Selon l’UNESCO, 251 millions d’enfants et de jeunes sont non scolarisés à travers le monde. Malgré des décennies de progrès, l’éducation n’est toujours pas une priorité. Il faut que ça change !
Alors que les plus jeunes reprennent le chemin de l’école, du collège, du lycée, ou de la fac… La population mondiale non scolarisée n’a diminué que de 1 % en près de 10 ans. Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2024 de l’UNESCO dévoile ce chiffre qui peut sembler dérisoire. Le sous-investissement chronique dans l’éducation en est l’une des principales causes. C’est particulièrement vrai dans les pays à revenus faible et intermédiaire de la tranche inférieure. En synergie avec le G20, présidé cette année par le Brésil, l’UNESCO appelle ses États membres à développer les mécanismes de financement innovants tels que les échanges dette-éducation.
« L’éducation est le fondement de sociétés prospères, inclusives et pacifiques. Pourtant, l’ éducation de qualité risque d’être le privilège de quelques-uns si nous ne prenons pas des mesures significatives pour donner à tous les enfants du monde la même chance d’apprendre et de s’épanouir. A l’occasion de la Réunion mondiale de l’UNESCO sur l’éducation, nous appelons à un leadership audacieux pour renforcer les investissements dans l’éducation, notamment grâce à de nouveaux mécanismes de solidarité entre les pays à revenu élevé et ceux à faible revenu »,
Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
Education: enfant non scolarisés à travers le monde. Peut mieux faire !
Beaucoup mieux, même ! D’après le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2024 de l’UNESCO, 110 millions d’enfants et de jeunes supplémentaires sont scolarisés depuis l’adoption en 2015 de l’Objectif de développement durable en matière d’éducation de l’ONU. Un nombre qui n’a jamais été aussi élevé. Les taux d’achèvement sont également en hausse. Actuellement, 40 millions de jeunes de plus qu’en 2015 terminent leurs études secondaires.
C’est mieux mais pas assez ! Trop d’enfants restent non scolarisés
Néanmoins, au cours de la même période, la population non scolarisée n’a diminué que de 1 %. En raison de cette stagnation mondiale, 251 millions d’enfants et de jeunes ne sont toujours pas scolarisés dans le monde. Les disparités régionales restent criantes. 33 % des enfants et des jeunes en âge d’aller à l’école dans les pays à faible revenu ne sont pas scolarisés. Contre seulement 3 % dans les pays à revenu élevé. Plus de la moitié des enfants et des jeunes non scolarisés dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne.
Le financement de l’éducation : une difficulté majeure
Le Suivi du financement de l’éducation 2024 (UNESCO-Banque mondiale), a été également publié jeudi 31 octobre 2024. Il confirme que le principal obstacle à l’accès à une éducation de qualité à l’échelle mondiale est le manque de financement. Dans 4 pays sur 10, les dépenses liées à l’éducation représentent moins de 15 % des dépenses publiques totales et moins de 4 % du PIB. Ce sont les deux seuils de référence.
Ecart d’investissement dans l’éducation entre les pays
Il est également considérable. Les pays à revenus faible et intermédiaire n’ont dépensé que 55 dollars par apprenant en 2022. Contre 8 543 dollars pour les pays à revenu élevé. Le rapport alerte également sur le poids croissant du remboursement de la dette. En 2022, les pays africains ont dépensé presque autant d’argent dans le remboursement de leur dette que dans l’éducation. L’aide publique au développement consacrée à l’éducation a quant à elle chuté de 9,3 % en 2019 à 7,6 % en 2022.
Enfants non scolarisés : le monde entier doit se mobiliser
Le nombre élevé d’exclus des systèmes éducatifs dans le monde appelle à renforcer la solidarité internationale. Le recours à des mécanismes de financement innovants, tels que les échanges dette-éducation peut-être envisagé. Plusieurs initiatives bilatérales ont ouvert la voie ces dernières années. Il est désormais possible d’agir à plus grande échelle. Dans la lignée des travaux menés par le G20, qui ont abouti au premier cadre commun de restructuration de la dette en 2020, l’UNESCO appelle les États à concevoir une plateforme multilatérale. Elle serait dédiée à la conversion de la dette en financement durable pour l’éducation.
Convertir la dette en financement pour l’éducation.
