UN COLLEGE POLLUE A VINCENNES

Depuis le 13 novembre 2017, la vie des 641 collégiens (186 6è et 455 5è, 4è, 3è) de Saint-Exupéry ainsi que celle de leur famille a basculé. La ville paie en effet le prix du passé industrielle de l’Est parisien. En cause, la pollution aux solvants chlorés laissée en héritage par d’anciennes usines. 

Si l’on ne découvre pas l’histoire de la forte industrialisation de la région, on découvre, jour après jour, mois après mois, au fil des projets de construction publics ou privés les zones à risques. Avant d’ y reconstruire quoi que ce soit, ou même de continuer à y vivre, il faut les dépolluer ! Et à Vincennes on en est  là ! Les premiers bâtiments du collège abritent dès 1882 une école publique. En 1970, de nouveaux bâtiments viennent compléter cette construction pour accueillir un collège. Le hic, c’est que cela se fait sur l’emplacement d’une ancienne fabrique d’oeillets métalliques. Enfin, à l’époque pas de hic puisque les normes sanitaires et environnementales ne sont pas celles d’aujourd’hui. Du coup, on construit sans vérifier les sols… Sans même penser à mal ! Si Vincennes représente dans l’imaginaire collectif la ville résidentielle, tranquille, idéalement située, près du bois, cernée d’espaces verts où il fait bon se balader et faire du sport… les sols de la ville gardent cependant les traces de l’activité industrielle passée. Après l’usine Kodak et les cancers de jeunes enfants, la zone industrielle rue de la Jarry, squattée par des artistes récemment expulsés pour la construction d’un lycée, est en attente de dépollution avant les travaux. Tout comme l’est le futur nouveau collège Saint Exupéry. Rebellissime dresse un bilan. A Travers le témoignage de Laurent Coplet, président du Collectif Saint-Exupéry et père de collégiens, l’interview de Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes qui revient sur ses prises de fonctions en cette période de crise… mais aussi les propos de monsieur Patrick Hervy, attaché de presse du Département du Val de Marne*. Quant à l’Académie et l’ARS, en guise de réponses à nos questions, il faut se contenter des éléments des communiqués de presse transmis.

Elèves délocalisés

La décision est tombée comme un couperet : fermeture du collège Saint-Exupéry. Les enfants qui ne peuvent rester à la maison sont accueillis par les équipes pour des jours non de classe mais de garderie. « Du 14 au 21 novembre, plus de classe. On s’organise comme on peut… On est sous le choc, on digère tant bien que mal, on a du mal à réaliser… » raconte Laurent Coplet. Le 27 novembre, les 186 élèves de sixième du collège Saint-Exupéry rejoignent le collège Offenbach à Saint Mandé où ils resteront scolarisés jusqu’à la fin de l’année scolaire 2017/2018. Côté parents, on assiste à un petit vent de panique, certains s’organisent pour accompagner de petits groupes d’élèves. Pas évident de voir ses enfants quitter la ville et prendre les transports ! Sur place, l’administration, les enseignants, les agents départementaux sont mobilisés pour offrir les meilleures conditions d’accueil. Un service de restauration supplémentaire est mis en place. Pour les élèves de 5e, 4e et 3e du collège Saint Exupéry, le télé-enseignement se met progressivement en place à partir du 29 novembre. Il reste effectif jusqu’aux vacances de Noël. C’est la ville de Vincennes qui met à disposition plusieurs salles permettant à peu près une fois par semaine, pour chaque classe, de retrouver leurs enseignants et des cours. Côté sport, 27 heures de mise à disposition d’équipements sportifs supplémentaires ont été également débloquées par la Ville pour faciliter la pratique de l’EPS jusqu’aux congés de Noël. Après avoir catégoriquement refusé de voir partir leurs enfants à Vitry-sur-Seine, mais devant l’échec du cartable en ligne, l’option retenue pour la rentrée de janvier 2018 est celle d’un accueil dans l’ancien collège Camille Pissarro, situé à Saint-Maur-des-Fossés. Mobilier et outils informatiques ont été déménagés pendant la période des congés de Noël. Tous les services départementaux se sont mobilisés pour l’accueil et la restauration des élèves et des personnels de Saint- Exupéry dans l’ancien collège Camille Pissarro libéré.

Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes revient sur ses prises de fonction et sur cette période de crise dans une interview Rebellissime.

Charlotte Libert-Albanel Maire de Vincennes et Virginie Legourd

On essaie de s’entendre

La première réunion du 15 novembre est plutôt agitée. Elle rassemble les parents, Mme Charlotte Libert-Albanel, maire de Vincennes (entrée en fonction le 13 novembre), Laurent Lafon, sénateur du Val-de-Marne (et ex-maire de Vincennes), Dominique Le Bideau, conseillère départementale, Evelyne Rabardel, vice-présidente du Conseil départemental, le délégué départemental de l’ARS et la Directrice académique des services de l’Éducation nationale. Les débats sont teintés de reproches et d’incompréhension. Les parents s’opposent totalement à voir leurs enfants quitter Vincennes pour un collège de Vitry-sur-Seine. Charlotte Libert-Albanel propose plusieurs solutions avec une répartition des élèves sur plusieurs sites pour qu’ils puissent rester au plus près de Vincennes : au collège Offenbach à Saint-Mandé, à l’INSEP dans le Bois, au lycée Paul-Valéry à Paris 12e. La mairie s’engage à mettre à disposition des salles pour la période de télé-enseignement qui durera jusqu’aux vacances de Noël : pour la formation des enseignements, pour réunir les élèves et leurs professeurs…

Mais pour notre papa l’outil « cartable en ligne » mis en place du 29 novembre au 23 décembre ne tient pas ses promesses. L’académie de Créteil a pourtant mobilisé la délégation académique au numérique éducatif ainsi que les inspecteurs de discipline pour former les équipes enseignantes et les accompagner. « Tous les parents ne sont pas équipés, ne peuvent pas aider leurs enfants, il y a des bugs, les élèves se retrouvent seuls à la maison. Les professeurs d’aussi bonne volonté qu’ils soient ne sont pas  suffisamment formés aux cours en ligne. Certains parents essaient de créer des groupes pour accueillir et aider les enfants. C’est une période très difficile à vivre. Les enfants sont très perturbés, ils sont déscolarisés, en perte de repères. Ils se posent des questions sur leur santé, leur avenir est incertain et face à leurs interrogations, le plus difficile pour un parent c’est de ne pas avoir de réponse » déplore Laurent Coplet. Cet abandon, revient sans cesse dans ses propos. Il parle d’exclusion. « Depuis que nos demandes d’accès aux documents et résultats sont restés sans réponse, nous avons pris les services du cabinet d’avocat Huglo-Lepage y avoir accès. Depuis, nous sommes exclus des réunions et nos rapports se cantonnent désormais à des échanges entre avocats.  Seuls les associations de parents d’élèves (PEEP et FCPE) sont conviées . Nous, les parents des élèves de Saint-Exupéry sommes tenus à l’écart».  Le mail adressé au Collectif le 21 décembre par Valérie Brousselle, Directrice générale adjointe au Pôle Education Culture du Conseil Départemental du Val de Marne est très clair «Le Collectif Saint-Exupéry Vincennes a déposé une requête en référé au Tribunal administratif réclamant la désignation d’un expert judiciaire. Je constate que malgré la démarche de dialogue que nous avons engagée avec vous… , vous avez fait le choix de la voie judiciaire à l’encontre des institutions concernées, plutôt que celle du dialogue constructif. J’en prends acte. Nos relations s’inscrivent dorénavant dans le cadre judiciaire que vous avez souhaité ». Le Collectif Saint-Exupéry Vincennes est né de la mobilisation de parents d’élèves choqués par la fermeture brutale du Collège Saint-Exupéry, suite à la découverte de pollution par des solvants chlorés, et inquiets pour l’avenir de leurs enfants. Il compte 180 adhérents et est représenté par le cabinet d’avocats Huglo-Lepage chargé de coordonner les expertises indépendantes et les demandes judiciaires. Entre ces parents, la région et la ville, le dialogue semble rompu. Fin janvier, l’avocat du collectif demandait au ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer la mise en place d’un ramassage scolaire, entre Vincennes et le collège Pissaro à Saint-Maur, d’un soutien scolaire  l’assurance qu’un collège modulaire ouvre bien à la rentrée 2018 et que le collectif soit activement associé au suivi du projet. Cette situation est d’autant plus regrettable qu’après avoir rencontré et interviewé tous ces intervenants, tous semblent investis et concernés par la situation des enfants et des familles.

