Quatre ans après le premier opus, plus gros succès de Netflix en 2019 pour un film français, on retrouve une fratrie plus pugnace que jamais. On ne spoile rien, promis ! A part qu’il est top, ce Banlieusards 2, vraiment pas condamné à l’échec mais voué au succès.
Bon, si vous avez vu l’affiche ou la bande-annonce, on ne vous spoile pas en disant que Demba, le grand frère incarné par Kery James est toujours en vie ! Abattu à bout portant à la fin du film précédent, Demba est remis de ses blessures. Il dirige avec succès une entreprise d’isolation. Libéré de prison, Noumouké (Bakary Diambera), le plus jeune de la fratrie, reprend sa scolarité sans courber l’échine devant la bande rivale du quartier. Quant à Soulaymaan (Jammeh Diangana), après avoir remporté un concours d’éloquence, il a obtenu son diplôme d’avocat. Le cadet travaille désormais pour un important cabinet parisien. Dans ce second opus, la violence ambiante et le désir de vengeance ne tardent pas à rattraper la fratrie Traoré… Voilà le Pitch, on plante le décor, et on vous laisse découvrir Banlieusards 2
Banlieusards 2 : voué au succès !
«On n’est pas condamné à l’échec, voilà l’chant des combattants. Banlieusard et fier de l’être, j’ai écrit l’hymne des battants. Ceux qui n’font pas toujours ce qu’on attend d’eux. Qui n’disent pas toujours c’que l’on veut entendre d’eux. Parce que la vie est un combat. Pour ceux d’en haut comme pour ceux d’en bas. Si t’acceptes pas ça c’est que t’es qu’un lâche. Lève-toi et marche ! »
Telles sont les premières paroles de la chanson phare Banlieusards signée par Kery James en 2008. Le morceau tourne chanson résolument le dos à la résignation et au désespoir pour ceux qui sont nés « de l’autre côté du périph’ ». C’est ce même refus du déterminisme social, ce même appel vibrant à se battre pour s’en sortir, qui imprègne les deux films, également intitulés Banlieusards, de Kery James et Leïla Sy.
Retour en 2019 : naissance du phénomène Banlieusards
4 ans déjà que Leïla Sy et Kery James nous scotchent à l’écran pour un pur moment de fiction. A cette époque, on s’est même dit que grâce à Netflix de tels projets peuvent voir le jour. De nombreux talents de tous horizons y ont leur chance. Et surtout le public a le choix et s’y retrouve!
Banlieusards 2019 , le recap’
Près de Champigny-sur-Marne, en région parisienne, trois frères vivent chez leur mère Khadijah qui les a élevés seule. Si Demba, l’aîné, a basculé dans le trafic de drogue, Soulaymaan, le cadet, suit des études de droit dans l’espoir de devenir avocat. Quant à Noumouké, le benjamin, il s’interroge encore sur la voie dans laquelle il veut s’engager. Inscrit à un concours d’éloquence, Soulaymaan croise la route de Lisa, jeune fille brillante, avec qui il débat sur la responsabilité de l’État dans la situation des banlieues. Tandis que Noumouké est de plus en plus tenté par le style de vie de Demba, celui-ci est trahi par l’un de ses complices qui l’abat froidement…
Note d’intention de Kerry James pour son Banlieusards 2
« Comme dans le premier volet, à travers Banlieusards 2, j’ai voulu avant tout humaniser une partie de la population française, trop souvent réduite à des clichés malveillants ou inconscients. Cependant, humaniser n’implique pas de gommer la réalité et de peindre un tableau lisse et sans relief. Il y a de belles et de moins belles choses dans nos banlieues. Il y a de belles et de moins belles âmes dans nos rues. Mais il y a de l’humanité ! Nous vivons, aimons, mourons, pleurons, tombons tantôt malades et tantôt amoureux; nous promettons, trahissons, nous disputons et nous réconcilions. Nous regrettons, détestons, pardonnons, pensons mais pas tous de la même façon et finalement, nous aspirons simplement au bonheur. Filmé sans misérabilisme et sans fioriture, Banlieusards 2, c’est l’histoire universelle d’une famille aux liens fragiles et complexes, soudée autour de la figure de la mère. Ce n’est donc pas un film sur la banlieue, mais un film qui raconte l’histoire d’êtres humains qui évoluent en banlieue. »
Banlieusards 2 dépasse le cadre de la banlieue justement !
Merci, Kery James de clarifier ainsi les choses, surtout dans le climat actuel de notre société. Rappeler que nous sommes avant tout des humains, des familles, des individus avec leurs histoires et leurs vies…
Il ya quelques années, les politiques tentaient de dédouaner leurs propos racistes en les prétendant sortis de leur contexte… A notre tour de sortir du contexte ! Posons la question de qui serions nous sortis de nos contextes. Qui serions-nous sortis de nos banlieues, de nos campagnes ou de nos quartiers chics ? Sortis de nos BAC Pro, Sciences Po ou Sup de Co ? Qui serions-nous et que ferions-nous, sortis de nos abayas, nos robes d’avocats nos survêt’ ou nos costards 3 pièces ?