Grâce à cette plateforme, les pays les plus menacés par le surendettement pourraient demander à convertir une partie de cette dette en investissements pour l’éducation. Cette plateforme pourrait s’appuyer sur l’expertise des principales parties prenantes dans ce domaine. L’UNESCO, le G20 et les fonds multilatéraux tels que le Partenariat mondial pour l’éducation en font partie.
L’Observatoire du financement de l’éducation
Il est le fruit d’une collaboration entre la Banque mondiale, le Rapport mondial de suivi sur l’éducation et l’Institut de statistique de l’UNESCO. L’objectif de l’Observatoire est de fournir une analyse des tendances, des modèles et des problèmes liés au financement de l’éducation dans le monde. Il s’appuie sur des données éducatives, économiques et financières issues de la Banque mondiale, de l’Institut de statistique de l’UNESCO, du Fonds monétaire international et de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Synergies entre l’UNESCO et le G20
Ces rapports ont tous deux étés publiés à l’occasion de la Réunion mondiale sur l’éducation. Cette dernière était organisée par l’UNESCO et accueillie par le gouvernement du Brésil à Fortaleza (31 octobre-1er novembre). Il s’agit de l’une des plus grandes conférences internationales sur l’éducation. C’est aussi la quatrième édition d’une série de réunions organisées par l’UNESCO depuis 2018. Elles évaluent à l’échelle mondiale les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs en matière d’éducation.
Sous le thème de l’équité et de l’inclusion
Pour la première fois, cet événement s’est tenu immédiatement après la réunion des ministres de l’Éducation du G20. Il est placé en synergie avec les priorités de la présidence brésilienne du G20, dont l’UNESCO est un partenaire privilégié.
« L’équité et l’inclusion dans et par l’éducation sont des éléments essentiels du développement social tel que le Brésil le conçoit. Nous sommes fiers d’accueillir la Réunion mondiale sur l’éducation de l’UNESCO dans la continuité de la réunion des ministres de l’Éducation du G20, alors même que nous plaidons pour un dialogue international sur la lutte contre les inégalités dans l’éducation. Le Brésil entend ouvrir la voie vers une approche plus inclusive de l’éducation, qui pourrait nous aider à surmonter les disparités socioéconomiques et qui valoriserait la diversité culturelle. Notre objectif est de faire en sorte que ces discussions donnent lieu à des actions concrètes dans les stratégies des pays et des institutions du monde entier ».
Camilo Santana, ministre de l’Éducation du Brésil.
La réunion mondiale sur l’éducation de 2024
Le Cadre d’action Éducation 2030 stipule que l’UNESCO, en consultation avec le Comité directeur de haut niveau de l’ODD 4, organise à échéance régulière des Réunions mondiales sur l’éducation. Elles examinent les progrès accomplis dans la réalisation de l’Objectif de développement durable 4 des Nations Unies.
- Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité;
- Promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
Alors qu’il ne reste que six ans pour réaliser l’Agenda 2030, il est urgent de changer de cap. Il faut ainsi faire en sorte que l’éducation de qualité soit une réalité pour tous. La Réunion mondiale sur l’éducation appelle donc les dirigeants du monde entier à faire progresser l’éducation pour un avenir plus juste et plus durable.
Le rapport mondial de suivi sur l’éducation
Créé en 2002, le Rapport mondial de suivi sur l’éducation ce rapport indépendant sur le plan éditorial, est hébergé et publié par l’UNESCO. Lors du Forum mondial sur l’éducation de 2015, 160 gouvernements lui ont confié la mission de suivre et de rendre compte des progrès de l’éducation. Cela s’opère dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Une attention particulière est apportée au cadre de suivi de l’ODD 4, et à la mise en œuvre de stratégies nationales et internationales permettant à tous les partenaires concernés de remplir leurs engagements.
La Déclaration de Fortaleza, qui doit être approuvée par plus de 40 ministres de l’Éducation à l’issue de la Réunion mondiale sur l’éducation, incite à faire de l’éducation un levier clé pour un avenir plus juste et plus durable. Elle appelle également à renouveler les méthodes pédagogiques pour mieux relever les défis de notre époque en introduisant de nouvelles matières dans les programmes scolaires telles que l’éducation au climat, l’éducation à la paix, contre la montée des discours de haine et de la discrimination, ainsi que l’approfondissement de l’égalité des genres dans et par l’éducation.
« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » – Acte constitutif de l’UNESCO, 1945.
Plus d’information : www.unesco.org