Patrick Hervy, répond à nos questions en sa qualité d’attaché de presse du Département du Val de Marne*. 

 

La positive attitude !

Pour la rentrée de janvier 2018, la seule option, techniquement et pédagogiquement réalisable prend corps dans l’ancien collège Camille Pissarro, situé à Saint-Maur-des-Fossés. Le réseau de la ligne 112 du bus est renforcé de 4 bus le matin et 4 bus le soir. La RATP déploie deux agents d’orientation et d’indication sur le quai de Vincennes et sur celui de la station La Varenne Saint-Hilaire pendant les 15 premiers jours qui suivront la rentrée. Elle propose également des ateliers de mobilité pour les collégiens pour les aider à se repérer / se diriger dans les transports en commun. « Nous en venons à nous réjouir d’une solution qui nous semblait inacceptable il y a encore quelques semaines. Mais au moins, nos enfants vont retrouver leurs camarades, un rythme, leurs professeurs… Ils se réjouissent d’avoir un collège, même loin» explique Laurent Coplet.  La décision ne fait pas l’unanimité et de l’avis de ce ce dernier, les familles semblent plus subir. « Notre demande de mise en place de bus, n’a pas aboutit et tous les collégiens se retrouvent sur le quai du RER A aux heures de pointe du matin. La région a obtenu la prise en charge de la carte Imagine’R pour les collégiens, mais à quelques jours de la rentrée, la moitié des familles ne l’avait pas reçu ! ». Quand l’un voit la coupe à moitié vide, l’autre la voit à moitié pleine. Pour Patrick Hervy  « Cette solution qui peut ne pas apparaître comme la meilleure est la seule ! Les familles ont de la chance dans leur malchance que sur le département deux collèges anciens soient vides. Cela permet  de pouvoir re-scolariser les élèves dans de bonnes conditions.  La première proposition de Vitry-sur Seine n’a pas plu, trop loin… En proposant Vitry dès le mois de décembre, nous souhaitions assurer la continuité de la scolarité des collégiens, qu’ils ne décrochent pas, ni du programme, ni de leurs profs. La vive réaction et le refus de certains parents a placé beaucoup d’enfants et de familles dans des situations compliquées à gérer au quotidien : enfant seul à la maison, décrochage du programme, contact avec les professeurs à distance ou seulement une fois par semaine. Vitry était la solution d’urgence, nous ne pouvions pas en si peu de temps construire ou libérer d’autres lieux. Refuser cette solution a crée, selon moi, des problèmes là où il n’aurait pas du y en avoir. Alors, on doit se réjouir de la solution de Saint-Maur. Il s’agit en effet d’un collège ancien, ayant donc une structure bien spécifique avec des normes en terme d’accessibilité, de taille et de nombre de salles de classe, d’accueil de l’administratif. Il est certes vieux puisque l’on en a reconstruit un à côté, mais il a l’avantage de ne pas avoir été rasé, et d’être propre et fonctionnel ! Les élèves de Saint-Maur quittent un peu plus tôt leur ancien collège pour s’installer dans le neuf et laisser la place aux collégiens de Vincennes. Il ne s’agit donc pas d’un collège désaffecté, vétuste…. Ce sont non seulement les élèves qui déménagent mais aussi tout le personnel qui, avec les services départementaux ont travaillé à tout mettre en place par que la rentrée des vacances d’hiver se passe bien. J’aimerai attirer l’attention sur le travail du personnel de l’éducation nationale, le personnel de du département, de la ville de Vincennes  qui sont tous extrêmement investis pour faire en sorte que tout se passe bien et rentre dans l’ordre. C’est souvent une masse considérable d’investissement personnel pour ses agents qui souvent prennent sur leur temps personnel. Même si les familles sont gênées dans leur vie quotidienne, elles peuvent compter sur eux, il ne faut pas l’oublier. Personne n’est responsable de cette situation ! » s’exclame Patrick Hervy.

Et pour la rentée 2018 ? 

