Alerte hygiène ! Attention au Corona virus…
Lave-toi les mains, va brosser tes dents, mets ta main devant la bouche quand tu éternues que tu tousses, jette ton mouchoir sale… Pourquoi ces phrases que les mamans nous répètent depuis bébé sont-elles vitales, particulièrement durant cette crise du Coronavirus ?
Parce que si ces règles, simples/basiques, comme dirait Orelsan, étaient respectées beaucoup d’infections, de virus et de maladies ne se transmettraient pas aussi facilement et rapidement. Et ce n’est pas plus compliqué que de :
Se laver les mains avec de l’eau et du savon, pendant 30 secondes, plusieurs fois par jour.
– Mettre un mouchoir en papier ou la main devant la bouche et le nez quand on tousse ou éternue et, ensuite, se laver les mains.
– Jeter le mouchoir directement à la poubelle après usage.
– Se laver les mains avant de manger
– Se laver les mains avant de sortir des toilettes
Bah, oui, cela semble évident. Mais la France ne détient tout de même pas le reccord des bonnes manières en matière d’hygiène. Les Français sont-ils toujours à la hauteur de leur mauvaise réputation ? On fait un petit point sur la situation grâce à l’une des dernières étude Ifop. « Les Français(es) sont-ils vraiment devenus propres ? » Enquête sur l’évolution des comportements d’hygiène corporelle et domestique des Français (1951-2020). Attention, si une bonne hygiène, une hygiène de base peut limiter la prolifération des infections, elle n’est pas pour autant un remède. Grâce aux data journalistes de Statista Claire Jenik et Tristan Gaudiaut, on fait aussi le point sur l’ampleur et la propagation du Corona virus.
Pépé le putois », du mythe à la réalité…
En 1951, le magazine Elle dirigé alors par Françoise Giroud publiait une enquête qui fit scandale en mettant en évidence les conditions déplorables d’hygiène corporelle des Françaises qui souffraient encore, en cette période de reconstruction, d’un manque criant d’accès au confort sanitaire de base (ex : eau chaude, salle de bain ou douche). A l époque les toilettes la salle de bain étaient généralement sur le pallier et communs. L’eau chaude n’était pas courante…D’ailleurs les premières barres d’immeuble de Sarcelles que l’on regarde aujourd’hui comme de vilaines citées, étaient considérées à l’époque de leur sortie de terre comme un véritable progrès social : eau courante, WC, salle de bain dans chaque appartement ! Mais revenons-en aux sondages. Soixante-dix ans après cette enquête qui confirmait les clichés sur le manque de propreté du Français – illustré alors à Hollywood par le personnage malodorant de « pépé le putois » oscarisé en 1949 -, l’Ifop publie une nouvelle étude qui permet de faire le point sur la propreté des Français dans un contexte de Coronavirus où le respect des bonnes pratiques en la matière est plus que jamais d’actualité : l’application des règles d’hygiène de base comme le lavage des mains après être allés aux WC ou avoir pris les transports en commun étant désormais un enjeu de santé publique. Réalisée pour le compte de Diogène France, société de nettoyage insalubre spécialisée dans les logements de victimes du syndrome de Diogène, cette enquête montre que, si globalement l’hygiène des Français a radicalement changé depuis les années 1950, une part de la population reste encore éloignée des standards de propreté et des bons usages face aux infections virales saisonnières.
Une toilette complète pas toujours quotidienne
En 2020, seuls trois Français sur quatre (76%) procèdent à une toilette complète tous les jours, les femmes se montrant sur ce point plus exigeantes que les hommes : 81% des Françaises se lavent entièrement tous les jours, contre seulement 71% des hommes.
Comparée à leurs ainées dont l’Ifop avait mesuré les pratiques au début des années 50, l’hygiène corporelle des Françaises s’est beaucoup améliorée : la proportion de Françaises procédant quotidiennement au lavage de leur corps et de leur visage étant passée de 52% en 1951 à 74% en 1986 pour s’élever désormais à 81%.
L’absence de toilette quotidienne reste néanmoins aujourd’hui un phénomène masculin, affectant avant tout les seniors dont les normes en matière d’hygiène ont été inculquées à cette époque : 57% seulement des hommes de 65 ans et plus se lavent entièrement tous les jours. Les autres catégories de la population où la pratique est faible sont généralement des personnes isolées géographiquement (59% des ruraux), professionnellement (60% des chômeurs) ou socialement (60% des femmes ne recevant jamais personne à leur domicile), signe que l’hygiène repose beaucoup sur la prise en considération de sa sociabilité et du regard d’autrui dans la gestion de son apparence corporelle.
