Dur dur d’être maman

Si la législation protège les femmes enceintes, devenir mère est encore perçu comme incompatible avec un plan de carrière. On croit avoir le choix, mais on n’a que l’embarras ! 

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Oui, nous sommes bien en 2018… Et ces freins à la maternité ne sont pas, semble-t-il réservés à telle ou telle catégorie socio-professionnelle. A la rédaction, nous avons reçu une étude qui fait froid dans le dos. Alors oui, ce ne sont que des sondages et on peut leur faire dire ce que l’on veut. Mais ils sonnent tout de même le même son de cloche que la plupart des témoignages des copines, non ? Selon Cadreo (plateforme web dédiée au recrutement des cadres et dirigeants), une étude menée au mois de mars 2018 sur 814 cadres hommes et femmes en activité, révèle que deux femmes cadres sur trois se sentent pénalisées au travail? Et pourquoi ? Parce qu’elle sont des femmes et pire encore parce qu’elles veulent un enfant…

Des chiffres et des craintes 

 

Questionnés sur les salaires, la répartition des postes à responsabilités ou encore l’impact d’une maternité sur leur carrière, leurs réponses varient sensiblement. 49% des femmes cadres ont senti un changement de regard de la part des autres collaborateurs suite à leur congé maternité Parmi les femmes qui n’ont pas d’enfant, seules 19% déclarent ne pas appréhender le moment où elles seront enceintes. 54% appréhendent ce jour et 27% n’ont pas prévu d’être enceinte. Elles anticipent notamment des difficultés à allier vie privée et vie professionnelle (75%). Elles craignent également d’être freinées dans la poursuite de leur carrière (69%) et se méfient même de la réaction de leur supérieur et de la direction de leur entreprise (37%). A expérience et fonctions égales, 60% d’entre elles estiment également ne pas percevoir la même rémunération que leurs collègues masculins.  C’est malheureusement un fait puisque qu’en moyenne une femme gagne 20% de moins que son collègue pour les mêmes fonctions. En gros, on pourrait s’arrêter de travailler le 3 novembre, un peu avant midi. Congés payés jusqu’à la fin de l’année !

 

Des chiffres et des faits

Parmi les répondantes ayant déjà eu un ou des enfants, quasi la moitié (49%) a perçu un changement de regard de la part de leur entourage professionnel. Dans la très grande majorité des cas, il provient de leur direction ou de leurs responsables (89%). Pour 43% d’entre elles, les rapports avec la direction se sont même détériorés suite à l’annonce de leur grossesse.

Bref, plus de la moitié des femmes cadres (56%) estiment que le fait de devenir mère a été un frein dans leur carrière. Si 67 % d’entre elles ont retrouvé le même poste et 15% un poste sur un périmètre équivalent au retour du congé maternité, elles sont 18% à estimer avoir connu une détérioration de leur périmètre de poste.

68% des femmes cadres pensent que leur genre les a pénalisées professionnellement. Concrètement, cela concerne leur salaire (75%), le fait de se sentir « moins écoutée » (57%), d’obtenir « de plus rares promotions » (51%) ainsi qu’une moindre mobilité professionnelle (19%). En majorité, les femmes vont jusqu’au bout de leur congé maternité (81%) mais quand certaines l’écourtent (19 %), elles l’ont fait dans le but « d’assurer leur carrière » (67%). Assurer… Assurer au travail, assurer pour ses employeurs… la réciproque existe-t-elle?

 

Des chiffres et des hommes

Les cadres masculins ont dans leur grande majorité tendance à sous-estimer les différences qui peuvent exister selon les genres. Ils sont ainsi près de deux sur trois à penser que les salaires sont égaux entre hommes et femmes dans leur entreprise, contre seulement 20% des femmes. De même, 59% des hommes imaginent que les postes à responsabilité sont paritairement distribués. Les femmes répondent l’inverse, à 67 %. On se demande qui vit vraiment au royaume des Bisounours ?

Alors que les hommes peuvent bénéficier, sans contrainte, d’un congé paternité « optionnel » de 11 jours, les femmes sont massivement favorables (73%) à ce qu’il devienne obligatoire. Un vœu partagé par les hommes : plus de 71% d’entre eux souhaiteraient être obligés de le prendre. Allez, viendez les papas, en congé pour profiter de bébé !

 

Virginie Legourd

le 25  mai 2018

 

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