Banlieusards 2 toujours aussi bien écrit et filmé va toujours plus loin…
A l’origine le mot banlieue , banleuca, en latin, fait référence au ban féodal. Il désigne tout ce qui s’éloigne de plus d’une lieue du centre-ville. Il s’apparente donc à tout ce qui est banni, exclu. La banlieue, les banlieusards… Le film va plus loin. Il y est aussi question d’amour, d’amitié, de famille. Toujours sans spoiler Banlieusards 2 soulève tellement de questions de société : banlieue, violences policières, racisme, rédemption, vengeance… la vie, quoi !
Banlieusards : une histoire de famille
Et le sujet de la famille parle et rassemble à peu près tout le monde… Non ?
Dans la famille Banlieusards, je demande le grand frère
Demba (Kery James)
Loyal, fiable et charismatique, Demba, le frère aîné, était l’un des caïds du trafic de drogue de son quartier. Jusqu’à ce qu’il soit abattu froidement. Désormais à la tête d’une entreprise d’isolation, il découvre que la violence du monde des affaires est sans doute plus feutrée que celle des quartiers, mais tout aussi ravageuse. Profondément attaché aux valeurs familiales, il révèle également une facette plus romantique de sa personnalité…
Un mot sur le jeu de Kery James dans Banlieusards 2
Non seulement le gars écrit, rap, fait des films, joue dedans, fait les morceaux… Mais Il le fait tellement naturellement qu’on se pas compte de son talent. Normal !
Dans la fratrie Banlieusards , je demande le cadet
Soulaymann (Jammeh Diangana)
Cadet des frères Traoré, Soulaymaan a su s’affranchir de ses origines pour suivre de brillantes études de droit. Après avoir remporté un concours d’éloquence, il est devenu avocat au sein d’un gros cabinet parisien. Déterminé et fier de sa réussite, il est néanmoins rattrapé par sa volonté de venger Demba. Très à l’aise en public, il manie le verbe à merveille et parvient, sur un plateau de télévision, à damer le pion à un commissaire pendant un débat sur les violences policières.
Un mot sur le jeu de Jamneh Diangana dans Banlieusards 2
Autant Jamneh Diangana est fort dans le premier, autant il est humain dans le second. Son personnage met en lumière la complexité d’une génération brillante, diplômée, de trouver sa place et son identité dans la société française, mais aussi dans leur famille, leur milieu professionnel. C’est l’avenir du pays, de nos enfants, dont il est encore question. Quelle place leur donne la France, quel regard porte-elle sur ses enfants ?
Dans la famille fratrie Banlieusards , je demande le petit dernier
Noumouké (Bakary Diombera)
Véritable tête brûlée de la fratrie, Noumouké est un jeune homme fier et frondeur qui n’hésite pas à affronter le gang adverse du quartier, quitte à s’attirer des ennuis. Fasciné par le style de vie de son grand frère, il finit par être arrêté. En retournant au lycée, il prend goût à la littérature et se met à écrire des titres de rap. Sa découverte de l’Afrique sera un choc…
Un mot sur le jeu de Bakari Diombera dans Banlieusards 2
Un personnage plein de subtilité, beaucoup plus complexe et profond que ce qu’en dit le dossier de presse… Parce que c’est le plus petit. C’est lui qui interroge et remet en question tous les modèles de la société. Bravo à Bakary Diombera pour avoir fait grandir et donner tant d’ampleur au « petit » Noumouké. Ce n’est pas facile d’être le petit dernier, comme ce n’est pas facile d’être les plus jeunes en 2023 en France. Parce qu’on leur transmet quoi, on leur demande quoi et avec tout ça ils vont faire quoi ?
Dans la famille Banlieusards, je demande la maman
Khadijah (Kani Diarra)
Mère des trois frères Traoré, Khadijah les a élevés seule dans un quartier populaire de Champigny-sur-Marne. Attachée aux valeurs traditionnelles, elle n’en est pas moins lucide sur les activités de ses garçons. Elle n’aimerait rien tant que de les voir mariés et n’hésite pas à les taquiner sur le sujet.
Un mot sur le jeu de Kani Diarra Bakari dans Banlieusards 2
Elle pose question aussi cette maman… Comment bien élever ses enfants ? Les aimer, transmettre, être sévère, se rendre malade, adapter tout cela dans un environnement social, politique, géographique et historique complexe. Etre une femme, être une mère, quoi ! Kani Diarra elle est tellement vraie que je la soupçonne d’être Khadija dans la vie réelle !