Une amélioration du confort sanitaire de base qui ne se traduit pas toujours par la prise d’une douche quotidienne
Le fait qu’au début des années 50, seule une femme sur deux se lavait quotidiennement tient à un manque criant d’accès au confort sanitaire de base : seules 51% des Françaises avaient alors accès à l’eau chaude, 10% à une salle de bain (contre 98% en 2020) et à peine 3% avaient accès à une douche ou une baignoire (contre 99,5% en 2020). Mais si aujourd’hui, près de neuf Français sur dix (88%) a accès à une douche dans sa résidence principale, ils sont moins de deux sur trois (63%) à prendre une douche quotidiennement, ce qui est le signe de la persistance d’autres moyens de se laver dans une grande partie de la population.
Là aussi, on observe que la « douche quotidienne » a moins d’adeptes chez les hommes et en particulier chez les hommes de 65 ans et plus qui ne sont que 36% à prendre une douche quotidiennement (contre 46% des femmes du même âge).
Une fréquence de lavage des cheveux qui reste très genrée…
A l’heure où le discours sur la fréquence de lavage des cheveux tend plutôt à inciter à la modération, il est intéressant de noter que les pratiques en la matière restent très genrées. En effet, si trois hommes sur dix se lavent les cheveux tous les jours, ce n’est le cas que de 8% des femmes. La norme chez les femmes est plutôt à un rythme tous les deux jours ou 2 fois par semaine (62%, contre 51% chez les hommes). Les comportements des Françaises en matière d’hygiène capillaire ont ainsi beaucoup évolué depuis le début des années 50, sachant qu’en 1951, les trois quarts d’entre elles se lavaient les cheveux moins d’une fois par semaine (77%), contre 8% en 1986 et 4% en 2020.
Face aux risques de transmission de virus comme le Coronavirus, le comportement des Français en matière de lavage des mains est problématique
Cette différence entre les deux sexes se retrouve dans l’application des règles de base édictées par les pouvoirs publics (ex : Sante publique France) en matière de lavage des mains qui s’avèrent essentiel pour éviter la propagation des épidémies, notamment en période hivernale.
En effet, l’étude montre que les hommes respectent toujours beaucoup moins ces règles que les femmes : à peine deux hommes sur trois (68%) se lavent les mains systématiquement après être allés aux toilettes (contre 75% des femmes) et moins d’un tiers d’entre eux le font après avoir pris les transports en commun (31%, contre 42% des femmes).
Et en terme de tendance, la comparaison avec de précédentes enquêtes (ex : Enquête « Nicolle 2006 » de Inpes / l’InVS) montre plutôt une inertie sur ce plan en dépit des messages sanitaires martelés chaque hiver sur le sujet.
Des sous-vêtements pas toujours changés à un rythme quotidien
L’importance du sexe et de l’âge dans les comportements d’hygiène corporelle se retrouve en matière vestimentaire, notamment lorsqu’il s’agit de vêtement très intimes comme les sous-vêtements. En effet, si la quasi-totalité des femmes (94%) changent de culotte « tous les jours », c’est loin d’être le cas chez les hommes : à peine trois Français sur quatre (73%) changent de slip/caleçon « tous les jours ». Là aussi, les « mauvais élèves » sont surreprésentés dans les rangs des séniors – seulement 50% des homme âgés de plus de 65 ans changent de slip/caleçon « tous les jours » – et, plus largement, chez les hommes dépourvus de machine à laver (56%).
Il est là aussi intéressant de noter que si les seniors sont moins rigoureux quant à la fréquence de changement de sous-vêtements, cela est lié à une fracture générationnelle en la matière. Cette catégorie de personnes a longtemps été éduquée selon un rythme de changement vestimentaire, de douche ou de toilette moins soutenu qu’aujourd’hui. Ainsi, malgré des progrès considérables en matière sanitaire, une partie non négligeable des seniors continue à avoir des pratiques hygiéniques proches de celles qu’ils ont connus dans leur enfance
Comparée à leurs ainées, l’hygiène vestimentaire des Françaises a sur ce plan radicalement changé dans la mesure où la proportion de Françaises changeant de culotte quotidiennement est passée de 17% en 1951 à 82% en 1986 pour s’élever désormais à 94%
Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle Genre, Sexualité et Santé Sexuelle à l’Ifop Loin d’être un sujet futile pouvant prêter à sourire, le manque d’hygiène corporelle des Français constitue aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique au regard de cette étude qui montre qu’on ne peut plus le réduire à un cliché déconnecté de toute réalité… Car en dépit des larges progrès observés depuis l’après-guerre, des « poches de saleté » persistent dans certaines catégories de la population comme les hommes, les personnes âgées et isolées, ce qui explique sans doute pourquoi l’hexagone reste en retard au regard des standards de propreté : la France étant classée au 50ème rang sur 63 pays en matière d’hygiène des mains d’après une enquête internationale publiée en 2015 (Win Gallup International). Or, dans le contexte à haut risque du Coronavirus, l’application des règles d’hygiène de base comme le lavage des mains n’est plus seulement un devoir envers et pour soi-même mais aussi un devoir envers les autres.
