Arnaque : des aliments « made in France » venus d’ailleurs !

Trop d’aliments « made in France » arnaquent sur leur véritable origine. Foodwatch dénonce et réclame le retrait de ces étiquettes frauduleuses.
Trois personnes sur quatre sont prêtes à payer plus cher un produit « made in France »(Ifop*). Et le gouvernement incite fortement à consommer français. Cet élan de patriotisme économique n’a pas échappé aux industriels de l’agroalimentaire. Flairant la bonne affaire, ils n’hésitent pas à survendre l’origine de leurs produits. A coup de drapeau bleu-blanc-rouge ou de carte de France, sur leurs étiquettes. Et ce, y compris quand aucun des ingrédients n’est français. L’organisation Foodwatch lançait l’alerte à l’occasion de la fête nationale… Qu’en est-il ?
Régulièrement, l’organisation de défense des consommateurs épingle des produits. Ils abusent sur l’étiquette en faisant croire qu’ils sont français. Foodwatch croule sous les exemples malhonnêtes. Les services consommateurs refusent trop souvent de donner l’information sur la véritable origine. D’autant que rien ne les y oblige ! Foodwatch réclame donc une réponse politique. Leur pétition adressée aux ministres Bruno Le Maire et Julien Denormandie réclame de mettre le holà à cette jungle tricolore dans les rayons des supermarchés.
Les étiquettes affichant le drapeau tricolore, la carte de l’hexagone… Les produits dont le nom fleure bon le terroir mais n’ont rien de français… Ceux qui renferment un seul ingrédient français en toute petite quantité… Les rayons fruits et légumes qui brouillent notre vigilance en faisant passer pour français des aliments provenant d’autres continents. « Les étiquettes des aliments regorgent d’inventivité pour leurrer les consommateurs qui croient, à tort, soutenir les filières françaises. Mais souvent, les aliments sont uniquement cuisinés ou mis en pot en France mais avec des ingrédients qui viennent parfois de très loin. Nous avons un nombre infini d’exemples d’arnaques que nous épinglons régulièrement. Mais les pointer du doigt ne suffit plus. Ce n’est pas à nous de faire les gendarmes. Il faut maintenant une action politique forte pour empêcher ces abus », explique Camille Dorioz, responsable de campagnes chez foodwatch.
« Derrière cette abondance de bleu-blanc-rouge se cachent en réalité de véritables arnaques. Grandes marques, marques de distributeurs mais aussi bio mettent en avant le « made in France » pour des aliments qui ne contiennent parfois pas le moindre ingrédient français.
L’ambiguïté profite clairement aux industriels qui désinforment les consommateurs en toute impunité. Et lorsque nous contactons les services consommateurs, beaucoup ne sont pas à même de nous donner l’information sur l’origine des ingrédients ou refusent de nous la communiquer. Il est temps qu’une réglementation forte vienne mettre de l’ordre dans cette jungle tricolore. Les consommateurs en ont assez de se faire avoir ».
Aujourd’hui la réglementation sur l’utilisation de symboles et mentions « made in France » laisse des marges de manœuvre trop grandes aux fabricants et distributeurs. Ces derniers en abusent allègrement. Foodwatch exige avec sa pétition d’encadrer plus strictement le marketing du « made in France ». Si les ingrédients principaux ne sont pas français, les symboles « made in France » doivent être exclus. Ils devraient présenter sur leur face des informations claires sur les ingrédients hors France et leur origine. Des mentions en taille identique et à proximité du dit symbole.
La première réaction est venue d’Intermarché… pour un simple aveu. Du bout des lèvres, leur responsable marketing a admis dans le JT de TF1 « je suis d’accord, il peut y avoir une amélioration » avant de promouvoir une application maison. Avouer, c’est bien, changer les pratiques, ce serait bien mieux, non ?
Bjorg promet pour sa part un changement de packaging par tweet tweet :
Croustipate annonce des changements d’ingrédients. Pour la pâte à pizza Croustipate, la marque annonce des changements dès octobre avec une « origine France garantie » de leur blé. Un changement positif avec une date fixée, cela sent la vraie bonne nouvelle.
Panzani et Carrefour n’ont pas donné signe de vie. Le miel Besacier, lui, a sorti les trompettes. Dégainant sa gamme locale sur Instagram pour claironner « Ensemble, préservons le savoir-faire local en soutenant nos apiculteurs français ». Il fallait oser…
1. Au commencement des arnaques au #MadeInFrance, il y a celle du joli drapeau 🇫🇷 bien visible sur la face avant du produit comme ici sur des flocons d'avoine @BjorgOfficiel.
— foodwatch France (@foodwatch_fr) July 16, 2021
Or, ces flocons cultivés en Europe de l'Est 🌍sont emballés... en Allemagne🇩🇪.
🤔Cocoricouac ? pic.twitter.com/Y8kTNyMZZ8
Le silence le plus inquiétant reste tout de même celui de Bruno Le Maire et de Julien de Normandie respectivement ministres de l’Économie et de l’Agriculture. Alors que le marketing made in France fait vendre, les arnaques sur l’étiquette pullulent dans les rayons. Certes, il semble indispensable de rappeler les marques à leur responsabilité. Il apparaît encore plus urgent de mettre fin à ces innombrables arnaques au made in France par une action politique forte.
NDLR : D’autant que tout ce cocorico autour de produits peut avoir un relan de vieux patriotisme. Qui dit que les produits français sont meilleurs que les autres ? Mais c’est un autre sujet ! On est juste légitime de savoir d’où vient ce que l’on consomme. Et d’attendre que ceux qui le produisent fassent bien leur taf. Et soient payés en conséquence pour… Mais c’est aussi un autre sujet !
Sources :