Les rebelles ne meurent jamais… Ils changent l’ordre des choses. S’inscrivent dans la mémoire et le coeur de chacun. Comme Jean-Paul Belmondo !  

Il a révolutionné le cinéma français en cassant les codes. A grands coups de talent, de charisme, d’humour et de cascades! Avec 87 films illustrant 60 ans de carrière, c’est l’acteur qui réconcilie tout le monde. Parce que tout le monde le kiffe et y va de son souvenir ou de sa réplique culte. Oui, Jean-Paul Belmondo fait partie de notre vie, de notre culture, de nos références. Il fait l’unanimité tous âges, cultures et sexes confondus. Avez-vous déjà entendu une mauvaise parole sur lui? Et de lui ? Non ! C’est unique. C’est Belmondo !  Pourtant, l’acteur le plus populaire de France, l‘incarnation de la supercoolerie (dixit Quentin Tarantino) est aussi un rebelle né. Il nous a quitté lundi 6 septembre, à 88 ans. Avec la classe de nous demander de ne pas être triste parce qu’il avait eu la vie d’un homme heureux ! 

Rebelle un jour...

Enfant, Jean-Paul Belmondo se fait virer de toutes les excellentes écoles où ses parents l’inscrivent. Son père, le sculpteur Paul Belmondo, sa mère, l’artiste peintre Madeleine Rainaud-Richard, se sont rencontrés à l’école des Beaux-Arts. Leur fils préfère le sport : cyclisme, foot, et bien sur le noble art : la boxe. Sportif donc, et artiste. Les chiens ne font pas des chats, comme disait ma grand-mère ! 

1er bras d'honneur

Pierre Dux, professeur au Conservatoire national d’art dramatique, dit de son élève « Avec la tête qu’il a, il ne pourrait jamais prendre une femme dans ses bras, car cela ne serait pas crédible ! ». MDR! L’erreur est humaine… et la réalité fut tout autre. En terme de rôles de séducteur, on n’a pas mieux ! 

Alors qu’il a une révélation théâtrale devant une pièce de Molière (Les Femmes savantes). Le Conservatoire le refoule et lui refuse l’entrée. Truc de dingue, puisque sa prestation aux concours d’entrée suscite des tonnerres d’applaudissement. Mais ça ne passe pas. Il suit les cours en auditeur libre. Du coup, impossible d’envisager d’entrer à la Comédie Française. Le sachant, le jeune Jean-Paul Belmondo salue ce jury. Les honorant d’un joli bras d’honneur ! Panache et courage, la classe ! 

Capture d'écran YouTube
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Nouvelle vague

La vielle école, le recale… Celle qu’on appelle La Nouvelle Vague, non ! Dans les années 50-60 Jean-Luc Godard, François Truffaut, Éric Rohmer, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Alain Resnais, Louis Malle, Agnès Varda, Jacques Demy… tournent leurs premiers long métrages. Avec Jean Seberg, Jean-Paul Belmondo crève l’écran dans le célèbre A bout de souffle de Godard. C’est le début d’une carrière entre films d’auteurs et personnages rebelles ou décalés : Pierrot le Fou, la Sirène du Mississipi. Et grosses productions grand public, carton de box office : Cartouche, Les Tribulations d’un Chinois en Chine, l‘Homme de Rio, un Singe en Hiver…. On est est en droit de penser que devant tant de talent et de travail, la reconnaissance du cinéma s’incline… Mais non, la critique est sévère. Reniant l’acteur et parlant d’un cascadeur comme si c’était dégradant. Et les honneurs ne pleuvent pas. Pas de prix, pas de statuette…

Rebelle toujours

Rebelle adoré

Jean-Paul Belmondo, c’est la gouaille, le charme, les pec’, les cascades, les répliques cultes… Quinze ans de tête d’affiche qui vont de Peur sur la ville, l’Incorrigible, l’Alpagueur, le Magnifique, L’animal, le Guignolo, Le Professionnel, L’as des as, Le Marginal, Les Morfalous, Le solitaire… A la télévision les rediffusions de ses succès le font entrer dans tous les foyers. Bébel devient notre ami, un membre de la famille ! Si vous le croisez, il signe les autographes avec un réel plaisir. Il aime son public. Le public l’adore et respecte cet acteur qui ne se fait doubler sur aucune cascade. 

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Des pairs ingrats

Avec un tel succès, un tel palmarès et autant de talents… On s’attend à voir la cheminée de Bébel débordante de prix, médailles et statuettes en tous genres. Nada ! Pas l’ombre d’un César ! Pas une parole gentille, une critique favorable ! Et en plus, ils ont choisi une sculpture de César plutôt que celle de Paul Belmondo. Du coup, l’acteur déclarait « je n’y mettrai pas les pieds, par fidélité à père qui n’aimait pas les sculptures de César, parce qu’il considérait que ce n’était pas un sculpteur académique« . 

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Flic ou voyou G. Lautner 1979 Capture d'écran YouTube
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Il a fallu attendre 1989, un Lelouch, Itinéraire d’un enfant gâté, pour que l’académie lui décerne le prix du meilleur acteur. Prix que Bébel refusera. En 1999, il confiait à ce sujet à Frédéric Lopez « Là, ça faisait je ne sais pas combien d’années qu’on ne me donnait rien donc je n’avais pas du tout [envie de le recevoir]. (…) Non pas par aigreur mais je pense que quand j’étais jeune au conservatoire j’aurais aimé recevoir un prix, je ne l’ai pas eu. Je pense qu’aujourd’hui on devrait récompenser les jeunes et pas les gens qui ont fait toute une carrière« . 

Itinéraire d’un enfant gâté. Claude Lelouch 198

Standing ovation aux César, en 2017

Il est pourtant venu, en 2017, salle Pleyel pour la 42è Cérémonie des César. L’académie rend hommage à sa carrière, et le public le consacre avec 4 minutes de standing ovation. Emu, affaiblit par l’âge et la maladie, il remercie sa mère. Se souvenant qu’après toutes les critiques sur le physique de son fils, elle lui conseillait d’avoir comme son père beaucoup de courage. « Et je n’ai jamais manqué de courage, ce qui fait que je suis là ! ». Il avait 84 ans.

Le Président Emmanuel Macron a décrété un hommage national le 9 septembre. Il aura lieu aux Invalides à 16h30. Il s’agit d’un hommage public pour que chacun puisse venir lui dire au revoir. Lui qui n’en voulait pas avait plaisanté sur le sujet après avoir vu les obsèques de Johnny Halliday. Il aurait dit à son ami et avocat  Michel Godest : « J’ai une idée: je serai emporté par un hélicoptère dans un cercueil, et il y aurait ma main qui dirait au revoir‘ ». Vendredi les obsèques auront lieu dans l’intimité. 

Tu nous manques déjà Bébel, Jean-Paul qui rend le monde plus beau !