Pourquoi tourner Banlieusards 2 au Sénégal ?
Non, on ne vous spoile pas… Parce qu’on ne dira pas où, quand, comment, qui , et pourquoi au Sénégal. Voilà !
Un tournage au Sénégal, comme une parenthèse enchantée pour Banlieusards 2
Pour Kery James et Leïla Sy, il était inenvisageable de ne pas tourner au Sénégal. « On avait le désir très fort de tourner sur place et même d’appartenir au pays », confie l’auteur-réalisateur. Enchantée par le tournage au Sénégal, Leïla Sy a été particulièrement frappée par la beauté de la lumière et l’énergie des équipes locales.Le passage d’un environnement très urbain comme celui du quartier du Bois-L’Abbé aux paysages lumineux de l’Afrique marque les esprits.
La production de Banlieusards engagée
Elle tenait à recruter la majeure partie de l’équipe et à louer le matériel de tournage sur place.
« C’est formidable pour la création d’emplois », remarque un producteur sénégalais. « Cela contribue à renforcer une industrie cinématographique, encore balbutiante, ici même. » Ousmane Fall, coproducteur pour la partie sénégalaise du film, se montre optimiste pour l’avenir cinématographique du pays : « Les équipes sont là, les compétences sont là, le Sénégal est en train de se repositionner dans cet écosystème et offre cette possibilité aux producteurs internationaux de venir développer des projets sans souci. »
Banlieusards renforce les liens culturels entre la France et le Sénégal.
Pour Kery James, puisqu’il est question de rénover une école dans le film, il était impensable de ne pas s’y investir réellement. L’équipe a donc laissé, en vrai, aux habitants un établissement scolaire digne de ce nom. « On leur a aussi rapporté des fournitures », signale encore Kery James. « On n’était pas dans une mentalité colonialiste. » Une expérience émotionnellement très forte que l’on ressent également en regardant le film.
Kerry James Banlieusards mais pas que…
Banlieusards sur les écrans
Cinq ans après À vif, pièce présentée au Théâtre du Rond-Point lors de sa saison 2017–2018, le rappeur, auteur, compositeur, scénariste, réalisateur et poète Kery James fait son retour sur les planches de théâtre avec un nouveau spectacle. Intitulé À huis clos, il est conçu comme une suite à sa première pièce, qui voyait s’affronter deux jeunes avocats issus de « deux France » différentes, au coeur d’un théâtre politique laissant place aux mots, autour d’un concours d’éloquence d’une heure où Soulaymaan (interprété par Kery James), jeune avocat issu d’une banlieue parisienne, affrontait Yann (interprété par Yannick Landrein), jeune avocat issu d’un milieu favorisé.
À huis Clos sur scène
Pour À huis clos, Kery James convoque à nouveau son personnage fétiche de Soulaymaan, qu’il continue lui-même de jouer, en le plaçant au cœur d’une France meurtrie par une justice défaillante. Soulaymaan va se retrouver dans un débat endiablé, au cœur d’un théâtre politique où ces deux visions du monde, ces « deux France » vont de nouveau s’affronter. Sous la plume toujours plus engagée de Kery James, À huis clos a donc pour ambition d’installer son action au cœur d’un décor entre théâtre et cinéma. La nouvelle pièce dure 70 minutes, avec toujours cette intention de faire réfléchir son public, d’en faire un juge.
L’avis et la conclusion Rebellissime sur Banlieusards 2
Bon, bah, perso, avec la fin du 2 que je ne vais surement pas spolier, j’attends le 3. Parce que le premier était comme une claque. Un tel film ? Traiter le sujet autrement, c’est possible. En plus il ya une intrigue solide, un excellent scénario, des dialogues qui sonnent vrai, des acteurs tellement bons que leurs personnages prennent vie. Bah du coup, en vrai j’attends le 3. Parce que dans le 2, j’ai eu peur de m’ennuyer, mais non ! Je craignais la redondance, non ! Je me suis dit qu’il ne pourrait pas éviter des clichés, mais non. Encore bien écrit, ancré dans la réalité, bien joué et toujours surprenant . Bah du coup, en vrai j’attends le 3. On est le 27 septembre, je suis prête !
Notre rencontre avec Kery James
C’était à l’occasion de la 129è dictée pour tous à Brétigny-sur-Orge.
Il y a bien des années, je reprenais le texte Banlieusards de Kery James pour un article sur les entrepreneurs. Aujourd’hui, Banlieusards est devenue une bien belle entreprise, un bel exemple de réussite à la Française.
A voir su scène, à lire..
Du 11 au 14 octobre à Chaillot – Théâtre National de la Danse
Du 15 novembre au 3 décembre au Théâtre du Rond-Point
Parution du texte le 18 octobre, aux éditions Actes-Sud