Pourquoi Noël est une fête sexiste ?
Pourquoi Noël est une fête sexiste ? Des Mères Noël en tenues affriolantes, des Pères Noël ventripotents, une charge mentale à son paroxysme pour des questions comme la décoration du sapin, le menu et la préparation des repas festifs, ou encore l’emballage et la répartition des cadeaux…. Noël ne s’inscrit pas toujours dans l’égalité des sexes
Si Noël met à l’honneur la générosité, l’empathie et le partage, cette tradition reste néanmoins source de stress et vectrice de stéréotypes. Et, contrairement aux idées reçues, ce n’était pas pire avant. Par exemple, dans les années 1970, la plupart des jouets n’étaient pas genrés. On pouvait aussi bien retrouver des filles que des garçons sur une publicité de Lego ou de dinette. En effet, à l’époque on attachait une certaine importance à l’égalité des sexes, aujourd’hui phagocytée par la nécessité de vendre toujours plus. Bien qu’à première vue, il semble que les mœurs aient un peu progressé sur la sexualisation des cadeaux de Noël, la réalité est tout autre ! Selon une étude de Statistica, le cadeau le plus redouté par les femmes françaises est … le fer à repasser (45,5 %), suivi par la centrale vapeur (41 %) et l’aspirateur (34,2 %) !
Poupées Barbie pour les filles, petites voitures pour les garçons
Le rose réservé aux filles et le bleu au garçon, vous pensiez que c’était du passé ? Eh bien, il semblerait que non. Preuve en sont les catalogues de Noël qui regorgent de pépites dignes du Manuel d’économie domestique et d’instruction ménagère, de 1903. Tout le monde le sait, les filles adorent les licornes, les arcs-en-ciel et la cuisine, les garçons, l’informatique, les petites voitures et le skate. À l’heure actuelle, malgré la signature en septembre 2019 de la « Charte d’engagements volontaires pour une représentation mixte des jouets » par la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant et la plupart des grandes enseignes, les catalogues de jouets regorgent toujours autant de références genrées. Après tout, pourquoi proposer des jouets unisexes, s’il est possible de vendre deux fois le même produit, par exemple, une trottinette mais de deux couleurs différentes, à la même fratrie ! Pourtant cette même charte a été mise à jour en 2020 et a donné lieu à un bilan plutôt mitigé. Si certains parents remarquent effectivement un certain effort sur l’aménagement des rayons et l’étiquetage des produits, les boîtes roses et bleues ont encore de beaux jours devant eux dans les étals.
Les (télés)films de Noël
Outre les jouets pour enfants, les clichés sexistes sont aussi largement omniprésents dans les films de Noël. À l’approche des fêtes de fin d’année, les comédies romantiques pullulent à l’antenne avec des titres tous plus racoleurs les uns que les autres : une demoiselle esseulée – veuve ou mère célibataire, et qui peine à boucler ses fins de mois –, angoissée à l’idée des préparatifs de Noël. Heureusement, un bon samaritain débarque dans sa vie. Quelque temps après, un mariage, l’achat d’une nouvelle maison ; bref, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. À petite dose, pourquoi pas, verser quelques larmes c’est cathartique, mais à raison de 5 fois par jour sur M6, c’est juste lourd. Le stéréotype du prince charmant dans sa belle Mercédès et la princesse éplorée, c’est clairement sexiste.
Et ces scénarios ne sont pas propres aux téléfilms ni aux bas-fonds des chaînes de la TNT, même dans le grand cinéma, ces clichés sont omniprésents. Love Actually – que l’on regarde, on ne va pas se mentir, chaque année avec grand plaisir – en est bourré. On peut notamment évoquer la scène où Andrew Lincoln aka Mark (bien avant de devenir Rick Grimes dans Walking Dead) joue les romantiques en déclarant sa flamme à Keira Knightley (Juliet) qui est soit dit en passant est mariée à son meilleur ami. Le « Bro Code »? Connaît pas!
Tout ces stéréotypes sexistes, alors que l’on sait très bien qui est le chef dans la maison du Père Noël ! Qui coordonne les lutins, assure aux fourneaux et l’intendance de tout le courrier et des préparatifs de la hotte, et du traineau avec les rennes ? Pendant que le p-Père Noël fait du gras en digérant ses confiseries dans son fauteuil moelleux ? C’est Madame Noël !
StarOfService et Virginie Legourd
Le 10 décembre 2020