Un couple amoureux avec ou sans enfant ?

Passé la trentaine, il semble impensable pour l’opinion générale qu’il existe encore des couples qui fassent volontairement l’impasse sur la parentalité.

Bien que les mœurs aient évolué et qu’il paraît aujourd’hui légitime d’agir selon son libre arbitre… Les séquelles d’une politique nataliste et d’une population hautement attachée à des valeurs conservatrices s’opposent à ceux qui se font l’avocat  du triptyque mariage-maison-enfant. Pourtant, d’année en année, les couples qui ne veulent pas d’enfants sont de plus en plus nombreux. Rebellissime s’interroge sur les motivations mais aussi le poids de ce choix de ne pas avoir d’enfant. 

Ne pas faire d'enfant : Un choix mal compris par l'entourage

En matière de parentalité, la pression sociale reste encore très forte et il faut rentrer dans les clous sous peine d’essuyer un éventail de remarques, parfois empreintes de clichés, parfois tout simplement blessantes. Si les familles nombreuses sont stigmatisées, les couples avec un seul enfant le sont aussi, quant à ceux qui n’en ont pas, la première des questions qui vient à l’esprit est : « C’est pour bientôt ? » Et si par malheur la réponse est « jamais », il faut s’attendre à devoir justifier le « Pourquoi ? » Une infertilité, des problèmes de santé, une génétique défaillante, un couple qui bat de l’aile, l’absence de ressources financières suffisantes…

Si le non-désir n’est pas motivé par l’une de ces raisons, il peut être jugé pathologique.  Ce pour quoi l’entourage bienveillant peut conseiller une thérapie. Et si l’envie vous prend de vous confier et clamer haut et fort que c’est une décision réfléchie et mûrie en concertation avec le partenaire… Il y a de grandes chances que vos oreilles entendent ce type d’arguments.  « Si vos parents avaient fait comme vous, vous n’auriez même pas existé… », « Vous allez changer d’avis, tout le monde veut des enfants ! », « Il faut perpétuer l’espèce humaine », « Qui va s’occuper de vous quand vous serez plus vieux ? », « Vous n’aimez peut-être pas les enfants, mais le vôtre, ça ne sera pas pareil », etc. 

Femme stigmatisée

A chaque sexe son cliché

Bien évidemment, la pression sociale est encore plus forte pour les femmes. Selon l’opinion publique « elles possèdent un instinct maternel et un désir de maternité ». Sans enfant, impossible d’atteindre un épanouissement personnel. En effet, pour certains, une femme qui n’enfante pas n’est pas vraiment une femme. Puisque la nature lui a donné le fabuleux don de créer la vie et qu’il serait préjudiciable de s’en priver. Refuser de suivre sa destinée biologique est impensable et surtout la preuve d’un grand égoïsme. À quoi bon s’enliser dans une carrière, si c’est pour négliger le plus important : laisser une trace sur terre ?

Quant aux hommes, ils n’échappent pas non plus aux préjugés. Soit, ils sont vus comme d’éternels célibataires qui veulent flamber la vie des deux côtés sans assumer un rôle de chef de famille Soit ils sont considérés comme des adolescents immatures refusant de perpétuer leur lignée. Soit encore comme des individus qui ont mal choisi leur partenaire de vie.

Au questionnement : Et si on n faisait pas d’enfant ? Chacun devrait être libre de son choix. Si chaque sexe a droit à son propre jugement, il est bien plus courant pour les couples avec une situation financière et professionnelle stable. Il serait résolument égoïste de ne pas vouloir construire de « famille » alors que les conditions s’y prêtent. Serait-ce de la pure envie ?

Ne pas faire d'enfant : à chacun ses raisons

S’il existe mille et une raisons pour avoir un enfant, il en existe aussi mille et une de ne pas en faire. Et bien qu’il soit inconcevable pour la plupart des gens de renoncer à faire une descendance et de perpétuer sa lignée, il faut comprendre que chaque être est libre de trouver un sens à sa vie comme il l’entend. Certains préfèrent dévouer cœur et âme à leur vie de famille, d’autres à leur carrière… Il y a aussi ceux qui sont très heureux de concilier les deux ou ceux qui, au contraire, préfèrent s’abstenir de procréer parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas efficaces sur les deux plans.

Non désir passager ou durable ?

Mais la volonté de s’investir davantage dans sa vie professionnelle que dans la vie de famille n’est pas la seule motivation de ce non-désir. Ne pas faire d’enfant. Pour certains, il peut s’agir d’une certaine conscience écologique c’est-à-dire du souhait de ne pas alourdir son empreinte carbone et ne pas participer à « nourrir la surpopulation ». Pour d’autres, la motivation est plutôt due à la situation générale jugée trop incertaine et du monde largement imparfait dans lequel nous vivons et évoluons. D’ailleurs, la crise sanitaire du coronavirus et les confinements n’ont pas encouragé la natalité, au contraire. Selon les statistiques, le nombre de naissances a chuté de 7 % en décembre 2020 par rapport à décembre 2019. 

Il y a aussi tous ceux qui souhaitent le plus longtemps possible conserver leur indépendance aussi bien en matière de finance que de temps libre. Élever un enfant nécessite un certain budget et aussi de parfois savoir rogner sur son temps personnel. Un sacrifice jugé dispensable pour près de 5 % de la population qui motive leur choix à travers cet argument. Sans oublier tous ces couples qui tout simplement ne ressentent pas le besoin de faire un enfant pour être pleinement épanoui. Tous les individus n’ont pas en eux le désir de parentalité et s’en portent très bien. 

Et si on ne faisait pas d'enfant...

La question reste posée. Ancrée dans l’actualité de nos société en mutation. Aujourd’hui, les couples sans enfant sont encore victimes de condescendance. L’opinion générale peine à comprendre que cette décision peut émaner d’un non-désir et non forcément être subie et que surtout, en faisant ce choix, ils ne cherchent à influencer personne contrairement à certains adeptes des mouvements antinatalistes ou dénatalistes.