Depuis le mois de novembre, Madame le Maire, discute avec la Ville de Paris, notamment Patrick Bloche adjoint à la maire de Paris chargé de l’éducation. Les  services du département en coordination avec la ville de Paris et les services de l’Etat ont engagé dès le mois de novembre les procédures permettant de réaliser un collège provisoire Cours des Maréchaux. Il devra être livré pour la rentrée de septembre 2018,  et pouvoir scolariser tous les collégiens de la 6e à la 3e. Le retour d’un collège, aussi modulaire soit-il est très attendu par les familles qui souhaitent que leurs enfants retrouvent leurs habitudes et leur tranquillité vincennoises. Le collège modulaire devra aussi répondre répondre aux normes d’un Etablissement Recevant du Public (ERP) et disposer de toutes les fonctionnalités spécifiques au fonctionnement pédagogique et à un accueil de qualité des élèves et des personnels. « C’est un projet un peu particulier puisqu’il s’agit d’un site classé, qui dépend donc d’une part de la DRAC ( Direction Régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France), d’autre part de la Ville de Paris avec autorisation de l’Etat et de la ville de Paris, d’autre part encore du Ministère de l’environnement et enfin de la Préfecture de Paris. Plusieurs interlocuteurs se sont donc retrouvés autour de la table pour essayer d’obtenir un permis de construction temporaire. L’objectif est de construire un collège provisoire le temps de reconstruire le collège Saint-Exupéry, après sa dépollution. Nous avons anticipé les études de terrain, c’est à dire les relevés topographiques, et nous sommes déjà sur place pour évaluer les travaux, tout cela afin de gagner un maximum de temps, avant d’obtenir les autorisations. Le but est de ne vraiment pas perdre de temps ! » nous confie Patrick Hervy. Et les nouvelles vont plutôt dans son sens puisque le 10 janvier 2018 : la Commission départementale des sites de Paris émet un avis favorable à l’implantation d’un collège provisoire cours des Maréchaux pour la rentrée de septembre 2018. Le 22 janvier, c’est le Ministère de la Transition écologique et solidaire qui donne une autorisation tant attendue eu égard au statut de site classé du lieu retenu. Début février cependant, Cours des Maréchaux, rien à signaler ! Aux dernières nouvelles, les travaux devaient commencer le 19 février. Face à cette situation, nombre de parents anticipent pour la rentrée prochaine afin  d’inscrire leurs enfants dans un autre collège du département ou parisien. « Mais il s’agit là, concrètement de faire des demandes de dérogations, pour rester dans le public, à Giroud, ou dans des collèges limitrophes. Ces demandes de dérogations sont faites auprès de la direction académique. C’est elle qui les gère. Comme la plupart des collèges sont déjà plein, il est peu probable que des dérogations soient accordées » explique Patrick Hervy. Reste la solution du privée et pour certains même du CNED ! La construction du collège modulaire est très attendue.

Quant à la reconstruction de l’ancien collège Saint-Exupéry, Patrick Hervy est très clair « Pour l’heure, il est quasi impossible d’évaluer dans combien de temps il pourra être reconstruit. Ce qui est certain, c’est que cela prendra plus de temps que prévu puisqu’il faut dépolluer. Cela coûtera aussi plus d’argent. Face à un problème de pollution, l’Etat et la région sont concernés. On sait que cela coûtera plus cher, sans savoir qui paiera ! Mais pour l’instant, le travail d’expertise ne peut pas être mené, nous ne pouvons effectivement pas être sur tous les fronts. Tous les services départementaux qui travaillent sur les collèges se consacrent à la question de Vincennes. Leur  priorité est moins d’évaluer ces délais et coûts que de se consacrer à la meilleure solution pour que les collégiens de Vincennes retrouvent un rythme scolaire normal ».

Mais comment en est-on arrivé là ? 

