Les ONG BLOOM et foodwatch lancent  l’alerte sur les dangers pour la santé de la contamination généralisée au mercure relevée dans les boîtes de thon au niveau européen.

Le mercure est l’une des dix substances les plus préoccupantes au monde, comme l’amiante ou l’arsenic. C’est en effet ce que déplore l’Organisation mondiale de la santé. Son dérivé présent dans l’alimentation, le méthylmercure, est classé comme cancérogène possible par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC). Or les tests réalisés en laboratoire par BLOOM révèlent que sur 148 boîtes de thon achetées en France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie, 100% des produits sont contaminés par du mercure. 57% dépassent la teneur de 0,3 mg / kilo de produit appliquée aux autres poissons.

Le thon contaminé au mercure est-il dangereux pour la santé ?

Les teneurs maximales en mercure du thon aujourd’hui en vigueur en Europe ont été établies en fonction du taux de contamination des thons constaté. Et  non en fonction du danger que représente le mercure pour la santé humaine. Pourquoi ? Afin d’assurer la vente de 95% des thons, bien sûr ! Ce métal est pourtant un puissant neurotoxique. De faibles doses consommées régulièrement suffisent pour entraîner de graves troubles du développement neuronal chez les enfants et attaquer le fonctionnement cérébral des adultes.

Ce scandale expose massivement des centaines de millions de consommateurs et consommatrices de thon.

On ne devrait pas parler de “seuils sanitaires” pour le mercure dans les produits de la mer, mais de « seuils de contamination ». Cela fait plus de trente ans que la grande distribution profite largement de ces normes faussées pour vendre des quantités astronomiques de thon contaminé au mercure. Suite à nos révélations, les supermarchés ne peuvent plus s’abriter derrière une loi inique. En tant que maillon final de la chaîne de commercialisation des thons, les enseignes de supermarchés ont le devoir moral et éthique de s’assurer que les produits qu’elles commercialisent sont sains et sûrs pour la santé humaine.”

Julie Guterman, chercheuse et autrice principale de l’étude de BLOOM

L’enquête de BLOOM « Du poison dans le poisson. Chronique d’un scandale de santé publique ».Face à la gravité de la situation, les deux organisations BLOOM et foodwatch demandent à la grande distribution, dans une pétition commune, ainsi qu’aux pouvoirs publics de prendre des mesures d’urgence.

Parmi les produits les plus critiques (tous les résultats ici) : 

  • Petit Navire (France) : 3,9 mg/kg de thon
  • Carrefour (Espagne) : 2,5 mg/kg
  • As do mar (Italie) : 1,5 mg/kg
  • Rio Mare (Allemagne) : 1,2 mg/kg
  • Sainsbury’s (Angleterre) : 1,0 mg/kg

BLOOM et foodwatch lancent une mobilisation citoyenne à la fois des pouvoirs publics et des enseignes de la grande distribution.

Les deux associations demandent aux pouvoirs publics la mise en œuvre des mesures d’urgence suivantes :

  • La Commission européenne doit prendre une mesure conservatrice pour le thon (frais et en conserve). Elle doit s’aligner sur la teneur maximale la plus stricte qu’elle a fixée pour d’autres espèces : 0,3 mg/kg. Le thon est le poisson le plus consommé d’Europe. Il devrait être d’autant plus strictement régulé ;
  • Les États membres peuvent et doivent activer immédiatement une clause de sauvegarde. Elle interdira la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3 mg/kg de mercure sur leur territoire ;
  • Afin de préserver la santé des publics les plus sensibles, les gouvernements et les collectivités doivent bannir des cantines scolaires, des crèches, des maisons de retraite, des maternités et des hôpitaux tous les produits contenant du thon.

BLOOM et foodwatch: pétition internationale pour dix des plus importants distributeurs du marché européen

Carrefour, Intermarché et Leclerc en France, Carrefour, Mercadona et Lidl en Espagne, Conad, Coop et Esselunga en Italie, Edeka, Rewe et Aldi en Allemagne… Les enseignes de supermarché doivent prendre leurs responsabilités et protéger immédiatement la santé des consommateur·ices.

Cela exige de :

  • Mettre en oeuvre des contrôles stricts. Et donc interdire à la vente le thon contaminé au-delà de 0,3 mg/kg des rayons (au lieu de la norme de 1 mg/kg actuellement en vigueur);
  • Cesser toute publicité et promotion pour le thon;
  • Informer les consommateurs des risques sanitaires liés à la contamination des poissons au mercure. Un étiquetage visible doit s’appliquer sur les produits à base de thon vendus dans leurs supermarchés et sur les sites de vente en ligne.

 “Avec une tolérance beaucoup trop laxiste des teneurs en mercure dans le thon, très consommé en France et l’absence d’une communication claire et efficace sur les dangers de cette substance surtout pour les enfants et les femmes enceintes, les consommateurs peuvent être exposés à un risque important pour leur santé. Nous exigeons que les pouvoirs publics renforcent la réglementation et, sans attendre, que les distributeurs ne commercialisent que des produits en dessous du seuil le plus protecteur. En tant que dernier maillon de la chaîne, ils ont la responsabilité des produits qu’ils mettent dans leurs rayons ”.

Camille Dorioz, directeur des campagnes chez foodwatch