : les lymphomes non hodgkiniens (LNH), le myélome multiple, le cancer de la prostate et la maladie de Parkinson. 

Sortir de sa zone de confort pour le bien de tous : défi relevé par l’INRAE

En 2021, l’Institut agronomique français INRAE affiche pour la première fois 0 usage et 0 stock de glyphosate. Tout commence en 2018, 40 unités INRAE utilisent alors 1 052 kg/an de glyphosate. Cet usage est déjà  40 % inférieur à la moyenne française. En deux ans, la quantité totale de glyphosate utilisée à INRAE chute de 90 %, grâce à la réduction drastique de l’usage du pesticide pour les cultures agricoles. La ferme INRAE est alors en avance dans sa réduction des usages sur la Ferme France (64 % de moins).

Vincent Faloya, chargé du suivi du plan 0 glyphosate pour la CNUE ( Commissions Nationales des Unités Expérimentales) témoigne : « La vraie performance a été de sortir de la zone de confort pour trouver des solutions en deux saisons de culture. »

Alternatives au Glyphosate : la SNCF a un train d’avance 

L’entreprise est sortie du Glyphosate fin 2021. On n’y pense pas tout de suite, là comme ça mais la SNCF ce sont tout de même 34 000 hectares de voies ferrées ! Et pour que les trains roulent, il ne faut pas que les herbes envahissent les voies. Cette nécessité de désherber a fait de la SNCF la plus grande utilisatrice d’herbicide de France !

Engagée pour l’environnement et grâce à 100 000 millions d’aide de l’Etat, la SNCF n’utilise plus de glyphosate mais de l’acide pelargonique. Ce pesticide est issu du colza et du tournesol. Il est plus cher, moins efficace, mais des solutions sont réfléchies et mises en place. On ne peut que saluer ce pas vers un désherbant bio. Notons tout de même qu’il n’a pas encore fait l’objet d’étude sur sa toxicité. 

Les agriculteurs non plus n’aiment pas le glyphosate

Ce serait bien trop simple et réducteur de voir d’un côté les vilains agriculteurs pollueurs et avides de profit et de l’autre les pauvres consommateurs empoisonnés. Bah ! Non ! Les agriculteur qui pulvérisent sont aussi des organismes non cibles. C’est la même chanson que pour le chlordécone. La vérité est ailleurs… la pression est financière. N’oublions pas que la production agricole en France représente près de 82 Milliards  d’€ (81,6 millard en 2021 selon le rapport de compétitivité de la Ferme France du Sénat ). Ce qui fait de l’héxagone, la première puissance agricole d’Europe avec 17% de la production européenne. Pour rester compétitif, y’a pas de mystère et cela laisse un goût amer à ceux qui aiment et cultivent la terre depuis plusieurs générations. 

La Confédération paysanne alerte sur les dangers du renouvellement de l’utilisation du glyphosate

Dans leur communiqué de presse du 16 novembre, la porte-parole, est formelle : « Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde. Il est un symbole du développement de l’agriculture industrielle et de l’élimination des paysan·nes. Son utilisation massive a simplifié les parcours culturaux, favorisé l’agrandissement des exploitations agricoles et ainsi fait disparaître les petites fermes… Nous savons que les paysan·nes sont les premières victimes des pesticides, béquilles chimiques et économiques. Il est temps que la profession dans son ensemble sorte du déni… La prolongation pour 10 ans serait une erreur monumentale. C’est faire croire que continuer à utiliser le glyphosate ne pose aucun problème. C’est repousser toujours plus loin les changements dans les exploitations agricoles. C’est refuser d’assumer la nécessité urgente de soutiens économiques au développement de pratiques affranchies de ce pesticide et plus généralement de toutes les substances dangereuses ».

La Confédération n’a de cesse de réclamer le soutien du gouvernement en ce sens pour obtenir des subventions permettant aux agriculteurs de renoncer à ces pesticides.

 

Agriculture biologique, sans glyphosate 

Consommer bio paraît une solution pour ne pas ingérer de glyphosate à l’insu de notre plein gré. En effet, les agriculteurs ayant opté pour le bio, proscrivent totalement cette molécule. Pour désherber, ils ont recours à d’autres techniques : faux semis, désherbage mécanique, paillage, enherbement… Certes plus coûteuses, elles demandent aussi plus de main d’œuvre et de temps. 

Selon un rapport de 2017 de l’Institut agronomique français (INRAE), des alternatives au plyphosate existent. Certains sols et cultures seront plus complexes à désintoxiquer, mais à coeur vaillant, rien d’impossible !  

Petition foodwatch contre glyphosate illustration dans le magazine Rebellissime

Foodwatch reste mobilisé contre le glyphosate et ses dangers

D’une durée de 10 années, cette décision, dès qu’elle sera confirmée, va à nouveau à l’encontre du principe de précaution alors que les preuves de la dangerosité du glyphosate pour l’homme et pour l’environnement continuent de s’accumuler et que le dossier d’évaluation de cette substance présente de très nombreux biais (non-prise en compte d’études universitaires, non-évaluation de certains effets sur la biodiversité, non-prise en comptes de certains effets sanitaires avérés, etc.).

Forts de notre mobilisation et de l’accumulation des preuves amenées par la science, nous continuerons à nous mobiliser et à nous battre pour bannir le glyphosate. Les organisations de la société civile n’excluent pas un recours en justice au niveau européen.

Il ne nous reste plus qu’à souhaiter de joyeux Noël à Bayer… puisque l’autorisation de l’usage du glyphosate dans les herbicides traitant tous les champs d’Europe est renouvelée pour 10 ans. Joyeux Noël et surtout bon courage aux agriculteurs, aux sols, à la nature, à nous… Bref,  à tous les organismes non cibles. Des expertises scientifiques établissant les dangers du glyphosate peuvent venir remettre en question ce renouvellement d’ici là. Alors… Garde la pêche !

Merci à nos sources : 
foodwatch, ANSES,No qualified majority reached by Member States to renew or reject the approval of glyphosate, 16/11/2023, communiqué de presse de la Commission européenne.  , INSERM Pesticides et santé – Nouvelles données (2021), L’Agence européenne des produits chimiques  (ECHA)  ,  Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (ONU) a comme « cancérogène probable classé le glyphosate » pour l’homme en 2015 ,