En 2005, un nouveau collège, le collège Françoise Giroud ouvre ses portes à un peu plus de 600 élèves. Le Département s’engage alors à entreprendre des travaux de réhabilitation du collège Saint-Exupéry. Il faut attendre 6 ans, en juin 2011 pour une étude de faisabilité par le Département. Trois ans plus tard, les conseillers départementaux adoptent à l’unanimité le projet de rénovation du collège Saint-Exupéry pour un budget de 16,5 millions d’euros. Les travaux devaient commencer en été 2018. Au printemps 2017, les études préalables aux travaux de la rénovation et diagnostics des sols débutent. Au mois de septembre de la même année, le Département propose que les mêmes études soient réalisées dans les bâtiments municipaux voisins : crèche, RAM, restauration maternelle nord, et la Ville demande que des prélèvements soient également effectués dans la cour de la crèche. Le 20 octobre, l’ARS (l’Agence Régionale de Santé au Département, à la Ville) révèle les risques sanitaires. L’Inspection d’Académie demande des seconds prélèvements, sur la totalité des bâtiments du collège susceptibles d’être concernés.  La ville fait réaliser les mêmes études de recherches de solvants dans la totalité des locaux de la Maternelle nord et dans le jardin cœur de ville, pendant les vacances scolaires. Le 27 octobre, le sous-préfet, la Ville, le Département étudient différents scénarios : transfert complet ou maintien partiel sur site avec gel de certains locaux du collège. Le 9 novembre, les résultats des seconds prélèvements tombent. Devant l’évaluation des risques sanitaires et les recommandations formulées par l’Agence Régionale de Santé, le Conseil départemental et l’Inspection d’Académie décident de transférer le collège Saint-Exupéry sur un autre site. La Ville de Vincennes décide de son côté de transférer la restauration scolaire de la Maternelle Nord, la crèche Liberté, et le Relais d’Assistantes Maternelles.

Les personnels sont informés de la pollution et des décisions de transfert dans la matinée du 13 novembre. Les enfants se voient remettre un courrier et apprennent la nouvelle avant leur parent qui découvrent la lettre en fin de journée. C’est le choc ! Le lendemain, l’Agence Régionale de Santé demande la restriction de l’usage de l’eau pour les bâtiments municipaux concernés (crèche Liberté, Relais d’Assistantes Maternelles, restauration de la Maternelle du Nord) accueillant des enfants de 0 à 6 ans. Le 24 novembre la direction du collège informe les parents sur les modalités d’organisation du télé-enseignement. La ville met à disposition Le 27 novembre, les élèves de 6è entrent au collège Offenbach de Saint-Mandé. D’après le collectif « Les conditions de vie des élèves de 6è sont difficiles. Les insultes et les violences ont toujours lieu. Nous avons demandé à l’Inspection académique et la Direction du collège de veiller l’amélioration de la situation » déplore Laurent Collet. Le 5 décembre, décision est prise d’un accueil dans l’ancien collège Camille Pissarro, situé à Saint-Maur-des-Fossés. Le 8 janvier, les élèves de 5e, 4e, 3e du collège Saint-Exupéry intègrent l’ancien collège Camille-Pissaro à Saint-Maur.

Une pollution qui pose questions

https://www.iledefrance.ars.sante.fr/pollution-aux-solvants-chlores-vincennes-lars-publie-le-detail-de-ses-analyses

Pourquoi ne pas avoir évacuer avant ? Principe de sécurité ou véritable risque sanitaire ? Pourquoi aucun suivi sanitaire ? Peut-on boire l’eau du robinet à Vincennes?

Patrick Hervy revient sur le passé industriel de l’Est Parisien. « Quand les départements ont récupéré la gestion de collèges, dans le Val de Marne la plupart d’entre eux étaient déjà construits. Beaucoup de bâtiments publics ont malheureusement été construits sur des sites pollués, c’est d’autant plus vrai pour en Ile de France. C’est en effet une région au passé industriel très intense, surtout à l’Est de Paris. Et les normes ayant évolué, quand on doit reconstruire, on découvre des  zones polluées là où auparavant aucune norme n’imposait de contrôle. En matière de sécurité et de pollution, les normes sont aussi plus sévères, ce qui est un bienfait pour la santé de tous. Cependant, il faut prendre conscience que cela implique d’accepter que nous vivons dans une région où de nombreux sites nécessitent  d’être dépollués.  Si les collèges dépendent bien de la responsabilité du département, celle de la pollution non ! Mais c’est tout de même au services du département de faire face ! »

