Le nombre de jumeaux, de triplés explose, partout dans le monde, près d’un bébé sur 40 est un jumeau. En 2019, en France, sur 1000 accouchements, 16 étaient gémellaires. Au total 11628 étaient doubles, triples ou plus. Vous avez donc, à peu près, 2 chances sur 10 d’avoir une grossesse multiple. Pas de panique, tout se gère !
Chaque année en France et dans le monde, des futurs parents découvrent que l’heureux événement attendu ne sera finalement pas tout à fait de la même teneur que pour la plupart des autres. Chaque année, des fratries de jumeaux ou de triplés débarquent dans la vie de leurs parents comme un ouragan d’amour. Ce qui s’accompagne d’inévitables turbulences en lien direct avec la charge de travail supplémentaire. Alors, dans les grandes lignes, à quoi s’attendre quand la cigogne vous rapporte dans son joli petit couffin, deux, voire de trois bébés ? Et comment gérer cette grosses un peu particulière ?
Parlons chiffres !
En France, il faut savoir qu’environ 1,6 % des naissances concernent des jumeaux, et de l’ordre de 0,026 % des triplés… Un peu comme l’on aborde les grands gagnants du loto (cette fois-ci de la vie…), on a toujours tendance à penser que cela ne concerne que les autres, jusqu’au jour merveilleux où… Les grossesses qui concernent 2 (ou 3, bien que ce soit exceptionnel) bébés dans un seul et même placenta par contre (et donc monochoriale), peuvent entraîner un écart de développement entre eux. C’est la raison pour laquelle d’une manière générale, ce sont des grossesses qui sont davantage surveillées et qui nécessitent donc une échographie toutes les 2 semaines environ, ainsi qu’une médicalisation sensiblement plus importante.
Grossesse multiple, grossesse à risque ?
S’agissant de la maman, il faut savoir qu’une grossesse multiple a tendance à engendrer plus de complications. On parle là de l’hypertension artérielle gravidique. Ou encore de pré-éclampsie, qui apparaît au cours de la deuxième moitié de la grossesse. Il s’agit du fameux du diabète de grossesse. Les études montrent que les risques sont peu ou prou multiplié par 2 dans ce cas de figure.
Par ailleurs, la grossesse multiple peut conduire à un accouchement prématuré. Cela implique une prise en charge particulière. Pour la maman, ces grossesses sont souvent source d’angoisse. Elles laissent toujours planer quelques préoccupations dans l’esprit des parents.
Grossesses uniques
Ne vous y trompez pas, chaque grossesse multiple a ses particularités. Leur encadrement s’adapte de manière appropriée en fonction par exemple, de ce que l’on appelle la chorionicité. Elle correspond au nombre de placenta(s), ou encore de la zygocité, qui désigne le fait que l’on parle de faux ou de vrais jumeaux, etc. On a coutume de dire que les grossesses les plus « simples » à suivre sont les grossesses bichoriales et biamniotiques. Chaque fœtus possèdant son propre placenta et se développe donc de son côté (sans « compétition »). Généralement ce type de grossesse n’engendre aucune (ou très peu) complication et ne nécessite pas un suivi trop lourd. Tout juste une échographie mensuelle afin de bien vérifier la croissance et le développement de chaque bébé.
Partager le ventre de maman
Les futurs nouveaux nés, vont devoir partager l’utérus de la maman au cours de leur développement fœtal. Sans parler de retard de croissance, on se rend bien compte qu’étant plusieurs dans le même espace, on se fait parfois plus petit et on arrive avant terme ! Le développement intra-utérin s’adapte lui aussi à la situation.
Il peut apparaître le fameux syndrome du « transfuseur-transfusé » (aussi appelé syndrome de transfusion foeto-foetale). Il se manifeste par une mauvaise répartition du sang entre les 2 fœtus. Il concerne entre 10 % et 15 % des grossesses gémellaires.
Jour J, très entourée
L’accouchement est tout proche lorsque les contractions commencent à se faire pressantes, répétées et régulières… Jusqu’ici, rien de neuf ! Mais il est vrai que les accouchements de jumeaux, triplés et plus arrivent en moyenne plus tôt que prévu. Le nombre de césarienne est aussi plus important pour les grossesses multiples que pour les grossesses monofoetales*. Concrètement, les sages femmes vont commencer par vérifier que tout se passe pour le mieux pour les bébés. C’est le Monitoring. La captation des données doit se faire de manière différenciée pour chaque bébé. Ceci n’est pas toujours chose aisée, puisque les bébés n’ont en général aucune intention d’observer un moment de calme spécifique au cours de l’opération. Ils continuent, tant qu’ils le peuvent à « faire leur vie » (donc à bouger allègrement…) dans le ventre de maman…
Les sages femmes, le gynécologue, l’anesthésiste (qui s’occupe de poser la péridurale), l’auxiliaire de puériculture et le pédiatre sont tous à pied d’oeuvre ! Toute cette équipe parfaitement huilée (souvent doublée en cas de naissance gémellaire) va prendre en charge la maman dans la salle de naissance. Elle l’encadre dans son effort pour la soutenir et lui prodiguer aide et conseils.
En 2020, des sextuplés sont nés à Strasbourg…. Si les grossesses multiples sont de plus en plus nombreuses, elles font aussi de moins en moins peur. Heureusement ! Ces hypothétiques (ou probables) complications, ne sont pas une fatalité. Les équipes de professionnels de santé dédiées à l’encadrement des grossesses multiples, sont absolument qualifiées. Ils ne laissent rien au hasard. Les futures mamans et futurs parents ne sont plus livrés à eux-mêmes. Tout estime en oeuvre pour vous écouter, vous soutenir et vous conseiller. Chaque grossesse, multiple non, engendre du stress. Mais on essaie de se détendre et on chasse de notre entourage tout facteur de stress. Trouver la bonne équipe médicale, surtout pas anxiogène, c’est déjà faire la moitié du chemin sur l’autoroute du bonheur !
*Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (aphp), avril 2019
Par Romain Pillard et Virginie Legourd