Marseille / Palerme / Genève / Berlin
Jeudi 24 mai, un 6e bébé est né sur l’Aquarius : « Miracle » ! L’Aquarius c’est le navire de secours humanitaire affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF). Miracle, c’est le nom du bébé… Et leur histoire la voilà.
Alors que le groupe Monsieur Madame, nous raconte la belle histoire de Mercy, le bébé Nigérian né en mars 2017 sur l’Aquarius, nous apprenons cette nouvelle naissance. Heureux évènement évidemment ! Malgré les circonstances terribles et la détresse des personnes sauvées par le bateau de SOS MEDITERRANNEE, la vie et l’humanité reprennent le dessus. On ne peut que se réjouir de cette première naissance pour l’année 2018, évidemment. Mais évidemment, on aimerait aussi que les mamans puissent accoucher libres de toute pression, ailleurs qu’en fuite… Mais, oui, évidemment, je sais on ne vit pas chez les Bisounours !
Né un jeudi 24 mai 2018
Miracle est donc le 6è enfant à naître à bord de l’Aquarius, et le premier de cette année 2018. Dès que la nouvelle s’est
répandue parmi les rescapés, les femmes ont entonné un chant de joie, accompagnées au Djembé ! Le petit garçon de 2,8 kilos et sa maman vont bien.
Ce jeudi 24 mai, en fin d’après-midi, l’Aquarius achève le transfert de 69 personnes, 70 avec Miracle. Elles viennent d’un navire de la marine italienne. Il prend ensuite la route du port de Catane en Sicile, qui lui a été assigné pour débarquer les rescapés. Compte tenu des conditions météorologiques optimales, l’Aquarius poursuit sa patrouille dans la zone de sauvetage à l’ouest de Tripoli, avec à son bord 70 personnes de 6 pays d’Afrique de l’Ouest, dont une majorité de Nigérians. Parmi les survivants, on compte 18 femmes dont 4 sont enceintes et 4 mineurs non accompagnés. Aucun cas médical grave n’a été signalé.
Faut que ça change !
L’Aquarius a été sommé de quitter la zone de sauvetage alors que 1500 personnes s’entassent à bord d’autres navires. SOS MEDITERRANEE appelle les autorités européennes à reconnaître que chaque unité de secours disponible est nécessaire et doit être mobilisée : l’Aquarius a été contraint de quitter la zone de recherche et de sauvetage. Son départ contraint réduit l’effectif de recherche et de sauvetage en mer au moment même où chaque unité de secours disponible est absolument nécessaire. L’Aquarius a en effet la capacité d’accueillir plusieurs
centaines de personnes à bord de manière relativement confortable, mais pour l’heure seuls 69 rescapés s’y trouvaient. De plus, un navire des garde-côtes italiens de grande capacité était à proximité : l’Aquarius a donc suggéré au MRCC d’y transférer les 69 personnes pour lui
permettre de rester dans la zone de recherche et de sauvetage. Mais le MRCC, arguant qu’il y avait suffisamment d’unités de secours dans le secteur – bien que les autres navires humanitaires de sauvetage étaient débordés – lui a intimé l’ordre de quitter la zone sur le champ et de retourner en Sicile avec ses 69 rescapés. Selon Francis Vallat, président de SOS MEDITERRANEE France. « Tous les moyens de sauvetage sont nécessaires, chaque unité de secours retirée de la zone signifie que les vies de personnes déjà vulnérables sont mises en danger. Nous exhortons donc les autorités européennes à donner la priorité à la protection des vies humaines, en dehors de toute considération politique. »
Témoignage de migrant
Enfin en sécurité à bord de l’Aquarius, un homme de 28 ans, originaire du Ghana, a dépeint la détérioration des conditions de vie pour les migrants en Libye après le Printemps arabe: «J’ai quitté le Ghana il y a presque dix ans afin de m’établir en Libye. Je n’avais aucune
intention de venir en Europe, je n’y avais même jamais songé. Avant la révolution, j’ai vécu une vie normale, mais après, il y avait des fusils partout – même des enfants de 5 ans avaient des fusils. J’ai été arrêté et placé en captivité, et battu tant de fois… » Après avoir été kidnappé à plusieurs reprises, il a dû se résoudre à l’évidence : il n’était plus en sécurité en Libye. Il a donc tenté de fuir par la mer pour traverser en Europe mais il a été intercepté par les garde- côtes libyens puis renvoyé dans un centre de détention. »Finalement, j’ai réussi à rassembler une petite somme afin de sortir.” Sa deuxième tentative de traversée s’est soldée par le sauvetage. « Au cours des deux derniers jours, plus de 1500 personnes ont tenté une traversée dangereuse pour échapper aux violences et aux extorsions multiples qu’elles ont subies en Libye. Cela montre, une fois de plus, que la présence de navires de recherche et de sauvetage bien équipés est absolument nécessaire si nous voulons éviter davantage de morts en Méditerranée », a déclaré Francis Vallat, président de SOS MEDITERRANEE France. « Tous les moyens de sauvetage sont nécessaires, chaque unité de secours retirée de la zone signifie que les vies de personnes déjà vulnérables sont mises en danger. Nous exhortons donc les autorités européennes à donner la priorité à la protection des vies humaines, en dehors de toute considération politique. »
Ces quatre dernières années, au moins 15 000 personnes sont mortes en essayant de traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune. SOS MEDITERRANEE est une association de citoyens qui affrète un navire, l’Aquarius, pour porter secours à ceux qui fuient pour sauver leur vie. En deux ans, plus de 28 000 personnes ont été secourues dont 1/3 sont des mineurs. Nous ne pouvons que les soutenir et leur souhaiter un meilleur avenir. Un grand merci, plein de bravo, à toux ceux qui les aident. Chaque jour en mer coûte 11 000 euros : plus de 90% de leur budget provient de dons privés ! Faire un don nous redonne le pouvoir d’agir ensemble pour éviter le pire aux personnes qui fuient la guerre, la misère, la mort… Evitons que la mer Méditerranée ne soit un gigantesque cimetière !
#TogetherForRescue @SOSMedFrance www.sosmediterranee.fr
Pour faire un don
Virginie Legourd
PHOTOS : Guglielmo Mangiapane
le 29 mai 2018