On comprend les inquiétudes et les questionnements des Vincennois, particulièrement des riverains de la zone du collège Saint-Exupéry. Selon l’ARS, les résultats d’analyses mettent en évidence « un panache de pollution en PCE et TCE centré au niveau de la source de pollution identifiée dans les sols. La concentration en chlorure de vinyle, résultant de la dégradation des PCE et TCE, est inférieure au seuil de quantification, et le dichloroéthylène est quasiment absent« . L’eau alimentant les Vincennois n’est pas d’origine souterraine  : elle provient de la Seine et, pour le secteur du Domaine du Bois, de la Marne. Les riverains s’interrogent. 20 points de contrôle font l’objet de prélèvement.  Les résultats sont rendus le 13 décembre, les résultats sont dévoilés individuellement par le service Hygiène et Habitat de la ville de Vincennes. Selon l’ARS, « tous les résultats sont nettement inférieurs à la valeur repère du HCSP : pour le trichloroéthylène, 18 résultats sont inférieurs à la valeur repère du HCSP (2 µg/m3), témoignant ainsi d’une bonne qualité de l’air ; parmi ceux-ci, le TCE n’a pas été détecté sur 16 prélèvements. Un résultat présente un léger dépassement de la valeur repère (2,2 µg/m3). Il n’est attendu aucun effet sanitaire associé aux concentrations mesurées dans les logements des riverains. Compte tenu de ces résultats rassurants, il n’apparaît pas utile de mener de nouvelles investigations chez les riverains ».  On entend bien, mais de là à se sentir rassuré… Non ! Comme le dit notre papa « Pour beaucoup de parents, Vincennes est un choix de vie. On est prêt à payer des loyers ou acheter son logement à des prix exorbitants, supporter des charges élevées pour ce cadre de vie. J’habite juste face du collège. Mes deux enfants sont allés à la maternelle, l’école primaire et au collège de cette zone. Je suis entrepreneur à Vincennes. Jusqu’au mois de novembre dernier, comme beaucoup de parents, je me sentais en sécurité, j’avais confiance dans les services de ma ville. Mais là, je me sens abandonné, je vois mes enfants déscolarisés, inquiets pour leur santé, désociabilisés sans que je ne puisse rien faire. Nous sommes seuls, face à ce bouleversement de situation. Pas de suivi sanitaire ou psychologique. Le quotidien est totalement bouleversé et je n’aurai jamais imaginé, comme beaucoup de famille autour de moi, me sentir aussi abandonné et peu écouté. Je vis avec ce collège en face de moi. Et très honnêtement, vu comme la situation est gérée, je ne vois pas pourquoi je continuerai à investir autant dans un environnement qui m’est totalement hostile. Déménager me paraît de plus en plus envisageable ».  Et la question se pose vraiment, en effet, sur la réelle attractivité de la ville. Comme le souligne Patrick Hervy, c’est malheureusement le lot de nombreuses communes. « Aujourd’hui, vous risquez en creusant dans votre jardin de découvrir que le sol est pollué. Difficile de savoir ce qui se trouvait là avant. Là où vous habitez, où vous travaillez, où vos enfants étudient, s’entraînent ou jouent ! On ne peut donc rassurer personne, ce qui justifie cette perte de confiance. Tout ce que nous pouvons dire au département du Val de Marne c’est que chaque fois que nous entreprenons des travaux pour des bâtiments qui nous appartiennent ( crèche, collège, PMI…) nous réalisons les analyses nécessaires pour s’assurer que nous construisons sur un site stable et propre. C’est exactement ce qui s’est passé pour le collège Saint Exupéry, lors des analyses qui sont faites systématiquement quand on doit reconstruire. La seule garantie de confiance est là. Aujourd’hui, nos services publics fonctionnent plutôt bien avec de bons  niveaux d’expertise dans l’ensemble des métiers. Il faut écouter ces experts, même quand leur constat ne font plaisir à personne et que cela entraîne des répercussions souvent lourdes pour tous les acteurs du département et ses habitants. Il ne faut pas oublier que pour les services du département, ce qui prime c’est l’intérêt général. Sinon, j’irai travailler pour un grand groupe pétrochimique au milieu de l’Atlantique ! Nous sommes en première ligne des critiques, alors que cette affaire nous est tombée dessus du jour au lendemain et que l’on a essayé de la gérer au mieux! Il a fallu en trois mois vérifier que le site soit effectivement pollué, chercher des solutions et les proposer, les mettre en place. A Vincennes, il y a déjà eu la pollution de l’usine Kodak. A Choisy-le-Roi, où nous construisons des bâtiments, l’entreprise  privée chargée des travaux a du enlever des mètres cubes et des mètres cubes de terre polluée, ce qui n’était pas prévu. Nous payons aujourd’hui les erreurs des décennies passées. On peut voir aussi le côté positif et se dire que nous tirons des leçons de ce passé et que nous mettons tout en oeuvre pour ne pas laisser aux prochaines générations des zones polluées et leur assurer un meilleur avenir ». Tiré les leçons du passé, penser aux générations futures sont les défis des politiques et des citoyens. Pour ces derniers,  entre la  pollution de l’environnement, les risques sanitaires dans l’alimentation et à peu près tout ce qui nous entoure, il faut sauver sa peau ! Reste à souhaiter que les conflits et incompréhensions laissent place à un dialogue apaisé et constructif.