Petit point sur le Corona virus
D’après le suivi en temps réel de propagation de l’épidémie réalisé par l’université Johns Hopkins, un peu plus de 81 000 cas d’infection au coronavirus ont été confirmés dans le monde le 26 février. Le jour-même où le 1er mort Français est décédé de ce virus à l’hôpital de la Salpetrière. La Chine continentale, foyer de l’épidémie, concentre environ 96 % des patients diagnostiqués à l’échelle mondiale. Mais alors que le nombre de nouveaux cas diminue en Chine, les contaminations augmentent ailleurs dans le monde. Les pays les plus touchés en dehors de la Chine sont la Corée du Sud et l’Italie, avec respectivement 1 146 et 322 cas. L’Italie est devenue le plus gros foyer européen de l’épidémie et aussi le premier État du continent à mettre des villes en quarantaine : les mesures de confinement concernent onze villes dans le nord du pays, soit plus de 50 000 personnes. Au total, 38 pays ont diagnostiqué des cas de coronavirus à travers le monde, sans compter les 691 cas confirmés à bord du paquebot « Diamond Princess ».
De plus en plus d’usines sont à l’arrêt en Chine à cause de l’épidémie de coronavirus, une situation qui perturbe plusieurs secteurs industriels en raison de problèmes d’approvisionnement. Apple a annoncé hier que ses ventes d’iPhone seraient affectées et la firme de Cupertino anticipe un chiffre d’affaires en dessous des attentes pour le prochain trimestre.
Selon les prévisions de la Deutsche Bank, les effets de l’épidémie de coronavirus pourraient faire reculer la croissance mondiale de 0,2 point au premier trimestre 2020. La Chine, où se trouve l’épicentre de l’épidémie, est logiquement le pays qui sera le plus affecté et cette crise sanitaire pourrait lui coûter 1,5 point de croissance du PIB sur les trois premiers mois de l’année. Le Japon ainsi que d’autres économies émergentes d’Asie devraient eux aussi être durement touchés.
Quant aux conséquences économiques pour la zone euro, la Deutsche Bank prévoit une baisse de 0,1 point de croissance au premier trimestre. Le ministère de l’Économie et des Finances table sur le même impact pour la France, avec une perte de 0,1 point de croissance également attendue. Toutefois, beaucoup d’incertitudes demeurent autour de ces prévisions et l’impact économique de l’épidémie pourrait être revu à la hausse ou la baisse dans les jours à venir selon l’évolution de la crise.
Tristan Gaudiaut, Data journaliste. Statista
Alors que le coronavirus poursuit son expansion, l’Organisation mondiale de la Santé alerte que « le monde n’est pas prêt à y faire face ».
Le nombre de décès dus à l’épidémie est à un plus-bas depuis trois semaines en Chine, mais quatre nouveaux pays, dont trois européens, sont désormais atteints par le virus. En Europe, l’Italie est pour le moment le pays européen le plus touché par le nouveau coronavirus avec plus de 350 personnes contaminées et 11 décès, selon La Repubblica. Face à l’évolution de la situation, de nombreux États renforcent leurs mesures de précaution. Mais quels sont les pays les mieux et les moins bien préparés pour faire face à une épidémie de grande ampleur ? L’indice de sécurité sanitaire mondiale (Global Health Security Index), développé par l’Université Johns Hopkins, permet justement de dresser un état des lieux du niveau de préparation des États face à une telle menace sanitaire.
Comme le montre notre infographie, les pays les mieux préparés au monde se trouvent en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. Les États-Unis ont été désignés comme disposant des mesures et des outils les plus efficaces pour faire face à une épidémie, alors que la France se classe au 11ème rang mondial. La grande majorité des pays qui manquent de préparation et de moyens pour répondre à une crise de ce type sont situés en Afrique. Quant à la Chine, qui a mis en place des mesures sans précédent depuis le début de l’épidémie, son niveau de préparation est jugé correct : le pays se positionne au 51e rang mondial, soit au même niveau que la Slovaquie en Europe.
Claire Jenik, Data Journalist. Statista
* Étude Ifop pour Diogène-France.fr réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 31 janvier au 3 février 2020 auprès d’un échantillon de 2 005 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.
Rebellissime
Le 26 février 2020