 Laurent Coplet, Patrick Hervy, Charlotte Libert-Albanel et Virginie Legourd 

le 19 février 2018

* Patrick Hervy est également adjoint au maire du quartier Choisy-le-Roi, Sud-Centre-Sud (développement numérique, missions spécifiques aux établissements scolaires du second degré).

Documents à télécharger

http://www.gcnf6378.odns.fr/wp-content/uploads/attachments/Communiqu–_de_Presse_Delocalisation_etablissements_13-11-2017.pdf

Communiqué de Presse – délocalisations d’établissements accueillant des enfants et des adolescents – 13 novembre 2017 (pdf – 338,01 ko)

http://www.gcnf6378.odns.fr/wp-content/uploads/attachments/ic170145_dept_val_de_marne_diag_pollution_des_sols_vincennes_94_vc.pdf

Etude historique documentaire et mémorielle et diagnostic environnemental des sols du collège Saint-Exupéry à Vincennes – source : Conseil départemental du Val-de-Marne, publiée le 16 novembre 2017 (pdf – 25,90 Mo)

https://www.vincennes.fr/content/download/51109/755303/file/plan résultats campagne 2_ 211117.pdf

2e campagne d’analyse de l’air : plans – document corrigé du 21 novembre 2017 (pdf – 877,91 ko)

https://www.vincennes.fr/content/download/51110/755317/file/ic170307_resultats_danalyses_v03.xlsx

2e campagne d’analyse de l’air : résultats – document du 10 novembre 2017 (vnd.openxmlformats-officedocument.spreadsheetml.sheet – 119,66 ko)

https://www.vincennes.fr/content/download/51107/755283/file/171117_VAR_St Exp _ARS.pdf

Notice d’accompagnement des résultats d’analyses communiquée par l’Agence régionale de santé – 17 novembre 2017 (pdf – 166,81 ko)

https://www.vincennes.fr/content/download/51151/755727/file/recap résultats eaux souterraines nov 17.pdf

Résultats d’analyses sur les eaux souterraines – 20 novembre 2017 (pdf – 1,11 Mo)

https://www.vincennes.fr/content/download/51145/755662/file/Communiqué de presse – Collège Saint-Exupéry de Vincennes Point d’information du 21 novembre.pdf

Communiqué de Presse – collège saint-Exupéry – Point d’information – 21 novembre 2017 (pdf – 464,66 ko)

https://www.vincennes.fr/content/download/51147/755682/file/171121 CP_ars_vincenne.pdf

Communiqué de Presse de l’ARS Île-de-France – L’Agence régionale de santé Île-de-France publie le détail de ses analyses – 21 novembre 2017 (pdf – 468,96 ko)

https://www.vincennes.fr/content/download/51179/756140/file/courrier parents 24 11 2017- 17h14 (1).pdf

Lettre aux parents de l’équipe de direction du collège concernant les modalités d’organisation du télé-enseignement – 24 novembre 2017 (pdf – 736,46 ko)

https://www.vincennes.fr/content/download/51253/756805/file/COMMUNIQUE DE PRESSE – Collège Saint-Exupéry de Vincennes Point d’information du lundi 05 décembre 2017.pdf

Communiqué de Presse – collège saint-Exupéry – Point d’information – 5 décembre 2017 (pdf – 398,49 ko)